Titanic (1997) de James Cameron - Blu-ray 4K Ultra HD

Titanic vole (presque) en 4K

C’est sans aucun doute l’un des films les plus attendus sur chaque nouveau support home-cinéma depuis 25 ans. Après le LaserDisc, le DVD et le Blu-ray, le célèbre Titanic de James Cameron débarque (enfin) en Blu-ray 4K Ultra HD dans une édition qui, à tort ou à raison, aura déjà fait couler beaucoup d’encre. À croire que les mêmes charognards qui annonçaient sa perte lors de sa sortie au cinéma il y a plus d’un quart de siècle sont revenus roder afin de se repaitre sur les lieux du naufrage.

DigitalCiné peut percevoir un modeste pécule sur les achats effectués via les liens d'affiliation.

Titanic - Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray + Blu-ray bonus

Éditeur :20th Century Studios
Sortie le :24 janvier 2024  

Test Blu-ray 4K Ultra Haute Définition
Image (4K) :
Image (2K) :
Son :
Bonus :

Titanic en Blu-ray 4K Ultra HD

Retrouvez les informations concernant nos captures et notre matériel de test sur cette page.

Testé à partir d’une édition définitive fournie par l’éditeur.

Retrouvez nos captures 4K UltraHD en résolution native 3840 x 2160 pixels au format PNG non compressé sur notre Patreon

Titanic (1997) de James Cameron - Capture Blu-ray 4K Ultra HD

Titanic – Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray + Blu-ray Bonus

Synopsis : Southampton, 10 avril 1912. Le paquebot le plus grand et le plus moderne du monde, réputé pour son insubmersibilité, le « Titanic », appareille pour son premier voyage. Quatre jours plus tard, il heurte un iceberg. À son bord, un artiste pauvre et une grande bourgeoise tombent amoureux.

Disque 1 : Titanic en Blu-ray 4K Ultra HD

Spécifications techniques :

  • Image : 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision
  • Langues : Anglais Dolby Atmos & DTS-HD Master Audio 2.0, Français Dolby Digital 5.1
  • Sous-titres : Français, Anglais
  • Durée : 3h 14min 48s

Bonus (VO) :

  • Commentaire audio de James Cameron (2005)
  • Commentaire audio des acteurs et de l’équipe de tournage (2005)
  • Commentaire audio historique de Don Lynch et Ken Marschall (2005)

Disque 2 : Titanic en Blu-ray

Spécifications techniques :

  • Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langues : Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 & Dolby Digital 2.0, Français DTS 5.1
  • Sous-titres : Français, Anglais
  • Durée : 3h 14min 49s

Bonus (VOSTF) :

  • Commentaire audio de James Cameron (2005)
  • Commentaire audio des acteurs et de l’équipe de tournage (2005)
  • Commentaire audio historique de Don Lynch et Ken Marschall (2005)

Disque 3 : Le Blu-ray de bonus (HD et VOSTF)

  • Documentaires :
    • Titanic : À cœur ouvert (35min 58s)
    • Le Titanic (73min 46s)
    • Titanic : La conclusion de James Cameron (42min 06s)
  • Scènes coupées avec commentaire audio optionnel de James Cameron (57min 28s)
  • Production :
    • Les coulisses du tournage : Introduction de Jon Landau (34min 13s)
    • Les coulisses du tournage : Suppléments (34min 54s, SD)
    • Plongée en profondeur : Présentation de James Cameron (15min 31s)
    • 200 000 001$ : L’odyssée d’un bateau (vidéo de l’équipe de Titanic) (17min 54s)
    • Vidéomatique (3min 14s)
    • Effets spéciaux (7min 46s)
  • Archives
    • Bandes-annonces : Introduction de Jon Landau (8min 16s)
    • Vidéo musicale My Heart Will Go On par Céline Dion (4min 45s)
    • Galeries photo
    • Crédits (2005)

Détails techniques :

  • Taille du disque : 92,16 Go
  • Taille du film : 90,85 Go
  • Bitrate vidéo moyen : 44,79 Mb/s (surcouche Dolby Vision : + 3,59 Mb/s)
  • Maximum CLL (Content Light Level) : 283 nits
  • Maximum FALL (Frame-Average Light Level) : 196 nits
  • VO Dolby Atmos (24-bit) : 4,64 Mb/s
  • VF Dolby Digital 5.1 : 640 Kb/s

