25 indispensables de la science-fiction - image une

25 indispensables de la science-fiction à la Cinémathèque

Après le film noir, le néoréalisme et la Nouvelle Vague, la Cinémathèque propose une sélection de films essentiels pour appréhender ce vaste champ qu’est le cinéma de science-fiction. Sociétés dystopiques, expériences scientifiques, aliens et robots : 25 titres pour explorer un genre des plus fascinants, de 2001 : L’Odyssée de l’espace à Starship Troopers, d’Aelita à Gravity, en passant par Mondwest et Rencontres du troisième type.

Du coup on va se faire un petit plaisir. On va reprendre la liste et la commenter film par film. Ô rien de très prétentieux ou de long (enfin on l’espère) mais juste la volonté de donner quelques infos essentielles, de recaser la chose dans le contexte de l’époque (ça c’est pour les plus jeunes et les moins cinéphiles d’entre vous), de vous indiquer si une édition Blu-ray et/ou Blu-ray 4K existe (ça c’est pour celles et ceux qui n’habitent pas Paris et parce que le Blu-ray et a fortiori sa déclinaison en 4K restent ce qui se fait de mieux pour se les (re)mater depuis son canapé) et enfin de vous préciser la nature de la projection décidée et/ou choisie par la Cinémathèque (DCP / Numérique / 35mm / 70mm). Et tant qu’à faire on va ordonner cette sélection en pratiquant une hiérarchisation des plus subjectives / clivantes / et même honteuses pour certaines et certains : à savoir du plus dispensable au moins dispensable (vous l’avez ?). Allez, on se lance :

Alphaville - Affiche

  • 25 – Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution (Jean-Luc Godard – 1965) – Projection DCP

Le film fut boudé par le public malgré un Ours d’or à la Berlinale de 1965. Certainement trop déconcertant pour ne pas dire perché à l’attention du commun des mortels. Mais que l’on aime ou non Alphaville, il est indéniable qu’il reste encore aujourd’hui une pierre angulaire dans la filmo de Godard et une source d’inspiration pour bon nombre d’artistes (manga / cinéastes / musique). À noter que Netflix l’a proposé en 2020 mais qu’il a depuis disparu de son catalogue.
StudioCanal l’a inclus depuis 2017 au sein d’un coffret Blu-ray intitulé La Collection Godard. On aurait pu penser que depuis l’éditeur l’aurait proposé à l’unité mais il faut croire que le titre n’est pas assez porteur pour le lancer en solo. On précisera enfin que le film a bénéficié d’une restauration 4K que nous avions découverte sur le Blu-ray. C’est ce master qui sera la source du DCP utilisé par la Cinémathèque.

Aelita - Affiche

  • 24 – Aelita (Аэлита – Yakov Protazanov – 1924) – Projection DCP (DVD Lobster)

L’intérêt de découvrir Aelita est de rappeler l’existence de ce cinéaste russe majeur qu’est Iakov Protazanov un peu tombé aux oubliettes aujourd’hui. L’homme a connu la fin du tsarisme, les révolutions de février et d’octobre 1917 où il réalise Le Père Serge, son chef-d’œuvre adapté d’un roman de Tolstoï, l’émigration en France où il travaille pour Gaumont et Pathé et le retour dans la mère patrie pour embrasser la période bouillonnante de l’avant-garde cinématographique russe qui lui permet entre autres de réaliser Aelita. Film qui peut se voir sous l’angle relecture du chef-d’œuvre de Méliès, Le Voyage dans la Lune sauf que la destination y est la planète Mars où une société décadente va devoir affronter des révolutionnaires russes venus y porter la bonne parole et in fine de menus changements. La parabole est maladroite et la façon d’y arriver l’est encore plus mais la mise en scène de Protazanov est indéniablement « moderne » en ce sens qu’elle sait emmener et manipuler son spectateur par une science des cadres évidentes et un montage à l’avenant.
Un simple DVD édité depuis 2017 par Lobster Films existe de par chez nous et à notre connaissance il n’existe aucun Blu-ray du film de par le monde. Peut-être en Russie mais rien n’est moins sûre. La cinémathèque annonce une projection DCP mais nous n’en connaissons ni l’origine ni s’il s’agit d’un master restauré.

Ad Astra - Affiche

  • 23 – Ad Astra (James Gray – 2019) – Projection DCP

« La prochaine fois, tant qu’à signer une connerie dont je ne suis pas responsable, autant mettre mon nom sur une merde qui me ressemble et raconter mon enfance. » James Gray quand il évoque Ad Astra face à Samuel Blumenfeld (Le Monde Magazine du 5 novembre 2022) lors de la sortie d’Armageddon Time. A-t-on besoin d’en dire plus ?
Un Blu-ray et un Blu-ray 4K sont disponibles depuis janvier 2020.

