Alors vous allez me dire mais elle est où la « Vague 1 ». Et nous on aurait alors envie de vous répondre : DTC ! Oui on sait c’est nul mais mes enfants adorent. Ah si quand même, on peut vous renvoyer sur cette belle chronique du René Clair ici (issu de la première vague, oui Monsieur, où l’on parle en détail du concept dit de « La Séance », intitulé au demeurant de cette collection) mais aussi sur cette vidéo dite unboxing aux 705 vues à date dont 692 proviennent de l’auteur de ces lignes.
Comme quoi, on avait un peu bossé quand même. Et puis comme Coin de Mire Cinéma, ce nouvel éditeur mû essentiellement par la passion et un portefeuille de mécène bien ventru, nous a (encore) à la bonne (ils sont en effet peu nombreux dans le métier) et qu’il a eu l’excellente idée de nous envoyer cette deuxième vague de titres bourrée de cochoncetés des plus recommandables, on s’est tout naturellement dit qu’il fallait honorer cette confiance et accessoirement virer, au moins provisoirement, le T de l’acronyme plus haut (vous l’avez ?) afin de retomber sur nos pattes.
Sinon y a quoi au sein de ce tsunami qui fait la part belle au cinéma de patrimoine ? Et bien ma bonne dame, il y en a pour tous les goûts : du drame, de la comédie, du polar et même du film de guerre avec tout de même un gros fil rouge en la personne de Jean Gabin. Une constante soit dit en passant puisque c’était déjà le cas lors de la première vague. C’est à l’évidence l’acteur chouchou de cet éditeur atypique et celui qui a motivé en grande partie la création de cette collection à savoir revoir donc Gabin et quelques unes des plus grandes stars du cinéma français dans leur jus mais débarrassés des scories du temps. En d’autres termes, se faire une toile en compagnie des plus grands car outre Gabin on pourra aussi croiser au détour de pixels dûment bichonnés en HD, 2K ou 4K, des Bourvil, Michel Simon, Paul Meurisse, Burt Lancaster, Marie-José Nat… On en passe. Mais faisons fi de ce discours à la mords-moi-le-nœud et entrons dans le vif du sujet en vous détaillant film par film les qualités et les qualités de chacune de ces éditions. Ah on oubliait. La sélection des 6 films ci-dessous a été arbitrairement ordonnancée du plus anecdotique au plus marquant selon un critère qui nous est propre mais qui obéit principalement à une cinéphilie des plus pointue et à la qualité des seaux de café que l’on a engloutit pour bafouiller ces quelques lignes.
La Grosse caisse - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret
Résumé : Louis Bourdin est poinçonneur au métro parisien. Piqué de romans policiers, et secrètement amoureux d’Angélique, poinçonneuse du quai d’en face, l’idée lui vient de conquérir la gloire et la fortune en écrivant un roman dont la trame est simple : profitant du lundi, jour où la recette collectée par la rame à finances de la R.A.T.P. est considérable, des gangsters particulièrement audacieux s’empareront de cette « grosse caisse ». Mais hélas personne ne daigne publier sa prose, la jugeant « trop invraisemblable ». Il décide alors de prouver tout le contraire…
Si le réalisateur Alex Joffé n’a pas l’aura d’un Denys de La Patellière ou d’un Claude Autant-Lara, ils ont tout de même en commun d’avoir été rangé prématurément dans le placard de l’histoire du cinéma par une certaine Nouvelle Vague que l’on ne remerciera jamais assez. Ceci étant dit, le père d’Arthur Joffé (cinéaste itou de son état dont le fait d’arme majeur est et restera Harem, un premier film et une curiosité déjà hors du temps en 1985 au budget colossal avec Nastassja Kinski et Ben Kingsley) aura eu le temps de commettre pas moins de 6 films avec Bourvil dont cette Grosse caisse qui porte finalement bien son titre.