« Que peut-on dire sur Titanic qui n’a pas été dit en 26 ou 27 ans ? »

C’est sur cette déclaration que James Cameron débute le tout nouveau documentaire À cœur ouvert proposé au sein des bonus. Nous ne pourrions pas mieux dire tant tout ou presque a effectivement déjà été dit sur ce film. Avant même sa sortie, initialement prévue à l’été 1997, saison estivale des blockbusters oblige, et finalement reportée en fin d’année, beaucoup annonçaient déjà un naufrage, filant alors la parfaite métaphore avec son sujet. Le film allait couler la carrière de James Cameron, entraînant dans sa chute la Fox avec son budget titanesque de $200M, record absolu pour l’époque, obligeant le studio à s’associer à Paramount pour soutenir financièrement pareille entreprise. Qui irait voir ce « Roméo et Juliette à bord du Titanic » comme le pitchait alors le cinéaste ? Un film de 3h15 dont l’épilogue est connu de tous ? Assurément personne.

Tous ces tristes sires ravaleront leur fiel au cours des mois qui suivront la sortie en salles où le film trustera la première place du box-office dans de nombreux pays, à commencer par les États-Unis et la France, durant de très longues semaines. Qu’importe l’histoire simpliste, argument souvent reproché à chaque nouveau film de James Cameron, entre romance à l’eau de rose d’un côté (en gros la première moitié du récit) et film catastrophe à grand spectacle de l’autre (la seconde moitié), Titanic raflera la mise. Par-delà l’engouement cinématographique, le film deviendra un véritable phénomène culturel, à tel point que si la notoriété d’un film devait se mesurer aux nombres de ses parodies, Titanic figurerait assurément en bonne place avec ses séquences maintes fois tournées en dérision. À tel point que les ressorties en salles affoleront elles-aussi les compteurs dans des proportions rarement sinon jamais vues jusque-là. Jugez plutôt.

Scores au box-office : USA / Monde / France

  • Sortie initiale en 1997 : $600M / $1,843 milliards / 20 758 841 entrées
  • Ressortie 3D en 2012 : $57M / $350M / 1 139 388 entrées
  • Ressortie en 2023 (25e anniversaire) : $15M / $70M / 520 864 entrées

À date, le film occupe toujours la première place du box-office français de tous les temps et la quatrième place du box-office mondial de tous les temps derrière Avatar (2009), Avengers : Endgame (2019) et Avatar : La Voie de l’eau (2022) et juste devant Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force (2015). Soit quatre longs-métrages de James Cameron aux cinq premières places. Peu importe les (nombreux) reproches adressés au cinéma de Jim, s’il y a bien une chose que l’on peut lui accorder c’est celle d’être un formidable rassembleur de foule dans les salles obscures.

Le « phénomène Titanic » ne se cantonnera toutefois pas au seul triomphe public (ce qui en soit fut déjà un grand ouf de soulagement pour les deux studios). En pleine euphorie box officienne, la cérémonie des Oscars 1998 viendra adouber le film et consacré son capitaine comme le nouveau « King of the World ». Déclaration que d’aucuns prendront au pied de la lettre en la jugeant narcissique au possible là où il fallait avant tout y voir une boutade et un pied de nez à tous ceux qui prédisaient le naufrage du film. Jugez là encore plutôt.

Record de 14 nominations aux Oscars, ex-aequo :

  • Eve (1950) de Joseph L. Mankiewicz (6 récompenses)
  • Titanic (1997) de James Cameron (11 récompenses)
  • La La Land (2016) de Damien Chazelle (6 récompenses)

Record de 11 récompenses aux Oscars, ex-aequo :

« Je le voyais comme le dernier tournage hollywoodien à l’ancienne avec des décors réels, de vrais costumes et des tonnes de figurants »