Mondwest - Affiche

  • 22 – Mondwest (Westworld – Michael Crichton – 1973) – Projection DCP

Ben oui, Westworld, la série qui s’est récemment arrêtée en queue de poisson, n’est pas une création originale. Elle puise quelques-unes de ses principales inspirations au sein du premier film réalisé par le romancier et scénariste Michael Crichton qui aura marqué de son empreinte les années 70 et dont on retiendra surtout la prestation totalement hallucinée de Yul Brynner. Mondwest connaîtra une suite avec Les Rescapés du futur (1976) toujours avec Yul et une série en 1980, Beyond Westworld, vite abandonnée (5 épisodes) et jamais diffusée en France.
Deux Blu-ray édités par Warner sont sortis en France (2012 et 2017). Tous deux sont issus du même master fatigué datant du début des années 2010. Le DCP utilisé par la Cinémathèque est lui aussi issu de ce même master. À notre connaissance aucun travail de restauration n’est prévu à ce jour sur ce film.

Silent Running - Affiche

  • 21 – Silent Running (Douglas Trumbull – 1972) – Projection en numérique

Disparu forcément prématurément le 7 décembre 2022, Douglas Trumbull aura marqué de son empreinte indélébile tous les films de SF sur lesquels il a participé en tant que responsable des effets spéciaux et/ou visuels. De 2001 : l’Odyssée de l’espace à Blade Runner en passant par Rencontres du troisième type ou ses deux films en tant que réalisateur à commencer par ce Silent Running devenu culte en Angleterre et aux États-Unis alors qu’en France il n’a jamais dépassé le cercle des « initiés » (justifié ?).
Un excellent Blu-ray a été édité en 2016 chez Wild Side. Mais c’est chez l’éditeur US Arrow que l’on trouvera ce qui se fait de mieux pour ce film à savoir un Blu-ray paru en 2020 issu d’une restauration 2K et un Blu-ray 4K édité en décembre 2022 proposant un master issu d’une restauration 4K. Des restaurations initiées par Arrow qui lui sont exclusives et auxquelles la Cinémathèque n’a, semble-t-il, pas eu accès.

Le Mystère Andromède - Affiche

  • 20 – Le Mystère Andromède (The Andromeda Strain – Robert Wise – 1971) – Projection DCP

Oui Robert Wise, le réalisateur de West Side Story aux 10 Oscars et dont la première réalisation date de 1943, s’est aussi essayé à la SF avec ce film adapté d’un roman de Michael Crichton au sein d’une décennie (les années 70) qui reste de loin la plus faible de sa carrière. Pour autant, Le Mystère Andromède a marqué moult générations de spectateurs en culottes courtes qui ont pu le découvrir lors de ses multiples diffusions télés.
Aujourd’hui on peut le (re)découvrir dans un Blu-ray édité depuis mars 2022 par BQHL. On lui préfèrera toutefois celui édité aux États-Unis par Arrow qui le propose issu d’un master restauré 4K. Arrow étant l’instigateur exclusif de cette restauration et connaissant leur aptitude à ne pas « partager » sinon à des coûts rédhibitoires, on doute là aussi que la Cinémathèque ait eu accès à cette restauration pour cette projection annoncée en DCP.

Le Monstre (1955) - Affiche

  • 19 – Le Monstre (The Quatermass Xperiment – Val Guest – 1955) – Projection en 35mm

Premier des trois « Quatermass » et l’un des plus gros succès des célèbres Studios anglais de la Hammer. L’histoire est devenue l’une des matrices de la SF dont la dernière relecture en date est Life : Origine inconnue réalisé en 2017 par Daniel Espinosa avec Jake Gyllenhaal. L’acteur qui tient le rôle-titre n’est autre que Brian Donlevy qui depuis le milieu des années 30 tient le haut du pavé hollywoodien avec en point d’orgue une nomination à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Beau Geste (1939) de William A. Wellman. D’origine certes nord-irlandaise mais né à Cleveland dans l’Ohio, il fut rejeté par le créateur anglais du personnage jusqu’à ce que le succès du film le force à se rendre à l’évidence. Brian Donlevy reprendra du coup le rôle deux ans plus tard dans La Marque (Quatermass 2 toujours de Val Guest).
Il n’existe en France qu’un DVD datant de 2005 et côté Blu-ray on pourra se tourner vers l’édition import US Kino Lorber sorti en 2014 qui propose une image qui tient encore la route même si issue d’un master non restauré. La Cinémathèque annonce une diffusion en copie 35mm en provenance de ses archives. En attendant une éventuelle restauration du film.