Soit une comédie policière aux ficelles grosses comme un gros cubi de rouge qui tâche. C’est rugueux en bouche comme un beaujolais nouveau mais que la présence de Bourvil permet d’adoucir. Un peu. Sans oublier Paul Meurisse qui voulait certainement thésauriser ici sur son deuxième souffle de cinéma initié par Georges Lautner et sa trilogie dite du « Monocle ». Au final c’est loin d’être déplaisant à suivre (la plupart des comédies policières ou non que l’on se cogne aujourd’hui ne lui arrivant même pas à la voute plantaire) mais ne restera pas non plus dans les annales du cinéphage ou du simple dénicheur de pépites. Et d’ailleurs Coin de Mire n’a pas jugé bon d’aller au-delà d’une simple restauration HD supervisée par TF1 qui est le détenteur originel des droits du film flairant sans aucun doute le plus que très faible potentiel commercial de la chose. Il n’empêche que l’image proposée ravira les fans de Bourvil qui ne devaient jamais imaginer pouvoir (re)découvrir ce film dans d’aussi bonnes conditions. À noter enfin au sein du livret présent au sein de ce digibook comme toujours très classieux la présence de documents remarquables provenant des archives de la RATP permettant de se faire une petite idée du métro dans les années 60 tout en donnant quelques détails sur la fameuse rame à finances plus communément connue sous le petit nom de grosse caisse.
Spécifications techniques Blu-ray :
- Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
- Langues : Français DTS-HD MA mono 2.0
- Sous-titres : Français pour sourds et malentendants débrayables
- Durée : 1h46min 33s
- 1 BD-50
Bonus :
- Journaux des actualités de la 27ème semaine de l’année 1965 (9min 07s – HD)
- Réclame de l’année 1965 (8min 33s – HD)
- Bandes-annonces :
- Le Train de John Frankenheimer (4min 01s – HD – VF)
- La Grosse caisse (3min 33s – HD)
- Le Cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois (3min 12s – HD)
- Rue des Prairies de Denys de La Patellière (3min 38s – HD)
- L’Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert (2min 02s – HD)
- Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
- 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
- La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)
Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080
Rue des Prairies - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret
Résumé : Henri Neveux rentre d’Allemagne où il était prisonnier. À Paris, il retrouve ses deux enfants et découvre que sa femme est morte en couche en lui laissant un troisième enfant qui n’est pas de lui. Il décide de l’élever comme son fils. Ouvrier et satisfait de son état, mais ambitieux pour sa descendance, Henri Neveux est fier de ses enfants. Du moins de ces deux premiers ! Car la pièce rapportée ne lui donne pas les mêmes satisfactions…
Comme quoi, à un moment ou à un autre on tombe toujours sur un film signé Denys de La Patellière surtout quand on se penche par mégarde ou par intérêt sur cette décennie de l’après-guerre. Celle qui l’a vu naître cinéaste dès 1955 avec Les Aristocrates. Il y dirigeait alors un Pierre Fresnay dont on avait déjà oublié ses accointances avec l’occupant nazie, lui le fils d’officier et militaire engagé très tôt dans l’armée française de libération. 4 ans et 6 films plus tard voici qu’arrive Rue des Prairies qui n’est pas à proprement parler une œuvre inoubliable mais suffisamment semble-t’il pour provoquer une restauration 4K. En Blu-ray cela se matérialise par des passages magnifiques de piqué, de définition et de densité mais aussi sur du beaucoup moins bon qui se traduit à l’écran par du flou, de l’à peu près et la disparition du grain bouffé par un réducteur de bruit fatal. On va mettre cela sur les prises de vue d’origine et non sur l’encodage.