À la fin de ce même documentaire, le producteur Jon Landau résume parfaitement l’ampleur d’une telle entreprise tout en pointant du doigt que celle-ci était alors à la croisée des chemins en matière de production cinématographique avec tout son arsenal d’effets spéciaux en direct et de trucages numériques en post-production. En dix ans à peine, ces derniers venaient de faire un bond de géant, pour le meilleur et pour le pire, avec Abyss (1989) et son Pseudopod, Terminator 2 (1991) et son T-1000, Jurassic Park (1993) et ses dinosaures, George Lucas et ses révisions (très controversées) de la trilogie originelle Star Wars (épisodes IV, V et VI) qui ressortiront en salles en 1997, soit la même année que Titanic, tout en préparant déjà la révolution des tournages de demain avec la nouvelle prélogie (épisodes I, II et III). Un quart de siècle plus tard alors que The Mandalorian révolutionne à son tour la conception d’œuvres cinématographiques (on y reviendra très vite dans le test de la saison 1), la sortie en Blu-ray 4K Ultra HD de Titanic entraine à son tour son lot de controverse en entrouvrant la nouvelle boîte de Pandore technologique qui est aujourd’hui sur toutes les lèvres : celle de l’Intelligence Artificielle (IA en abrégé ou AI, Artificial Intelligence, en anglais).

Mais plutôt que de nous lancer dans un débat philosophique interminable sur le bienfondé (ou non) du recours à ce nouvel outil « magique » qui pour certains va révolutionner l’humanité et pour d’autres le conduire à sa perte, nous allons très modestement tenter de vous rapporter ici ce que nous avons constaté en redécouvrant pour la nième fois Titanic de James Cameron au l’aune de cette nouvelle édition Blu-ray 4K Ultra HD. Dans les faits, cela donne six fois au cinéma à sa sortie (oui six !) à l’UGC du Havre (grande salle) aujourd’hui disparu, puis maintes fois en LaserDisc NTSC (import américain), en DVD Collector et en Blu-ray (sans oublier l’achat d’un coffret collector VHS histoire de compléter la collection). C’est donc peu dire que l’auteur de ces lignes connait « assez bien » le film mais ne souffrirait pas que celui-ci soit outrancièrement bidouillé numériquement comme a pu l’être la mythique trilogie originelle de Star Wars. Ceci étant dit, nous allons donc tenter de rendre compte le plus objectivement possible de ce que nous avons pu observer concernant cette nouvelle image 4K Ultra HD. Les bienfaits (ou non) d’un tel révisionnisme cinématographique pourraient quant à eux faire l’objet d’un très long dossier à part entière, remontant aux premières heures des montages dits « director’s cut » et au sein duquel un dénommé George Lucas trônerait assurément en place centrale. Mais ceci est un sujet que nous vous relaterons (peut-être) une autre fois.

Avant d’aller plus loin, il nous a semblé primordial de revenir sur les détails techniques ayant conduit à cette toute nouvelle galette 4K UHD. Pour ce faire, le plus simple est encore d’aller à la source, à savoir un passage de cet article de The Digital Bits que nous avons tenté de retranscrire ci-dessous le plus fidèlement possible. NB : Nous avons conservé dans cette retranscription les informations techniques essentielles et volontairement laissé de côté les avis personnels que l’auteur y avait ajouté.

Titanic a été tourné sur film photochimique 35mm (plus spécifiquement sur pellicules Eastman EXR 50D 5245 et Kodak Vision 500T 5279) au format Super 35 par le directeur de la photographie Russell Carpenter à l’aide de caméras Arriflex 35 III, Panavision Panaflex Gold II et Panavision Panaflex Platinum, et des objectifs sphériques Panavision Primo, avant d’être achevé sur film au format 2.39:1 pour sa sortie en salles en 1997 (qui comprenait des tirages anamorphiques 35mm ainsi que des agrandissements 70mm).

Geoff Burdick, SVP (Senior Vice President) du département production et technologie de Lightstorm (société de production fondée par James Cameron, ndlr) est revenu sur le processus utilisé pour la sortie au format 4K Ultra HD. Le nouveau master UHD de Titanic est basé sur le digital intermediate 2K obtenu en 2012 pour la ressortie 3D en salles, ce dernier s’appuyant sur un scan 4K des négatifs originaux et les meilleures séquences à effets spéciaux disponibles (et notamment le recours à un interpositif). Cependant, à l’époque, Stereo-D (société spécialisée dans la 3D, ndlr) ne pouvait travailler qu’en résolution 2K.