Les Monstres de l'espace - Affiche

  • 18 – Les Monstres de l’espace (Quatermass and the Pit – Roy Ward Baker – 1967) – Projection en 35mm

Le dernier des « Quatermass » au cinéma avec toujours au scénario Nigel Kneale (créateur du personnage) qui a pu enfin choisir son comédien en la personne d’Andrew Keir, acteur écossais et figure récurrente des productions de la Hammer. Ce troisième opus est une adaptation au cinéma de la série Quatermass and the Pit diffusée sur la BBC entre 1958 et 1959 (6 épisodes) qui rencontra un immense succès d’audience. Et de fait le personnage de Quatermass est une institution de l’autre côté de la Manche. Chez nous, au-delà des afficionados du Cinéma de quartier de Jean-Pierre Dionnet, cela reste une curiosité que l’on a toujours plaisir à (re)découvrir.
Là aussi il n’existe en France qu’un DVD édité en 2005 par Metropolitan et là aussi pour trouver un Blu-ray il faut se tourner vers l’import US et l’éditeur Kino Lorber qui l’a sorti en 2019. Il reprend pour info le même master utilisé en Angleterre par l’éditeur Optimum Home Entertainment pour ses Blu-ray parus en 2011 et 2016. La Cinémathèque annonce une diffusion en copie 35mm en provenance de ses archives. En attendant une éventuelle restauration du film.

Je t'aime, je t'aime - Affiche

  • 17 – Je t’aime, je t’aime (Alain Resnais – 1968) – Projection DCP

Pas le film le plus connu de Resnais mais certainement celui qui a été le plus réévalué ces dernières années surtout quand il a pu être montré dans de bonnes conditions lors de la sortie du DVD en 2008. Le film avait, pour rappel, été sélectionné au festival de Cannes 1968 qui, comme on le sait, n’est jamais allé à son terme (volonté du monde artistique d’être solidaire avec la contestation estudiantine qui faisait rage à Paris au même moment). Sa sortie concomitante fin avril 1968 n’a pas aidé non plus vu que tous les cinémas parisiens ont fini par fermer leur porte en mai. Enfin Je t’aime, je t’aime n’est pas d’un abord simple. L’histoire d’un homme (Claude Rich assez génial) qui manque son suicide et à qui l’on propose d’être le cobaye d’une expérimentation de voyage dans le temps. Mais l’expérience tourne mal et le voilà coincé à revivre ses huit dernières années d’une manière totalement hiératique. Le montage ressemble de fait à un jeu de carte que l’on balance en l’air avec pour mission de ne montrer que celles qui retombent côté pile et sans ordre chronologique. Ce qui donne un film totalement disruptif mais dont la compréhension de l’histoire reste aisée et pour cause celle-ci est fondamentalement simple. Les adeptes de la forme seront conquis, les autres en seront pour leur frais.
Un DVD édité par Les Éditions Montparnasse en 2008 existe donc et c’est tout. Étonnamment il faut se tourner vers l’import US pour trouver un Blu-ray. C’est Kino Lorber qui l’a édité ainsi en 2015 et plus étonnant encore c’est que le master utilisé provient d’une restauration 2K effectuée sous l’égide de l’ayant droit Mag Bodard en France par Eclair Group pour l’image et L.E. Diapason pour le son. Précision supplémentaire, le Blu-ray est « Region A » et donc uniquement lisible sur les lecteurs Blu-ray « dérégionalisés » ou dézonés. On imagine que le DCP utilisé par la Cinémathèque pour cette projection provient de ce master ce qui, en soi, est une belle opportunité.