Au-delà de ces considérations purement techniques, On peut dire que ce film a certainement été fait pour de multiples mauvaises raisons à commencer par celle de vouloir surfer à tout prix sur le succès monstre des Grandes familles (disponible au sein de la première vague de l’éditeur), sorti l’année précédente. Quoi de mieux alors que de reprendre un Gabin, figure de plus en plus patriarche du cinéma français, que la nouvelle génération née pendant la guerre commence à courir sur le haricot et veut le faire savoir ici. Mais en fait le véritable intérêt de Rue des Prairies qui le sauve du no man’s land cinématographique, est sans aucun doute l’apport décisif d’un certain Michel Audiard au rayon des dialogues. D’autant que le bonhomme connaît déjà sur le bout des doigts son Gabin qui le lui rend bien d’ailleurs. Les deux gaillards s’entendent donc comme larrons en foire l’un pour lui pondre des répliques savoureuses que l’autre va marteler ou susurrer avec une gouaille et un talent jamais démentis. Au moins, si cette histoire de famille d’ouvriers manque de punch et pour tout dire d’enjeux significatifs autres que de rechercher le bonheur dans la société d’un Paris pas encore boboïsé, on pourra prendre son pied à l’écoute de réparties et aphorismes savoureux en diable.
Ah et sinon pour la bonne bouche, voici encore un réalisateur dont l’engeance mérite d’être citée avec d’une part Alexandre, surtout connu pour être le réalisateur du Prénom, un des plus gros succès au cinéma des ces dernières années et d’autre part Fabrice qui n’est autre que directeur de la fiction sur C+ à qui l’on doit par exemple en ce moment Le Bureau des Légendes.
Spécifications techniques Blu-ray :
- Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
- Langues : Français DTS-HD MA mono 2.0
- Sous-titres : Français pour sourds et malentendants débrayables
- Durée : 1h31min 01s
- 1 BD-50
Bonus :
- Journaux des actualités de la 43ème semaine de l’année 1959 (11min 59s – HD)
- Réclame de l’année 1959 (8min 38s – HD)
- Bandes-annonces :
- Le Train de John Frankenheimer (4min 01s – HD – VF)
- La Grosse caisse de Alex Joffé (3min 33s – HD)
- Le Cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois (3min 12s – HD)
- Rue des Prairies (3min 02s – HD)
- L’Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert (2min 38s – HD)
- Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
- 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
- La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)
Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080
Le Cas du docteur Laurent - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret
Résumé : Le Docteur Laurent quitte Paris pour s’installer dans un village des Alpes provençales. Il y rencontre une femme qui est en train d’enfanter dans des douleurs terribles. Le médecin décide de passer à l’action avec une nouvelle méthode d’accouchement sans douleur. Mais la femme, méfiante, le fait mettre à la porte et le village, pourtant intrigué, se ligue contre lui…
Véritable découverte en ce qui nous concerne que ce film signé Jean-Paul Le Chanois dont la notoriété a bien du mal à dépasser aujourd’hui le cadre de la cinéphilie de cinémathèque. On aurait pourtant tort de bouder ce réalisateur auteur par exemple en 1954 d’un des plus grands succès du cinéma français (plus de 5M d’entrées) avec Papa, Maman, la Bonne et moi (disponible en Blu-ray chez LCJ) et qui malgré le temps reste une comédie savoureuse où Robert Lamoureux est en état de grâce et où Louis de Funès, alors encore peu connu, est déjà irrésistible dans les quelques scènes où il apparaît. De cette aventure qui connaîtra d’ailleurs une suite moins heureuse (Papa, Maman, ma Femme et moi), Jean-Paul Le Chanois retrouve Nicole Courcel qui joue ici la « cobaye » du docteur Laurent adepte de l’accouchement sans douleur. Rappelons que nous sommes en 1957 dans une France où l’évolution des mœurs est plutôt contrite et drastiquement circonscrite. Et vouloir accoucher sans douleur relevait donc (non ne riez pas) du domaine de l’hérésie.