Un nouvel digital intermediate 4K a depuis été conçu en utilisant le scan 4K originel. Les séquences à effets spéciaux n’ont pas simplement été up-scalées ou bien intégralement refaites, mais de nouveaux détails ont souvent été ajoutés (en 2012) pour améliorer les plans. Comme par exemple cette scène où Cal regarde par la fenêtre de son pont-promenade privé de première classe : telle que filmée à l’origine, la vue extérieure n’était qu’une carte peinte en bleu. Davantage de détails, de mouvements et de spécularités furent alors ajoutés à la surface de l’océan. Un autre exemple concerne le ciel à la fin du film, lorsque Rose attend d’être secourue : les étoiles sont désormais en adéquation avec la date et l’heure à laquelle la tragédie survient, corrigeant ainsi une erreur « astronomique » signalée dès la première sortie du film en 1997 par la communauté scientifique.

Plus récemment, Lightstorm a travaillé avec Park Road Post (société de post-production appartenant à WingNut Films, société de production fondée par Peter Jackson, ndlr) afin d’optimiser l’image 4K au cours d’un processus sous très haute surveillance consistant à remasteriser le film scène par scène, plan par plan, en travaillant parfois sur différentes portions au sein d’une même image avec comme objectif que chaque détail du négatif soit visible, tout en préservant sans jamais l’éliminer le grain d’origine (qui, faut-il le rappeler, se voulait très fin compte tenu du support pellicule utilisé). 

Les technologies employées varièrent pour chaque plan, mais impliquent des algorithmes propriétaires dits « d’apprentissage profond » (deep-learning en anglais) développés par Park Road. Le fait est que, pour chaque plan du film, les équipes de Lightstorm et Park Road ont travaillé ensemble afin de maximiser la qualité d’image 4K selon les normes et préférences spécifiques de James Cameron, et notamment un nouvel étalonnage HDR disponible sur le Blu-ray 4K UHD au format Dolby Vision (avec bien entendu le HDR10 de base). Le résultat final a été directement approuvé par James Cameron et le producteur Jon Landau.

Et dans les faits, après avoir pris connaissance de toutes ces informations, ça donne quoi lorsqu’on insère la galette dans son lecteur Blu-ray 4K Ultra HD ? Beaucoup de questions auxquelles nous allons tenter de répondre.

Nouveau Master 4K ?

Comme indiqué ci-dessus, l’édition Blu-ray de 2012 était basée sur un master 2K tandis que l’édition Blu-ray 4K sortie en décembre 2023 aux États-Unis (janvier 2024 en France) est basée sur un nouveau master 4K mais tous deux utilisent les mêmes scans 4K des négatifs originaux. De fait, nous sommes ici en présence d’une image au format 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision à partir d’un nouveau digital intermediate 4K obtenu à partir des scans 4K des négatifs originaux. La qualité de ce master est vraiment remarquable mais on ne pourra s’empêcher de repérer quelques traces qui trainent encore ici et là. Comme par exemple ces petites trainées blanches en haut à droite de ce plan de Jack (Leonardo DiCaprio) et Rose (Kate Winslet) discutant sur le pont du navire (52min, cf. screenshots en fin d’article). De minuscules petzouilles de copie à peine visibles une fraction de seconde qui n’altèrent en rien la qualité d’ensemble mais qui nous amène tout de même à nous interroger (déjà) sur l’énergie dépensée sur ce nouveau master : pourquoi ne pas avoir gommé ces derniers petits artefacts ? Notons également que les différences de cadrage entre le master de 2012 et celui de 2023 sont infimes et de l’ordre du pouillèmes en observant très (très) attentivement les quatre bords de l’image.

Granulosité en retrait ?

C’est toujours un sujet très délicat entre trop de grain ou pas assez. La granulosité de l’image de ce nouveau master 4K est-elle en retrait par rapport au précédent master 2K ? Oui, sans doute un peu. Verse-t-on dans un travers façon « musée Grévin » comme ce fut le cas du tristement célèbre nouveau master 4K de Terminator 2 qui vit le jour en 2017 ? Absolument pas ! D’aucuns ont toutefois émis l’hypothèse que l’image avait été « DNRisée » avant d’être ensuite « regrainée » numériquement. Dans la retranscription ci-dessus, on peut lire que ce nouveau master « respecte sans jamais l’éliminer le grain d’origine (qui, faut-il le rappeler, se voulait très fin compte tenu du support pellicule utilisé) ». Où se situe la vérité ? Toujours est-il qu’à nos yeux, le grain est toujours bel et bien présent, fusse-t-il (légèrement) en retrait par rapport au précédent master.