Le Météore de la nuit - Affiche

Un film culte pour la génération Spielberg, Lucas, Zemeckis, Dante… Joe Dante qui lui rendra d’ailleurs hommage (à lui et à tous ces films qui ont usés du filon 3D, odorama et autres gadgets de fauteuils propres à enchanter – ou non – le spectateur afin de l’immerger au sein de films de série B ou plus souvent Z) dans son formidable Panic sur Florida Beach (1993). Des procédés pas si éloignés de ceux repris à l’envie aujourd’hui par les exploitants cinémas dans le seul but de ramener le spectateur perverti par les plateformes de streaming (et le téléchargement illégal) dans les salles. Dans les années 50 le nouvel ennemi à combattre était quant à lui l’arrivée dans les foyers américains de la télévision.
Le Blu-ray édité en 2016 par Elephant Films tient toujours merveilleusement la route même si aux États-Unis Universal proposait la même année un Blu-ray où on avait la possibilité de visionner le film de Jack Arnold en 2D mais aussi en 3D. Soit le format de projection qui a forgé la légende du film dans la mémoire des spectateurs de l’époque. Niveau 2D les masters sont les mêmes entre Elephant et Universal à savoir un scan effectué en HD depuis une source à l’évidence bien conservée. On imagine que le DCP utilisé par la Cinémathèque pour cette projection utilise cette même source.

Rencontres du troisième type - Affiche

  • 15 – Rencontres du troisième type (Close Encounters of the Third Kind – Steven Spielberg – 1977) – Projection DCP

Un film devenu mythique avec le temps même si son versant puissamment naïf n’a lui pas disparu. Quand Spielberg réalise Rencontres du troisième type il n’est pas encore le roi d’Hollywood mais il en a déjà modifié profondément le paysage et certaines règles du jeu avec Les Dents de la mer devenu instantanément l’un des plus gros succès au box-office national et international en 1975. Rencontres du troisième type devait confirmer tout cela. Ce ne sera pas (tout à fait) le cas vu qu’avec un budget de 20M de dollars (8 de plus que pour Jaws) il engrangera un peu plus de 135 millions de dollars (contre 265 millions pour Jaws). Ce qui en soit est déjà une belle perf. Ce sont les 437 millions de dollars générés par E.T., l’extra-terrestre, film qui n’aura coûté que 10,5 millions (2 de moins que pour Jaws) pour des recettes culminant à 437 millions (et 792 millions avec l’international) jamais égalés depuis, qui installeront Steven Spielberg tout en haut de la pyramide.
Deux éditions (simple et collector) sont parues en 2017. Il s’agit à chaque fois d’un combo Blu-ray + Blu-ray 4K qui proposent niveau master la dernière restauration 4K sur les trois cuts que l’on pourra découvrir via le procédé du seamless branching. Oui parce que Spielberg est revenu sur le montage de son film à trois reprises pour proposer trois versions à chaque fois un peu plus longue (mais en enlevant et/ou en rajoutant des scènes) pour finalement porter le métrage à 137 minutes. Soit la version projetée en DCP par la Cinémathèque. Pour finir on précisera qu’un simple Blu-ray 4K est prévu pour le 3 mai 2023 étant entendu que les deux combos datant de 2017 sont quasi introuvables ou a des prix indécents.

Gravity - Affiche

 

  • 14 – Gravity (Alfonso Cuarón – 2013) – Projection DCP

Un tour de force visuel qui en a scotché plus d’un lors de sa découverte en 2013 surtout en IMAX (pour les plus chanceux). Dix ans plus tard, si l’expérience reste chaudement recommandable surtout à l’attention de celles et ceux qui le verraient pour la première fois, notre choix de film se serait certainement plus porté sur Les Fils de l’homme (2006) où Alfonso Cuarón n’y fait pas seulement étalage de son talent de conteur visuel mais aussi d’une maestria du storytelling ayant fait culminer le genre de la SF en des sommets insoupçonnés et jamais égalés depuis.
Moult éditions Blu-ray ont vu le jour depuis 2014. La dernière pas plus tard qu’en février de cette année proposée à moins de 15 euros. Mais forcément les fans du film et autres collectionneurs attendent avec avidité une édition 4K qui pour l’instant ne pointe absolument pas le bout de son nez. Un manque qui devrait convaincre les plus récalcitrants à (re)venir découvrir Gravity à la Cinémathèque qui annonce une projection DCP dans la grande salle Langlois.

La Guerre des mondes (2005) - Affiche

  • 13 – La Guerre des mondes (War of the Worlds – Steven Spielberg – 2005) – Projection en 35mm

Un remake forcément supérieur au film de 1953 ne serait-ce qu’au niveau des effets visuels et autres SFX. Mais pour les vieux croutons qui ont découvert comme l’auteur de ces lignes le film de 1953 à la télé alors qu’il n’était pas plus haut que 4 ou 5 pommes, le film de Byron Haskin a tellement gravé nos rétines à tout jamais que celui de Spielberg, malgré ses qualités évidentes, ne pourra jamais le supplanter.
Deux éditions combo Blu-ray + Blu-ray 4K sont sorties en France. La première en 2020 et la deuxième dite steelbook en 2021 beaucoup moins facile à trouver et forcément plus chère.