Avec Le Cas du Docteur Laurent joué par un Jean Gabin décidément à l’aise partout où il passe, Jean-Paul Le Chanois réalise un film manifeste et féministe. La femme y est montrée comme maîtresse de son corps jusqu’à même aborder le sujet de l’avortement alors totalement tabou. Le cinéaste est ainsi en phase avec l’homme connu pour son militantisme, son engagement en politique au sein du Parti communiste français, son syndicalisme dans le milieu de cinéma et ses activités dans la Résistance sous l’Occupation allemande. On n’en dira pas autant sur sa réalisation plutôt académique et sage mais qui paradoxalement est raccord avec son sujet qui ne peut que faire sourire aujourd’hui. L’accouchement sans douleur étant devenu la norme ne serait-ce que par l’acceptation définitive depuis les années 70 de la péridurale. Une curiosité donc que ce Cas du Docteur Laurent doublée d’une véritable plongée dans l’histoire récente de notre pays qu’il serait dommage de bouder. D’autant que la restauration HD opérée par TF1 est plus que convaincante avec un encodage à l’avenant permettant à la photo signée Henri Alekan de s’épanouir généreusement dans son N&B ciselé.
Spécifications techniques Blu-ray :
- Image : 1.37:1 encodée en AVC 1080/24p
- Langues : Français DTS-HD MA mono 2.0
- Sous-titres : Français pour sourds et malentendants débrayables
- Durée : 1h54min 08s
- 1 BD-50
Bonus :
- Journaux des actualités de la 14ème semaine de l’année 1957 (10min 05s – HD)
- Réclame de l’année 1957 (8min 24s – HD)
- Bandes-annonces :
- Le Train de John Frankenheimer (4min 00s – HD – VF)
- La Grosse caisse de Alex Joffé (3min 33s – HD)
- Le Cas du docteur Laurent (3min 12s – HD)
- Rue des Prairies de Denys de La Patellière (3min 02s – HD)
- L’Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert (2min 38s – HD)
- Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
- 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
- La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)
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Non coupable - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret
Résumé : Installé dans une petite ville de province française, le Docteur Ancelin est un médecin raté et alcoolique. Pourtant, il sent en lui une certaine supériorité… Un soir, un stupide accident d’automobile la lui révèlera, Il sait maintenant en quoi il est plus fort que tous les autres : il porte en lui le génie de tuer. Il y résistera mais les événements et son orgueil seront plus forts que lui…
Il paraît que Christophe Gans voulait en réaliser un remake. Si on croise l’intéressé un jour on lui posera la question mais on se dit que connaissant l’appétence du bonhomme pour ce cinéma de patrimoine français virant au noir absolu réalisé par des artisans aujourd’hui un peu oublié, il y a là en effet comme une évidence. D’autant que Henri Decoin est loin d’être un réalisateur resté à la marge ou auteur de quelques faits d’armes au sein d’une filmographie anonyme. On doit en effet à ce champion de natation et aviateur émérite durant la première guerre mondiale, une multitude de films passés à la postérité dont le saisissant L’Inconnu dans la maison avec un énormissime Raimu réalisé sous l’occupation via La Continentale, ce studio aux capitaux allemands dirigé par Alfred Greven. On peut aussi citer La Vérité sur Bébé Donge (1952) avec Jean Gabin et Danielle Darrieux qui n’était plus sa femme à l’époque mais avec qui il travaillera avec bonheur à de très nombreuses reprises ou encore Razzia sur la chnouf (1955) toujours avec Gabin et sommet du film noir à la française.
Non coupable s’inscrit quant à lui dans la veine du réalisme poétique d’avant-guerre mais sans la poésie. On est plus ici dans la continuité de Panique de Duvivier réalisé l’année précédente avec déjà un Michel Simon qui endossait le rôle d’un personnage dont il ne fallait pas se fier aux apparences. Chez Duvivier il était accusé à tort d’un crime et par translation de tous les maux d’une petite ville de province à la recherche du bouc émissaire parfait aux malheurs d’une quasi décennie de misère entre occupation et privations d’après-guerre. Ici, il est un médecin alcoolique qui se découvre une âme de criminel au sang froid que personne ne soupçonne. Dans les deux films, Michel Simon joue à merveille de l’ambivalence de ses personnages suscitant tour à tour et jusque dans le même plan empathie et rejet. À lui seul, il semble se porter garant d’une société hantée par les fantômes d’un passé proche et traumatisant.