Colorimétrie : Quid du HDR10 / Dolby Vision ?

Le nouvel étalonnage HDR10 / Dolby Vision sublime-t-il les couleurs du film et la photographie signée Russell Carpenter (qui avait déjà travaillé avec James Cameron sur True Lies et retravaillera avec lui sur Avatar : La Voie de l’eau) ? À cette question la réponse est oui. Mais ne vous attendez pas pour autant à un boost phénoménal. Sur le plan colorimétrique, Titanic se scinde globalement en deux parties qui suivent peu ou prou la narration. La première moitié, entre les intérieurs boisés et huppés des premières classes et les extérieurs très ensoleillés, laisse apparaître des dominantes très chaleureuses : brunes, jaunes, orangées. La seconde moitié, lorsque le naufrage survient (presque) en temps réel de nuit, cède la place à des teintes beaucoup plus froides pour ne pas dire glaciales : vertes et bleutées. Tout du long, le nouvel étalonnage HDR fait son job, renforçant la saturation et les contrastes jusque ce qu’il faut sans pour autant révolutionner les teintes déjà sublimes lors de la découverte en salles et sur les différents supports home-cinéma précédents. Certains jugeront sans doute ce nouvel étalonnage trop sage pour ne pas dire conservateur, tandis que d’autres apprécieront pareille retenue. Après tout l’apport du HDR ne constitue pas systématiquement à révolutionner la colorimétrie d’un film.

Encodage : Peut mieux faire ?

Sur les 3h15 du film, nous n’avons observé aucune défaillance compressive, preuve d’un encodage maîtrisé. Pour autant, certains esprits chafouins ne pourront s’empêcher de constater que le bitrate vidéo moyen demeure peu élevé : 48Mb/s en incluant la surcouche Dolby Vision. La raison en est fort simple : bien que la galette 4K soit tout entière dévolue au film qui occupe 90Go sur le disque UHD triple couche, la place vient à manquer sur les 100Go disponibles pour proposer un bitrate plus élevé. La solution aurait-elle alors consisté à scinder le film sur 2 disques comme cela s’est déjà vu lorsque des longs-métrages dépassent cette barre symbolique des 3 heures ? Sans doute. Mais une telle décision aurait sans aucun doute engendré d’autres considérations, à commencer par des surcoûts de fabrication (un disque UHD supplémentaire).

Précision de l’image boostée à l’IA ?

Last but not least : le fameux nœud gordien de ce nouveau master 4K et in extenso de cette nouvelle édition Blu-ray 4K Ultra HD qui a déjà fait couler tant d’encre, noircissant des pages entières de forum, de réseaux sociaux et autres chroniques en ligne où chacun y va (forcément) de son appréciation personnelle. Pour ceux qui ne seraient pas forcément familier avec pareille terminologie, sachez que dans la retranscription ci-dessus, lorsqu’on parle « d’algorithmes d’apprentissage profond », cela revient à dire « Intelligence Artificielle ». Oui, les deux studios responsables de cette nouvelle restauration (appelons-là ainsi), Lightstorm et Park Road Post, le confessent sans détour : ils ont eu recours à des outils d’Intelligence Artificielle en vue d’améliorer la qualité de l’image. À la question que tout le monde se pose alors, effarés pour les uns, interloqués pour d’autres : cela dénature-t-il le rendu de l’image telle que nous l’avons toujours connu depuis la sortie en salles en 1997 (1998 en France) ? En toute honnêteté, cela nous a bien fait lever un sourcil sur certaines scènes, certains plans, voire même certaines portions de l’image où nous nous sommes alors dit : « tiens, c’était différent dans mes souvenirs : c’est désormais un peu plus net ici ou plus lisse là ». Mais sans pour autant que l’on ait à aucun moment écarquillé les yeux en grand en nous exclamant : « C’est quoi cette horreur ? ». D’ailleurs aussi puissant soit-il, cet outil basé sur l’IA ne peut pas non plus faire de miracle et plusieurs plans dont la nature « composite » était déjà très clairement visible sur grand écran n’ont pas été ouvertement bidouillés. En attestent tous les plans larges des passagers ajoutés numériquement sur le pont du navire (une maquette) ou encore ce plan large du Carpathia au loin qui arrive à proximité des canots pour leur porter secours à 2h 59min 30s. Pour le reste, le rendu nous est apparu d’une très grande précision et fort plaisant à revoir, aussi bien lors des plans larges que lors des gros plans sur les visages, de jour comme de nuit.