Starman - Affiche

  • 12 – Starman (John Carpenter – 1984) – Projection en 70mm

À sa sortie, Starman fut pas mal raillé et par les critiques de tous bords et par les défenseurs / amoureux du cinéaste qui ne reconnaissaient pas en ce film de Studio sa patte corrosive et anti système qui caractérisait jusqu’ici ses réalisations. Avec le temps, l’histoire de cet alien devant, au prix de sa survie comme E.T., regagner sa planète au plus vite en prenant les traits d’un défunt mari pour finir par tomber amoureux de la veuve, a gagné ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, le voici donc à la Cinémathèque dans le cadre d’une projection spéciale présentée par le critique Bernard Benoliel et excusez du peu en 70mm.
Une nouvelle édition Blu-ray est annoncée chez nous ce 5 avril via Sony Pictures. Elle devrait reprendre le dernier master (un nouveau scan 2K effectué depuis un master qui n’a pas bougé depuis le premier Blu-ray en 2009) découvert sur l’édition US parue en 2018 chez Shout Factory. Pas de restauration ni d’édition d’un Blu-ray 4K en vue.

Abyss - Affiche

  • 11 – Abyss (The Abyss – James Cameron – 1989) – Projection en 70mm

Abyss fait l’ouverture de cette rétrospective SF de la Cinémathèque. Un choix loin d’être anodin quand l’évidence aurait plus dicté Terminator (1 ou 2). Mais Abyss avec son discours écolo et humaniste, ses SFX mélangeant expérimentations digitales (comme souvent avec Cameron) et bonnes vielles recettes visuelles (le décor final subaquatique) annonce sans aucun doute la révolution Avatar avec déjà ses forces (une réalisation au service de l’histoire) et ses faiblesses (une histoire pas toujours à la hauteur des enjeux formels).
La Cinémathèque prévoit une projection excitante en 70mm en attendant de découvrir certainement d’ici la fin de cette année le travail de restauration entrepris et validé par Cameron en 2022. Une restauration restée longtemps à l’état de fantasme qui devrait permettre de redécouvrir Abyss en Blu-ray et surtout en Blu-ray 4K que beaucoup de par le monde attendent de pieds fermes. À noter enfin que la Cinémathèque projette la version cinéma de 1989 qui dure 140 minutes. En effet une version longue de 171 minutes est sortie en 1993. Elle est proposée avec la version cinéma au sein de toutes les éditions DVD parues jusqu’ici. Par contre nous ne savons pas à ce jour si les deux versions ont bien bénéficié du travail de restauration. On n’ose penser le contraire mais dans le doute…

Solaris (1972) - Affiche

  • 10 – Solaris (Solyaris – Andreï Tarkovski – 1972) – Projection DCP

Un Blu-ray édité par Potemkine existe depuis 2017. Il reprend le même master HD utilisé par Criterion pour son Blu-ray paru en 2011. Le DCP qu’utilise la Cinémathèque pour cette projection doit certainement provenir de la même source. Un master quoi qu’il en soit daté issu d’un négatif loin d’être parfait mais qui tient encore la route permettant de (re)découvrir Solaris dans des conditions somme toute appréciables.

2001 : l'odyssée de l'espace - Affiche

Forcément quand on parle de SF arrive à un moment ou un autre sur la table le 2001 de Kubrick. Film matriciel pour les uns, film absolu pour les autres, 2001 : l’odyssée de l’espace est sans conteste un monument du cinéma mondial. Une forme de perfection qui peut aussi provoquer un ennui profond sinon un désintérêt croissant dont la finalité n’est autre qu’une envie de le revoir proche de zéro. Chacun(e) aura son avis et pour celles et ceux que cette dernière phrase confine à l’hérésie, la Cinémathèque propose une projection en 70mm, le format idéal et voulu comme tel par Kubrick himself pour apprécier 2001 : l’odyssée de l’espace dans une salle de cinéma.
Tant en Blu-ray qu’en Blu-ray 4K 2001 : l’odyssée de l’espace est proposé depuis 2018 via une restauration supervisée par le cinéaste Christopher Nolan. Il s’agit d’un scan 4K effectué depuis le négatif 65mm original. Ce qui représentait un véritable virage à 180° vu que jusqu’ici les portages du film en vidéo étaient effectués depuis le négatif 35mm anamorphique. De quoi là aussi retrouver les sensations vécues par les spectateurs de 1968.