Ce que l’image, issue d’une restauration 4K initiée par TF1 et Coin de Mire depuis le négatif original, se complait à retranscrire de la plus belle des manières même si tout n’est pas parfait surtout lors du générique du début qui présente pas mal de pétouilles et autres imperfections. Mais par la suite, on pourra apprécier un N&B qui prend ses aises bien aidé par une définition souvent au taquet et un grain argentique du plus bel effet. Et puis, cerise sur le gâteau, l’éditeur propose une fin alternative dénichée totalement par hasard lors des travaux de restauration. Si on lui préfèrera la fin officielle, elle n’en revêt pas moins un caractère historique du cinéma non négligeable.
Spécifications techniques Blu-ray :
- Image : 1.37:1 encodée en AVC 1080/24p
- Langues : Français DTS-HD MA mono 2.0
- Sous-titres : Français pour sourds et malentendants débrayables
- Durée : 1h38min 53s / 1h42min 13s avec la fin alternative
- 1 BD-50
Bonus :
- Fin alternative (3min 19s – HD)
- Journaux des actualités de la 39ème semaine de l’année 1947 (11min 18s – HD)
- Réclame de l’année 1947 (4min 24s – HD)
- Bandes-annonces :
- Le Train de John Frankenheimer (4min 00s – HD – VF)
- La Grosse caisse de Alex Joffé (3min 33s – HD)
- Le Cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois (3min 12s – HD)
- Rue des Prairies de Denys de La Patellière (3min 02s – HD)
- L’Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert (2min 38s – HD)
- Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
- 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
- La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)
Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080
Le Train - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret
Résumé : 2 août 1944, l’armée hitlérienne affaiblie est encore installée à Paris. Sentant que les alliés sont aux portes de la ville, le colonel Franz Von Waldheim veut faire partir vers l’Allemagne un train chargé d’œuvres d’Art qu’il a prélevées dans les musées de Paris et rassemblées au Jeu de Paume. Les cheminots et la résistance vont alors lancer une extraordinaire équipée pour retarder à tout prix l’avancée du train…
Incongruité ou anomalie dans cette deuxième vague de l’éditeur Coin de Mire est la présence de ce film signé John Frankenheimer puisque nous voici à des années lumières des productions françaises de la période que l’éditeur se fait jusqu’ici un plaisir d’exhumer. Mais en fait non puisque déjà Le Train se déroule en France à la fin de la seconde guerre mondiale (ben si ça compte) et qu’une bonne partie du cast est français depuis Michel Simon ou Jeanne Moreau jusqu’à Bernard Fresson même pas crédité au générique que Frankenheimer retrouvera d’ailleurs quelques années plus tard dans French Connection II. Sans oublier de mentionner le plus important puisque nous sommes devant une co-production franco-américaine d’envergure. Soit 6M d’euros de l’époque ramenés à 70M en 1999, date à laquelle fut enregistré le commentaire audio du réal pour le DVD MGM ricain repris ici avec pour la première fois des sous-titres français. Oui car il faut préciser que voici en fait une co-édition avec L’Atelier d’Images qui détient les droits du film pour le territoire français et qui s’appuie sur Coin de Mire pour en assurer la distribution en plus d’y adjoindre leurs suppléments usuels à savoir les réclames que l’on pouvait trouver au cinéma en 1964 ainsi que les actualités de la semaine de sortie du film en salle. Le tout afin d’immerger le spectateur dans une expérience de cinéma vintage qui permet au demeurant de justifier l’appellation de cette collection dite La Séance.
