The Amusement Park - Image une fiche fim

Fiche film : The Amusement Park (1973)

The Amusement Park a une histoire de production pour le moins singulière. Ce moyen métrage était en fait une commande de Lutherian Services, une ONG internationale de l’Église Luthérienne, avec l’objectif d’éveiller par l’image les consciences sur les effets de la vieillesse, les stigmatisations de la société et la maltraitance envers les personnes âgées.

The Amusement Park de George A. Romero, perdu depuis 46 ans, gagnera les salles hexagonales plus de 46 ans après sa production dans une copie restaurée 4K supervisée par Suzanne Romero, en collaboration avec IndieCollect, société new-yorkaise chargée de préserver le cinéma indépendant américain. Cette version a d’ailleurs connu sa première mondiale le lundi 12 octobre 2020 au Festival Lumière à Lyon – un évènement qui fut suivie, quelques heures plus tard, d’une première américaine au Regent Square Theater de Pittsburgh, ville natale du cinéaste.

The Amusement Park (1973)

Réalisateur(s) : George A. Romero
Avec :  Lincoln Maazel, Harry Albacker, Phyllis Casterwiler
Durée : 0h53
Distributeur : Potemkine Films
Sortie en salles : 21 octobre 2020

Résumé : Alors qu’il pense passer une journée paisible et ordinaire, un vieil homme se rend dans un parc d’attractions pour y découvrir un véritable cauchemar.

Articles / Liens :

  • Avis : Que tous ceux qui pensaient que la critique française et internationale avaient surinterprété la portée sociétale et politique de Zombie (1978) lèvent le doigt ! Pendant que l’on baisse le nôtre, revenons donc sur la petite claque assénée par ce moyen métrage de George A. Romero longtemps considéré comme perdu et récemment exhumé par la veuve du cinéaste. The Amusement Park est une commande d’une organisation religieuse de Pennsylvanie, État qui avait vu éclore le talent du cinéaste après son passage à la fac de Pittsburg et surtout après la réalisation de La Nuit des morts-vivants (1968) tourné intégralement dans les environs de la ville.
    Mais si ce premier long rencontra immédiatement un joli succès au box-office au sein des réseaux de cinéma parallèles et dans les Drive-In, des histoires de copyrights mal négociées l’empêchèrent d’avoir un quelconque retour sur investissement. Les trois films suivants ne lui permettant pas de véritablement confirmer cet engouement (relatif) du public c’est donc un Romero sur la paille qui accepte de tourner en 1973 ce film dont le but était d’attirer l’attention du grand public sur le sort pitoyable que réservait la société envers le troisième âge. Disposant d’un budget riquiqui, Romero va détourner la commande pour faire de The Amusement Park un brûlot qui avec le recul fait immédiatement le lien entre La Nuit… et Zombie.
    Imaginez un homme d’un âge certain qui compte bien profiter de sa retraite. Le voilà qui entre dans une pièce immaculée de blanc tombant nez à nez sur ce qui nous apparaît comme son double mais dans un état physique et psychique pitoyable. Après un embryon d’échange où le double décharné enjoint l’homme à ne pas aller plus loin, le voici ouvrant une seconde porte donnant sur un parc d’attractions. Là, Romero va déployer ce qu’il sait faire de mieux. À savoir transformer cet environnement apparemment festif en un cauchemar éveillé pour cet homme qui quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, quoi qu’il entreprenne va se retrouver prisonnier d’une forme de toile d’araignée qui inlassablement le ramènera à sa condition d’homme plus du tout en phase avec une réalité pour lui impitoyable.
    Et Romero d’user d’une mise en scène proche de l’allégorie. Ici des autos tamponneuses sont le parfait alibi pour mettre en avant l’impossibilité manifeste de pouvoir encore conduire à cet âge. Là le simple fait de s’adresser à une enfant provoque l’ire de la masse pensant avoir affaire à un satyre (Cf. l’image utilisée en une de cet article). Ici des motards viennent le dépouiller alors que le parc s’est brusquement vidé comme pour symboliser le peu de considérations de ses semblables en pareille circonstance. Une séquence qui rappelle au demeurant celle ultra célèbre dans Zombie. On pourrait en citer d’autres comme le traitement réservé à ceux qui sont totalement laissés sur le bas-côté des soins médicaux d’urgence ou ces attractions qui sont ostensiblement réservées aux personnes ne présentant aucun handicap ce qui permet à Romero de filmer littéralement ses « vieux » telle une armée déambulant à la manière de zombies plus vrais que nature.
    Bien entendu le film se termine comme il a commencé formant dès lors une boucle sans fin. Pour la petite histoire la « Lutheran Service Society de Pennsylvanie » a été horrifié du résultat et a enterré aussi sec ce film que l’on croyait donc définitivement perdu. Est-il besoin à ce stade de préciser que voilà un parc d’attractions qui annonce clairement le futur centre commercial de Zombie où les vieux avec leurs déambulateurs et cannes en tous genres ne sont rien d’autres que des morts-vivants symbolisant cette société en putréfaction. Mais plus encore et signe que The Amusement Park (of the dead) reste d’une actualité effrayante, le film de Romero renvoie à la crise sanitaire vécue aux États-Unis sous l’administration Trump. Preuve que le pire est toujours à venir 4/5
  • Box office : Notre partenaire CBO annonce 15 copies France et 35 entrées sur Paris 1er jour.
  • La chronique Blu-ray : Une édition Blu-ray est déjà annoncée pour septembre 2021 chez Potemkine Films.

 

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