L'Invasion des profanateurs de Sépultures - Affiche

  • 8 – L’Invasion des profanateurs de sépultures (Invasion of the Body Snatchers – Don Siegel – 1956) – Projection DCP

Là aussi on parle d’un film matriciel qui a profondément influencé des cinéastes tels que Carpenter ou Joe Dante (au hasard). Longtemps rangé du côté de ces films qui contextualisaient en sous-main la guerre froide et la peur du communisme, L’Invasion des profanateurs de sépultures que Don Siegel tourna pour un budget minimaliste, peut aussi se voir comme la critique d’une société qui veut tout uniformiser, où aucune tête ne doit dépasser et où chacun doit consommer. Un thème suffisamment fort pour être repris à l’envie depuis. On pense ainsi au formidable remake réalisé par Philip Kaufman en 1978 ou sa déclinaison à peine voilée signée John Carpenter en 1988 intitulée Invasion Los Angeles. Toujours au hasard.
Il faut se tourner vers les États-Unis pour dénicher un Blu-ray du film. Feu l’éditeur Olive Films l’a sorti dans sa collection dite « Signature » en 2018 nanti d’un master restauré HD très convaincant. Certainement celui qu’utilise la Cinémathèque pour cette projection présentée par Jean-François Rauger. Pour être complet précision que Potemkine l’annonce en Blu-ray chez nous depuis quelque temps déjà mais toujours sans date et avec parmi les suppléments une analyse de ce même Jean-François Rauger. La boucle est bouclée.

Soleil vert - Affiche

  • 7 – Soleil vert (Soylent Green – Richard Fleischer – 1973) – Projection en 35mm

Voilà un film qui en prenant de l’âge devient incroyablement visionnaire. Non qu’on n’en ait jamais douté mais pas à ce point-là. Il suffit juste de reprendre le début du synopsis pour être saisi : New York 2022, les humains ont épuisé la quasi-totalité des ressources naturelles. Les océans sont mourants et la canicule est présente toute l’année conduisant à l’épuisement des ressources naturelles, la pollution, la pauvreté, la surpopulation… Pour aller un peu plus loin que la simple et/ou nouvelle vision de Soleil Vert on ne saurait trop vous conseiller le doc Soleil vert, alerte rouge : quand Hollywood sonnait l’alarme diffusé sur Arte en 2022 et encore accessible jusqu’au 27 mars 2023 sur ArteTv. Après cette date il vous restera l’option VOD… Tout y est (portée du film / thématiques on ne peut plus actuelles – malheureusement – / contextualisation…) avec en plus des images du tournage rares.
Doc que l’on ne retrouve bien entendu pas sur aucun des 3 Blu-ray sortis entre 2011 et 2022 qui proposent tous la même image issue d’un master fatigué. Voilà un film qui mériterait plus que jamais une restauration digne de ce nom pouvant donner lieu à des éditions Blu-ray enfin à la hauteur et bien entendu un Blu-ray 4K. Ce pourquoi La Cinémathèque a préféré opter pour une projection en pellicule 35mm issue de ses archives.

La Mouche - Affiche

  • 6 – La Mouche (The Fly – David Cronenberg – 1986) – Projection DCP

Voilà un des rares remakes de cinéma supérieurs à l’original. David Cronenberg obtint avec La Mouche une consécration publique et reste encore aujourd’hui son film le plus connu et le plus populaire. Ce qui reste en soi un tour de force tant on y trouve toutes les obsessions et les thématiques clivantes qu’il développait depuis ses premiers court-métrages en 1966. La plus évidente ici (et la plus récurrente de sa filmo) est la mutation des corps au contact de la machine symbole du progrès fatalement déviant chez Cronenberg. La Mouche, qui rappelons-le était une commande, devient chez Cronenberg une œuvre transgressive et organique prolongeant en contrebandier sa réflexion sur le genre humain.
On ne sait pas sur quelle source s’appuie le DCP qu’utilise La Cinémathèque pour sa projection du 7 avril mais ce qui est certain c’est que c’est une bonne nouvelle en soit étant entendu que depuis le rachat de la Fox par Disney on était inquiet du sort réservé à son riche catalogue. Le Blu-ray de La Mouche date quant à lui de 2008. Le master source est grandement daté et pour l’instant aucune annonce de restauration n’est dans les tuyaux.

Le Jour où la Terre s'arrêta - Affiche

  • 5 – Le Jour où la terre s’arrêta (The Day the Earth Stood Still – Robert Wise – 1951) – Projection DCP

Second film de Robert Wise sélectionné par l’équipe de la Cinémathèque pour figurer parmi les 25 « indispensables » de la SF, Le Jour où la terre s’arrêta est bien entendu une évidence. Tout d’abord car il reste emblématique d’un début de décennie marquée par la peur du communisme symbolisée par une URSS possédant dorénavant elle-aussi la bombe atomique et par cette guerre en Corée qui faisait alors rage provoquant au passage l’abaissement de la conscription à 18 ans. Wise montrait ainsi dans ce film une société terrifiée pour ne pas dire ébranlée dans ses certitudes qui ne voulait pas croire en ce message de paix délivré par cet extra-terrestre. Dans la revue de cinéma Écran de 1972 (N° 2 février) Wise affirmait au journaliste et critique Rui Nogueira : « Je crois que les films de SF offrent beaucoup plus de possibilités que n’importe quel autre type de film pour les messages, les thèmes, les commentaires, les avertissements sur notre monde, pays ou société. C’est pour cette raison que j’ai aimé tourner Le Jour où la terre s’arrêta. » Tout est dit.
Un excellent Blu-ray est paru en 2008. Il a été réédité en 2010 et 2011. Il est surtout exemplaire par la qualité et la richesse des compléments qu’il propose. Le master mériterait certes une restauration mais en l’état il fait encore plus que le job. Le DCP que la Cinémathèque utilise pour cette projection s’appuie forcément sur celui-ci. Là aussi, tout comme pour La Mouche, on est heureux de constater que Disney ne fait pas/plus barrage pour que les films les plus emblématiques du catalogue Fox restent visibles.

Metropolis - Affiche allemande

  • 4 – Metropolis (Fritz Lang – 1927) – Projection DCP

Metropolis se déroule en 2026 et par certains aspects, Fritz Lang avait vu juste. Non par prescience mais par ses convictions en l’être humain. Ici quelques nantis vivant sur les hauteurs de la ville font trimer une masse informe d’ouvriers dans les bas-fonds de celle-ci pour leur seul bien-être. Point d’allégorie ici mais la représentation de notre monde actuel où 1% de la population possède près de la moitié de la fortune mondiale. Des inégalités pas nouvelles mais qui s’accroissent d’année en année. Et Fritz Lang avec Metropolis de les dénoncer en appelant à la révolte dont le déclencheur et vecteur visuel est un Androïde aux traits féminins. Mais en fait Metropolis va bien au-delà de ce message de toute façon mis à mal lors de sa conclusion (un nouveau pacte est scellé entre le capital et le travailleur qui va se révéler quelques années plus tard proche de la doctrine fasciste). Il est une œuvre protéiforme à la richesse visuelle inégalée qui véhicule une identité idéologique, politique, sociétale… multiple. Ce pourquoi il reste plus que jamais encore aujourd’hui une œuvre essentielle et magistrale.
On ne reviendra pas ici sur les déboires de Metropolis qui fut un échec critique et commercial à sa sortie. On vous invite à (re)lire notre dossier en cliquant ici. Une saine lecture qui ne pourra que vous donner envie de (re)voir le film à la Cinémathèque qui le propose dans sa dernière version de 152 minutes via un DCP s’appuyant sur la dernière restauration 2K.
Niveau Blu-ray on aimerait vous conseiller les deux éditions parues en décembre 2022 chez Potemkine. Mais si vous avez la chance de les trouver (surtout le coffret collector) il faudra allonger l’oseille. Nous on pense que vous trouverez votre bonheur chez l’éditeur anglais Eureka Entertainment qui en 2010 avait édité le film dans sa version dite reconstruite et restaurée 2K de 152 minutes pur un prix ne dépassant pas les 20 euros. Alors certes vous n’aurez pas le boîtier métal en relief, le livre… mais vous aurez droit à moult autres bonus tout aussi passionnants.