Son : Dans l’océan, personne ne vous entendra crier en VF ?

Sur ce point précis, nous allons d’entrée crever l’abcès. Certains continuent depuis des années maintenant à hurler à la mort dès qu’un film en 4K ne propose pas de piste française en Dolby Atmos (ou en DTS:X, format qui devient toutefois de plus en plus marginal sur le support). Nous vous renvoyons ici-même à notre reportage sur les coulisses du Blu-ray 4K de The Host où ce point précis avait été abordé. Pour synthétiser : l’absence d’une telle piste peut être due à des contraintes techniques (les stems de la VF n’existent pas, il n’y a pas assez de place sur le disque, pas assez de débit disponible sans nuire à la qualité de l’image) ou bien budgétaires. Dans le cas précis de Titanic, beaucoup ont bien entendu constaté que le disque Blu-ray proposait une VF DTS 5.1 mi-débit encodée à 754 Kb/s là où le disque Blu-ray 4K propose une VF Dolby Digital encodée en 640 Kb/s (une différence somme toute infime vous en conviendrez). Posons-nous à présent la question sous cet angle : où a été conçu ce disque 4K ? Aux États-Unis bien sûr entre Paramount d’un côté qui possède les droits pour les États-Unis et 20th Century Fox (qui appartient depuis 2019 à Disney) de l’autre pour le reste du monde. Quelles sont les langues les plus parlées aux USA, marché le plus prédominant sur lequel l’édition va se vendre (auquel s’ajoute bien entendu le Royaume-Uni) ? L’anglais et l’espagnol bien sûr. Quelles sont les deux meilleures pistes sonores que l’on retrouve sur le disque Blu-ray 4K : la version anglaise Dolby Atmos et la version espagnole en DTS 5.1 plein débit encodée à 1509 Kb/s. Paramount / Fox aurait-il pu proposer les autres langues (français, allemand, italien, japonais) présentes sur le disque dans un format supérieur à du simple Dolby Digital 5.1 ? Sans doute mais cela aura forcément nuit au bitrate vidéo. L’autre solution aurait alors consisté à supprimer les autres pistes et à proposer des versions « localisées » du disque 4K. Plus spécifiquement pour la France, faire un authoring du disque contenant uniquement les pistes anglaise et française tout en proposant cette dernière dans une meilleure qualité. Et faire de même dans chaque pays. Nul besoin de vous faire un dessin quant au surcoût lié au nombre d’authoring différents du disque à concevoir et à dupliquer pour chaque pays. Tout ceci étant à mettre en perspective avec l’état actuel du marché physique et le retour sur investissement. Raison pour laquelle les pistes françaises Dolby Atmos se font si rares sur les disques 4K. CQFD.

Alors oui bien sûr la VF Dolby Digital 5.1 est aux fraises si on la compare avec la toute nouvelle piste anglaise Dolby Atmos qui dépote sérieusement aussi bien dans la restitution des musiques de James Horner que sur toute la deuxième moitié du film lorsque le naufrage survient, le tout sans jamais nuire à la clarté des dialogues et avec une spatialisation multi-canaux remarquable des différents effets. Notre passage préféré qui nous hérisse les poils à chaque fois depuis l’époque de la découverte en salles : lorsque Rose cherche de l’aide pour libérer Jack de ses menottes et où le navire craque dans toutes les voies, basses comprises, comme s’il était en train d’agoniser (123min / 124min).

Quid du disque Blu-ray ?

Sur ce point précis, la réponse est simple : le disque Blu-ray qui propose le film est stricto sensu identique à celui que l’on trouvait dans l’édition Blu-ray de 2012 et de fait, ne bénéficie pas du nouveau master 4K. Certains en seront fort aise puisqu’il s’agira là en définitive du meilleur moyen pour revoir le film dans sa version « non révisée à l’aide de l’IA ». Précisons par ailleurs que certaines éditions Blu-ray 4K import (notamment aux États-Unis) ne renferment que 2 disques : un disque Blu-ray 4K avec le film et un disque Blu-ray avec les bonus mais pas de disque Blu-ray avec le film.

Bonus : Quelques survivants

L’interactivité est un sac de nœuds qui nous aura demandé un peu de temps à démêler. Pour ce faire, nous avons en effet comparé les suppléments présents sur l’édition DVD Collector sortie en 2005 et ceux présents sur l’édition Blu-ray 3D sortie en 2012. La première contenait 4 disques : le film réparti sur 2 disques et 2 disques de bonus. La seconde contenait également 4 disques : le film en 3D active réparti sur 2 disques, le film en 2D sur un disque et les bonus sur le quatrième disque. L’édition Blu-ray 4K Ultra HD propose quant à elle 3 disques : le film en 4K sur le premier disque, le film en Blu-ray sur le deuxième disque (celui-là même que l’on trouvait déjà dans l’édition Blu-ray de 2012) et les bonus sur un troisième disque. Si la version 3D a disparu dans l’entrefaite (le format 3D n’a de toute façon jamais connu l’engouement que beaucoup lui prédisait lors de la sortie d’Avatar en 2009), le disque de bonus est quant à lui assez différent de celui que l’on trouvait dans l’édition Blu-ray de 2012 qui lui-même avait déjà laissé plusieurs suppléments à quai par rapport au DVD Collector de 2005. Pour vous aider à vous y retrouver, voici un petit récapitulatif de ce qui est apparu et de ce qui a disparu au fil des éditions.

Les nouveautés sur le Blu-ray de bonus de 2024 :

  • Titanic : À cœur ouvert (35min 58s) : un nouveau documentaire rétrospectif avec de nouvelles interviews entre autres de James Cameron, Jon Landau et Kate Winslet (mais pas de Leo).
  • Titanic : La conclusion de James Cameron (42min 06s) où le réalisateur entouré de nombreux spécialistes tentent de répondre à trois questions, nouvelle maquette et expérimentation grandeur nature à l’appui : le navire a-t-il véritable sombré comme dans le film, y avait-il assez de temps pour mettre davantage de canots de sauvetage à l’eau, sans oublier la fameuse question : Jack aurait-il pu survivre en montant sur la porte ?
  • Les coulisses du tournage : Introduction de Jon Landau (34min 13s)
  • Bandes-annonces : Introduction de Jon Landau (8min 16s)

Les bonus qui ont disparu par rapport à l’édition Blu-ray de 2012 :

  • Titanic : La conclusion de James Cameron (96min 16s) : le cinéaste, entouré de 8 spécialistes et fort de ses 33 plongées sur l’épave, va, à l’aide de miniature, plans et autres logiciels 3D, tenter de reconstituer étape par étape le naufrage du paquebot avec notamment sa fameuse « théorie de la peau de banane ». Bien que portant le même titre que le nouveau bonus présent sur l’édition 2024, il ne s’agit pas du tout du même reportage et ce bonus présent en 2012 a bel et bien disparu en 2024.
  • Les coulisses du tournage : Suppléments (63min 36s) : La moitié de ce bonus semble en apparence avoir disparu mais est en réalité repris dans le nouveau reportage intitulé Les coulisses du tournage : Introduction de Jon Landau. Un choix pour le moins curieux. Pourquoi ne pas proposer les deux ?
  • Chronocinématographie de la construction avec commentaire audio optionnel de Ed Marsh, documentaliste vidéo sur le film (4min 23s)
  • 8 bandes-annonces (dont la bande-annonce française) : Deux bandes-annonces seulement sont présentées par Jon Landau parmi les bonus de 2024.
  • 8 spots TV
  • Parodies du Titanic
    • MTV Movie Awards 1998 – Sketch (4min 37s) avec Ben Stiller et Vince Vaughn face à James Cameron.
    • Saturday Night Live (date de diffusion : 9 janvier 1999) – Sketch (4min 50s) que l’on peut toutefois trouver sur la chaîne YouTube officielle de l’émission (mais sans sous-titres).
    • Titanic en 30 secondes (51s) que l’on peut trouver sur le site officiel des concepteurs de cette version animée et raccourcie du film (mais sans sous-titres).

Les bonus qui ont disparu par rapport au DVD Collector de 2005 et qui avaient déjà disparu sur l’édition Blu-ray de 2012 :

  • HBO first look : The Heart of the Ocean (27min 33s)
  • Fox special : Breaking new ground (42min 27s)
  • Les nouvelles de 1912 avec commentaire audio optionnel de Ed Marsh (2min 13s)
  • Visite guidée du Titanic avec commentaire optionnel de Anders Falk, auteur du reportage (7min 36s)

Si les différents bonus vidéo, aussi bien ceux repris de l’ancienne édition Blu-ray que les nouveaux venus, sont excellents, le meilleur moyen de découvrir les coulisses du tournage restent encore les deux premiers commentaires audios. Le premier en compagnie de James Cameron qui décortique avec précision la conception de chaque séquence et le second en compagnie de près de 40 acteurs et techniciens sur le film (enregistrés bien sûr séparément mais mixés et insérés à la perfection aux endroits adéquates). Seule absence notable sur ce deuxième commentaire : Leo. Le troisième en compagnie des historiens / consultants Don Lynch et Ken Marschall est plus dispensable. À noter que les trois commentaires audios sont sous-titrés en français sur le disque Blu-ray mais dépourvus du moindre sous-titre sur le disque 4K. En définitive, et pour aussi imposante puisse-t-elle paraître de prime abord, la section bonus reste perfectible et les complétistes ne pourront s’empêcher de regretter l’absence de plusieurs suppléments que l’on trouvait sur les précédentes éditions DVD / Blu-ray de 2005 et 2012. Pour bien faire les choses, peut-être aurait-il été judicieux de proposer l’intégralité de ces bonus vidéo, quitte à les répartir sur 2 disques. Mais là encore, cela aurait assurément engendré un surcoût de fabrication que Paramount / Fox n’étaient à l’évidence pas prêts à consentir.

Conclusion

Pour ceux qui auront lu ce très long papier (oui on vous l’accorde, il est long !), se pose en définitive la sempiternelle question : faut-il acheter cette nouvelle édition Blu-ray 4K ? Certains regretteront tout d’abord un packaging un peu cheap (un simple boîtier Amaray). Une édition Collector facturée 130€ renfermant les trois mêmes disques et bardée de goodies vient d’être annoncée pour le mois d’avril (la même édition existe déjà en import U.S.). Les amateurs de métal attendront sans doute bien sagement une future réédition boîtier Steelbook. Côté bonus, on peut (largement) faire mieux. Côté son en revanche, difficile de faire mieux que la nouvelle VO Dolby Atmos. Quant à la VF, on est au coude à coude avec la précédente édition Blu-ray de 2012 : DTS mi-débit encodée à 754 Kb/s vs Dolby Digital encodée en 640 Kb/s, y’a bataille quand même ! Quant à l’image, et plus spécifiquement la netteté du rendu. Oui celle-ci a bel et bien été améliorée / boostée. Dixit la retranscription ci-dessus : « Le résultat final a été directement approuvé par James Cameron et le producteur Jon Landau ». Cela dénature-t-il le film ? Libre à chacun de se faire sa propre opinion. Verra-t-on un jour une version 4K de Titanic « sans IA » au même titre qu’il existe des versions de la première trilogie de Star Wars « non spécialisée » (i.e. non retouchée) ? Rien n’est moins sûr.

Les plus

  • Une qualité d’image remarquable.
  • Une bande-son magistrale.
  • Des bonus à foison…

Les moins

  • … même si plusieurs ont sombré depuis les éditions DVD et Blu-ray de 2005 et 2012.
  • Les « révisions » de l’image à base d’IA ne seront peut-être pas du goût de tous.

De haut en bas :

  • Blu-ray – Édition 2012 (Master 2K)
  • Blu-ray 4K UltraHD – Édition 2024 (Master 4K)

DigitalCiné peut percevoir un modeste pécule sur les achats effectués via les liens d'affiliation.
  • Titanic - Édition Collector Limitée Fnac (1997) de James Cameron - Packshot Blu-ray 4K Ultra HD
Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray + Blu-ray Bonus + Goodies
Éditeur : 20th Century Studios
Sortie le : 24 avril 2024  
Revendeur

  Lâchez-vous !

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *