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Fiche film : No dormirás

No dormirás est né d’une expérience personnelle de Gustavo Hernandez. Après des nuits d’insomnies, où ses sens étaient devenus plus vifs et la perception de son environnement plus aiguë, le metteur en scène a commencé à faire des recherches sur les répercussions du manque de sommeil sur le cerveau et le corps. Il a alors trouvé qu’il serait intéressant de partir du postulat d’une veillée extrême et prolongée.

En construisant son récit autour du passé, comme c’était déjà le cas avec The Silent House, Gustavo Hernández interroge l’inconscient collectif sud américain. Dans son premier film, il revenait sur un fait divers qui se serait déroulé dans les années 1940. L’histoire de No dormirás se passe, sans qu’on y fasse allusion, dans une période trouble marquée par la dictature dans les années 1980. Il ne s’agit donc plus d’évoquer les fantômes du passé, mais d’y faire face. Comme l’Argentine, l’Uruguay réprimait par le sang toute contestation et les artistes faisaient partie de ces cibles privilégiées. Les hôpitaux psychiatriques étaient parmi d’autres bâtiments publics des lieux de tortures, si bien qu’il est difficile de ne pas avoir en tête ce passé douloureux : la privation de sommeil étant, par ailleurs, une technique de torture bien connue.

No dormirás (2017)

Réalisateur(s) : Gustavo Hernandez
Acteurs : Eva de Dominici, Belén Rueda, Natalia de Molina, Susana Hornos
Durée : 1h46
Distributeur : Eurozoom
Sortie en salles : 16 mai 2018

Résumé : 1984. Dans un hôpital psychiatrique abandonné, une compagnie théâtrale menée de main de maitre par Alma, expérimente une technique extrême de jeu. En privant ses comédiens de sommeil, Alma prétend les préparer à donner le meilleur d’eux-mêmes. Au fur et à mesure des jours d’insomnie, les acteurs ressentent des choses de plus en plus étranges… Bianca, jeune actrice en compétition pour le rôle principal, tente de percer les secrets de cet étrange endroit et devient bientôt l’objet de forces inconnues.

Articles / Liens :

  • Avis express : On se souviendra peut-être de The Silent House (La Casa muda) qui fit son petit effet lors de sa première projection à la quinzaine cannoise en 2011 puisqu’il s’agissait d’un film d’épouvante de 78 minutes tourné en un seul plan séquence. Pour 6 000 dollars et en 4 jours de tournage, le cinéaste uruguayen Gustavo Hernandez racontait l’installation pour la nuit d’un père et sa fille dans une maison de campagne en vue de la retaper. L’affiche pérorant alors fièrement « La peur en temps réel ». Sauf que pas vraiment puisqu’il s’agissait en fait d’un faux plan séquence (comme c’est souvent le cas) et que l’histoire d’une banalité à pleurer avait tôt fait d’enterrer la chose dans les limbes de l’histoirette du genre.
    Mais voilà que Gustavo nous revient cette fois-ci avec un film tout ce qu’il y a de plus classique et doté de surcroît  d’un budget conséquent de près de 10 millions de dollars. Très au-dessus de la moyenne des productions Blumhouse du moment par exemple et une somme à faire pâlir d’envies tout réalisateur en herbe français qui adorerait pouvoir s’essayer à ce genre de cinéma. Pour autant, on cherche encore les brouzoufs à l’écran. Le film a en effet pour quasi unique décor une très grande bâtisse désaffectée, quelques actrices et acteurs qui n’émargent certainement pas à plus de cinq zéros sur leur chèque de fin de tournage tout en proposant un climax de fin avec des SFX tellement peu convaincants qu’on les croirait développés par la même boîte à qui l’on doit la magnifique brume en 3D de Dans la brume (sic !).
    Que dire ensuite de l’histoire pour le moins tirée par les cheveux mais pas assez cependant pour réveiller un insomniaque qui dormirait debout ? C’est d’ailleurs le cœur de l’intrigue. Plonger des acteurs et actrices dans une sorte de rêve éveillée (entendre les priver de sommeil le plus longtemps possible) afin qu’ils puissent délivrer une prestation scénique totalement azimutée. Mais pousser ainsi les organismes ne sera pas sans conséquence. Ben oui car déjà la grande bâtisse en question est forcément lugubre et si elle sert de scène pour futur public en mal de sensations fortes où le fameux quatrième mur disparaîtra, elle va aussi permettre au cinéaste d’abuser de jump scares d’un autre temps et de mises en abyme aussi torturées que son histoire reste insipide.
    On peut lire dans le dossier de presse que No dormirás est aussi une allégorie vis-à-vis d’un pays qui connaissait encore la dictature au début des années 80, période à laquelle est censée se dérouler l’action du film. Il symboliserait une société qui avait besoin de se faire violence pour arracher les derniers oripeaux d’un régime bientôt exsangue. Nous on veut bien. Mais pour cela, il aurait peut-être été préférable d’adopter un ton moins crypto-gothique et de développer une certaine empathie avec son spectateur qui s’est lui pour le coup assoupi paisiblement depuis un bon moment. SG2/5
  • Box-office : Eurozoom a su convaincre un peu moins de 80 cinémas à distribuer ce film qui est à date l’un des plus gros budgets pour une co-prod uruguayenne. C’est en tout cas bien mieux que la misérable copie accordée en mars dernier par Metropolitan à Battleship Island, le plus gros carton pour un film coréen dans son pays l’année dernière. Edit 17/05 : Sur 70 copies le film réalise 1 441 entrées en 24 heures. Ce qui laisse augurer d’un peu moins de 50 000 spectateurs au final. C’est peu. 

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