Mais ce n’est pas tout vu que cette édition propose aussi un document d’époque produit par la SNCF qui fait du coup office de making of avec des images en couleurs du tournage et une interview de Michel Simon. Un document quasi inédit que l’on ne pouvait visionner jusqu’à présent que dans un DVD des Éditions Atlas La Passion des trains : Le train fait son cinéma. Une belle trouvaille certainement pilotée par Jérôme Wybon, dénicheur en chef de ce genre d’archives et collaborateur habituel chez L’Atelier d’Images. Quant à l’image, elle est issue du même master fournit par MGM qui a servi aux éditions Twilight Time aux États-Unis et Arrow en Angleterre. Soit à l’écran quelque chose qui a de la gueule avec un respect flagrant du travail effectué à l’époque où tout a été quasiment filmé en grand angle via des objectifs 15, 18 et 25mm permettant une profondeur de champ hallucinante accentuée par une netteté des premiers et arrières-plans voulue comme telle. On n’ose imaginer le rendu si MGM s’était fendu d’une restauration quelconque étant entendu qu’ici la source doit être au mieux une copie excellemment préservée et numérisée en HD.
On en veut pour preuve les quelques griffures, tâches et points blancs qui viennent de temps à autre rappeler que voilà un film qui porte beau son plus que demi siècle et qui reste éminemment spectaculaire avec ses scènes de train et d’action filmées in vivo et in situ. Pas d’effets numériques, pas de maquettes, pas d’artifices sinon ceux des explosions grandeurs natures, de déraillements ayant coûté la vie à de nombreuses caméras et de cascades effectuées par Burt Lancaster himself et littéralement au taquet. On regrettera justement ici de ne pas en savoir un peu plus sur cette super production tournée en France où en VO tout le monde parle anglais et où en VF les allemands parlent bien allemand et les français dans la langue de Molière. Ce que Frankenheimer dans le commentaire audio ne manque pas de pointer du doigt avec un certain humour. Mais si celui-ci est plutôt sympathique façon diesel (peu loquace au début et inarrêtable sur la fin), on ne saura au final pas grand chose sur les origines de ce Train qui a vu par exemple le renvoi d’Arthur Penn après trois jours de tournage remplacé au pied levé par le réalisateur de Ronin qui dit par contre être tombé amoureux de notre pays à l’issue de ce tournage. Pour le reste, rideau.
Spécifications techniques Blu-ray :
- Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
- Langues : Anglais et Français DTS-HD MA mono 2.0
- Sous-titres : Français et Français pour sourds et malentendants débrayables
- Durée : 2h13min 19s
- 1 BD-50
Bonus :
- Commentaire audio de John Frankenheimer (VOST – MGM – 1999)
- Journaux des actualités de la 39ème semaine de l’année 1964 (9min 40s – HD)
- Réclame de l’année 1964 (5min 08s – HD)
- Making of (10min 07s – HD)
- Bandes-annonces :
- Le Train (4min 00s – HD – VF)
- La Grosse caisse de Alex Joffé (3min 33s – HD)
- Le Cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois (3min 12s – HD)
- Rue des Prairies de Denys de La Patellière (3min 02s – HD)
- L’Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert (2min 38s – HD)
- Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
- 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
- La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)
Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080
L'Affaire Dominici - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret
Résumé : 4 août 1952, une chaude nuit en Haute Provence. Un triple meurtre : le père, la mère, la petite fille sont sauvagement assassinés. Ces 3 anglais sont tués en pleine campagne… À 500 mètres d’une ferme qui, du jour au lendemain, devient célèbre dans le monde entier : la grand’Terre. C’est le fief de Gaston Dominici, ancien berger, qui règne tel un seigneur sur ses terres, sur ses neuf enfants et dix neuf petits enfants. Au matin qui suit la tragédie, l’enquête commence…
Si le nom de Claude Ogrel alias Claude Bernard-Aubert ne vous dit rien, quoi de plus normal. Auteur de quelques 15 films, seul cet Affaire Dominici crédité au box office de 1 360 300 entrées, a en effet traversé le temps jusqu’à nous via de multiples rediffs télé et aujourd’hui cette édition Blu-ray + DVD. Encore que si l’on se penche sur sa filmo sous l’angle stricte des entrées salles, on se rend compte que deux autres films ont dépassé allégrement le million de spectateurs. C’est le cas du Facteur s’en va-t’en guerre (1 326 058 entrées) et de La Patrouille de choc (originellement intitulé Patrouille sans espoir mais qu’il dût modifier ainsi que la fin sous la menace de censure – 1 847 864 entrées). Deux réalisations qui prolongeaient au demeurant sa première vie de reporter de guerre durant le conflit indochinois. Un pedigree que l’on pourrait continuer à détailler si ce n’était l’autre filmo du monsieur.
Celle qu’il a signé sous le blaze de Burd Tranbaree que les aficionados de boulards français de la grande époque du cinéma Le Brady et des premiers lecteurs VHS connaissent sur le bout de leurs paluches ambidextres. Que ceux qui n’ont en effet pas croisé à un moment ou un autre Veuves en chaleur, Les Suceuses, La Grande lèche ou encore La Grande mouille (plus connu sous le titre de Parties de chasse en Sologne) avec une certaine Brigitte Lahaie alors au fait de sa beauté, nous jette la première et la dernière pierre. C’est donc peu dire que voilà un cinéaste dont il serait urgent de redécouvrir le travail à commencer donc par cet Affaire Dominici qui reste comme on l’a déjà dit son film le plus connu. On y croise un Jean Gabin encore une fois extraordinaire en berger, patriarche d’une maisonnée et d’un domaine où vivent enfants et petits-enfants qui va se retrouver accusé du meurtre sauvage d’une famille de touristes anglais ayant passés la nuit en bordure de route à quelques encablures de ses terres. Au-delà d’y croiser des gueules en devenir comme Victor Lanoux et Depardieu, l’intérêt se situe aussi dans la démonstration à charge du film qui démonte systématiquement une enquête mal branlée et un procès où réside des trous béants n’ayant jamais permis d’acquérir la certitude de la culpabilité de Gaston Dominici.
C’est que comme pour l’affaire Grégory, voici un mystère qui reste entier encore aujourd’hui. De multiples théories ont été avancées. La plus connue / farfelue étant qu’il s’agissait d’espions anglais – tout du moins le père, biochimiste de réputation qui aurait émargé pour le compte des services secrets de Sa Gracieuse Majesté, zigouillés par le KGB en pleine campagne des Alpes-de-Haute-Provence. Ce que le film, réalisé 20 ans après les faits et 7 ans après la mort de Gaston Dominici, ne détaille bien entendu pas. Tout comme cette édition qui plus que jamais aurait mérité de répondre aux questions légitimes que l’on peut se poser autour de ce film. Pourquoi l’avoir produit ? Comment Claude Bernard-Aubert s’est-il retrouvé à réaliser ce film ? Gabin (un des producteurs mais non crédité) qui s’était préparé en lisant les écrits de Jean Giono qui avait couvert l’enquête à l’époque, était-il convaincu de l’innocence de Gaston Dominici ? Dommage que TF1 DA qui détient les droits de ce titre n’ai pas daigné filer l’entretien du réalisateur présent en bonus sur le DVD paru chez TF1 Vidéo en 2017. Ou alors c’est Coin de Mire qui n’en voulait pas.
Reste le film que Coin de Mire propose via un master HD convaincant mais dont le manque de définition accentué par un lissage numérique un peu trop prononcé par moment agace un tantinet. C’est loin d’être rédhibitoire mais en comparaison d’autres titres de la collection, L’Affaire Dominici fait un peu figure de parent pauvre.
Spécifications techniques Blu-ray :
- Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
- Langues : Français DTS-HD MA mono 2.0
- Sous-titres : Français pour sourds et malentendants débrayables
- Durée : 1h44min 24s
- 1 BD-50
Bonus :
- Journaux des actualités de la 10ème semaine de l’année 1973 (9min 19s – HD)
- Réclame de l’année 1973 (6min 42s – HD)
- Bandes-annonces :
- Le Train de John Frankenheimer (4min 00s – HD – VF)
- La Grosse caisse de Alex Joffé (3min 33s – HD)
- Le Cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois (3min 12s – HD)
- Rue des Prairies de Denys de La Patellière (3min 02s – HD)
- L’Affaire Dominici (2min 38s – HD)
- Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
- 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
- La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)
Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080