Starship Troopers de Paul Verhoeven - Affiche France

  • 3 – Starship Troopers (Paul Verhoeven – 1997) – Projection DCP

Tout a été dit ou presque sur Starship Troopers à commencer par Digital Ciné qui s’est fendu ici d’un petit dossier fort complet qui ma foi se relit sans déplaisir (y a pas de mal à s’envoyer des fleurs de temps à autre). Certains considèrent Starship Troopers comme le meilleur film de Paul Verhoeven et il faut bien dire qu’avec sa charge sociétale à boulet rouge de l’American Way of Life nichée au sein d’un film qui prenait la forme d’un vulgaire « Actioner » comme on en trouvait des palanquées au sein des linéaires de tout vidéo club digne de ce nom, on est pas loin de penser pareil. Et ce même si RoboCop (1987) reste notre chouchou.
La Cinémathèque annonce une projection DCP certainement issu du master restauré 4K datant de 2017 que l’on a pu découvrir sur le Blu-ray 4K édité aux États-Unis par Arrow (on l’espère en tout cas). Oui parce que de par chez nous la seule chose qui existe est un Blu-ray datant de 2007. Un Blu-ray qui ne reprenait même pas l’ensemble des bonus présents sur le DVD de 2001 où l’on trouvait le mythique commentaire audio de Verhoeven en VOST. Si vous possédez ce DVD, gardez-le précieusement car si le commentaire audio en question est bien présent sur les différentes édition BD et BD 4K étasuniennes, il ne sera proposé qu’en VO. Pour la petite histoire, un tel écart de traitement entre la France et les États-Unis vient sans aucun doute du fait que Sony détient les droits du film sur le territoire américain et que c’est Disney qui a ce privilège en France. Et à l’évidence Disney n’est pas prêt à s’entendre avec Sony pour nous proposer le film en Blu-ray 4K chez nous.

Alien - Affiche

  • 2 – Alien (Ridley Scott – 1979) – Projection en 70mm

Que peut-on dire de plus sur ce dorénavant classique de la SF ? Sinon qu’au sein de cette liste estampillée « indispensable de la science-fiction » on aurait aussi aimé y trouver Blade Runner de ce même Ridley Scott. Qu’à cela ne tienne, (re)voir ce fleuron du genre et du cinéma tout court en 70mm de surcroît est une opportunité qu’il serait tout simplement criminel de louper.
Et puis si malgré tout votre agenda ne vous le permet pas, il y a toujours la possibilité du Blu-ray 4K qui là aussi vous fera crier de bonheur. Mais attention, là vous risquez de déranger les voisins.

The Thing - Affiche

  • 1 – The Thing (John Carpenter – 1982) – Projection DCP

Le film qui a scellé le futur de John Carpenter avec les Studios (en l’occurrence Universal). Même si d’autres tentatives ont eu lieu par la suite (Starman / Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin), elles se sont toujours révélées négatives (budgets mal maîtrisés, échecs au box-office…) reléguant John Carpenter aux films indés et à sa marque de cinéaste franc-tireur qui ont fait sa légende mais qui l’ont aussi profondément mortifié. The Thing est un cas d’école. Remake d’un film culte des années 50 (La Chose d’un autre monde de Christian Nyby et Howard Hawks). Sorti aux États-Unis au cœur d’un été 82 devenu légendaire où pas moins de 9 films (en comptant The Thing), devenus pour la plupart cultes depuis, sortent au cinéma. On découvrait alors Blade Runner, Mad Max 2 : Le Défi, Conan le Barbare et surtout E.T., l’extraterrestre qui devait tout emporter sur son passage niveau box-office. Difficile dans ces conditions pour The Thing, l’histoire plus qu’anxiogène et nihiliste d’une équipe coincée dans sa base polaire aux prises avec un alien protéiforme et survivaliste, d’émerger et de toucher de surcroît une société en pleine régression reaganienne. Le film fera à peine mieux en France avec 562 478 entrées.
Concassé par la critique de l’époque, il est aujourd’hui devenu un classique, un film culte, bref ce que vous voulez. Sur le long terme et ses moult sorties en vidéo, il a finalement rapporté de l’argent à Universal et il est étudié dans toutes les écoles de cinéma sans parler de ses effets-spéciaux signés Rob Bottin devenus légendaires.
Pour aller plus loin et rien qu’en France, vous avez l’embarras du choix avec des éditions combo 4K et Blu-ray chez Universal qui depuis 2021 proposent le film dans sa version restaurée 4K initiée en 2017 et validée par Carpenter et son directeur de la photo Dean Cundey. On vous en dit plus ici.
Ah et dernière chose The Thing est certainement plus un film à ranger du côté du fantastique que de la SF. Mais on s’en fout car la possibilité de le revoir dans la grande salle Henri Langlois via un DCP sourcé depuis la restauration 4K évoquée plus haut, annihile toute volonté de se la jouer plus intelligent que les « brainstormeurs » de la Cinémathèque.

Cette sélection des 25 indispensables de la science-fiction sont à (re)découvrir à la Cinémathèque du 16 mars au 17 avril 2023. Programme complet en cliquant ici.

  Lâchez-vous !

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *