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Fiche film : Le Retour (2023)

La Fracture, le précédent long-métrage de Catherine Corsini, et Le Retour ont un point commun : la présence d’Aïssatou Diallo Sagna. Cette aide-soignante faisait ses débuts d’actrice dans La Fracture, pour lequel elle a remporté le César du meilleur second rôle féminin. La réalisatrice souhaitait retrouver la comédienne sur un nouveau film.

Catherine Corsini a co-écrit Le Retour avec Naïla Guiguet, une jeune scénariste diplômée de la FEMIS, et dont la mère est d’origine sénégalaise : « J’ai écrit cette histoire avec elle, car je me sentais trop loin de cette jeunesse qui m’intéresse. Elle m’a beaucoup nourrie… »

Le Retour (2023)

Réalisateur(s) : Catherine Corsini
Avec : Aïssatou Diallo Sagna, Suzy Bemba, Esther Gohourou, Lomane De Dietrich, Virginie Ledoyen, Cédric Appietto, Harold Orsoni, Denis Podalydès
Distributeur : Le Pacte
Durée : 1h46min
Sortie en salles : 12 juillet 2023

Résumé : Khédidja travaille pour une famille parisienne aisée qui lui propose de s’occuper des enfants le temps d’un été en Corse. L’opportunité pour elle de retourner avec ses filles, Jessica et Farah, sur cette île qu’elles ont quittée quinze ans plus tôt dans des circonstances tragiques.
Alors que Khédidja se débat avec ses souvenirs, les deux adolescentes se laissent aller à toutes les tentations estivales : rencontres inattendues, 400 coups, premières expériences amoureuses. Ce voyage sera l’occasion pour elles de découvrir une partie cachée de leur histoire.

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  • Notre avis : Après avoir décidé, un peu par hasard, de remettre le nez dans la filmo de Catherine Corsini avec La Fracture, une très belle surprise (tout du moins pour nous) qui au passage a consacrée Aïssatou Diallo Sagna, jusqu’ici aide-soignante de profession, par le César de la meilleure actrice dans un second rôle, nous n’avons pas eu à nous faire prier pour découvrir Le Retour. Bien nous en a pris tant la réalisatrice semble vouloir continuer à explorer avec une belle prescience les saillies de son temps. Dans La Fracture on était à la limite du film militant qui pointait du doigt l’échec de la politique de la santé menée depuis plus de 30 ans par nos gouvernements de droite ou de gauche. Avec Le Retour, elle se permet de rendre compte de la jeunesse actuelle de France en usant d’une histoire somme toute assez simple (pour ne pas dire convenue) mais portée par des actrices époustouflantes et une écriture qui nous a littéralement bluffée.
    Car oui ce que nous raconte Le Retour ne va pas révolutionner le manuel du petit scénariste : une mère de deux filles en bas âge s’échappe d’un environnement devenu par trop toxique pour refaire sa vie ailleurs. Quinze ans plus tard là voici de retour en Corse avec ses dorénavant adolescentes. Le temps d’un été où elle accompagne une famille aisée qui lui a demandé de continuer à gérer leurs enfants au quotidien, elle va remonter le temps et se frotter à une réalité rouvrant des blessures mal cicatrisées. Quant à ses deux progénitures, elles vont tenter de faire enfin le deuil d’un père qu’elles n’ont pour ainsi dire jamais connu. Ça c’est pour les grandes lignes et la grande histoire en quelque sorte. Celle qui finalement est convenue, déjà vue et tutti quanti. Mais c’est en fait le fil rouge d’une étude sociale à plusieurs entrées fort bien troussée. Celle autour de la mère est peut-être la moins surprenante. En ce sens que voilà une femme noire aux motivations finalement assez floues sinon peut-être de permettre à ses deux filles d’explorer un chemin qu’elle-même ne peut ou veut pas refaire.
    En devenant de fait et très rapidement le sujet central du film, Jessica (Suzy Bemba) et Farah (Esther Gohourou) portent ainsi sur leurs épaules peu aguerries ses destinées. Et elles le font avec un naturel, un aplomb, pour ne pas dire avec une provocation chevillée au corps qui heurtera d’abord le spectateur pour l’emmener très vite dans un univers où finalement les codes de vie sont universels. Une évolution et une forme de rapprochement que l’on doit bien évidemment à Catherine Corsini mais aussi et certainement à sa jeune coscénariste Naïla Guiguet tout juste diplômée de la FEMIS. La volonté est très clairement de rendre compte d’une jeunesse d’aujourd’hui en y appliquant quelque part une méthode empruntée à Doillon, Pialat ou Rohmer. On pense en effet sans trop se forcer à des films tels que Les Doigts dans la tête (1974), Passe ton bac d’abord (1978) ou La Collectionneuse (1967). Un savant mélange d’une mise à nu pudique et d’une révolte permanente des sens.
    C’est véritablement là que Catherine Corsini touche au cœur et encore une fois du doigt la finalité de sa proposition de cinéma. Elle y arrive à l’aide d’une mise en scène en attente de ce qu’elle provoque mais sans rien voler et encore moins violer. Le Retour est ainsi sans cesse sur la corde raide en exigeant le même état d’esprit de son spectateur. Une telle interaction emmène son film en des contrées peu explorées dans sa filmo mais qui soulignent encore cette envie de prendre à bras-le-corps des sujets qui remuent son propre quotidien (c’est elle qui le dit) et de les partager avec nous avec une sincérité de cinéma qui ne peut que nous captiver et nous enthousiasmer. 3,5/5
  • Box office : 4 062 entrées sur 195 copies lors de la 1ère journée d’exploitation. C’est le plus mauvais départ pour un film signé Catherine Corsini. Déjà, les 17 048 entrées (sur 347 copies) générées par La Fracture sur la même période s’inscrivaient à la baisse au regard des précédentes réalisations de la réalisatrice. Son cumul à 275 728 spectateurs laisse augurer que Le Retour ne pourrait peut-être même pas titiller la barre des 100 000 entrées. Un coup de grâce pour la société Chaz Productions ? Rappelons en effet que Le Retour n’a cessé d’essuyer depuis son annonce en sélection officielle au Festival de Cannes (et même avant en fait) diverses accusations depuis des signalements pour gestes présumés déplacés à diverses tensions sur le tournage. Celui-ci a aussi du surmonter un accident de voitures impliquant des jeunes figurants du film sans parler d’une sanction financière de la part du CNC (700K€ ramené par la suite à 330K€) suite à une erreur administrative de la production (une scène intime impliquant deux adolescents qui a été tournée mais qui ne figurait pas dans le scénario présenté au CNC. Scène finalement coupée au montage) obligeant la production à écourter les prises de vue. Le tout a généré une odeur de souffre lors de sa présentation cannoise pour autant vite retombée. Catherine Corsini s’expliquant largement lors de la conférence de presse et les jeunes actrices présentes sur la croisette affichant une sérénité et une joie de défendre le film sans équivoque. Pour autant et à l’évidence Le Retour ne s’en est jamais remis alors que par ailleurs et au moment où nous écrivons ces quelques lignes aucune plainte n’a été déposée. Il suffit de relever le nombre de copies que Le Pacte est arrivé à négocier. On est en effet sur une exposition divisée par deux si on compare avec La Fracture donnant in fine certainement raison au message plein de colère envoyé par Jean Labadie, le fondateur de la société Le Pacte que nous vous reproduisons ci-dessous in extenso : « Le Retour a été l’objet d’une polémique qui a failli lui coûter sa place en Compétition au dernier Festival de Cannes. Après enquêtes et vérifications auprès de l’équipe du film et des comédiens, Thierry Frémaux et le Conseil d’Administration ont décidé de maintenir le film en Sélection Officielle car aucune plainte d’aucune sorte n’avait été déposée contre Catherine Corsini ou sa productrice Elisabeth Perez. Malheureusement, le mal était fait : les rumeurs les plus injustes et diffamatoires ont été reprises par la sphère médiatique sans aucune enquête sérieuse ou contradictoire.
    Une erreur administrative relevée par le Comité Central d’Hygiène de Sécurité des Conditions de Travail (CCHSCT) a été immédiatement reconnue par la production : il s’agit d’une scène non déclarée et donc non visée par la Commission des enfants du spectacle.
    La polémique qui a fait suite mène aujourd’hui à l’invisibilité du film (…). Malgré des réactions globalement positives sur le film d’une cinéaste confirmée et reconnue, nous voyons que le film risque d’avoir une place rédactionnelle soit réduite, soit carrément nulle. La crainte d’être associé à un scandale justifierait soi-disant la retenue ou même des refus de partenariats…
    Cette omerta médiatique s’accompagne par ailleurs de la plus grosse sanction financière jamais subie par un film de la part du CNC, et c’est précisément ce qui a contribué à faire enfler les fantasmes sur la scène non autorisée ! En effet, cela amène à croire que la vérité sur les faits est finalement moins importante que la médiatisation d’une polémique basée sur des rumeurs, propagées par des lettres anonymes.
    Par ailleurs, le CNC a suggéré de couper la scène incriminée, ce que la réalisatrice et la productrice ont fait, par crainte de ne pas obtenir l’agrément de production.
    Dernièrement, Médiapart a décidé de mener une enquête, avec une publication concomitante à la sortie de notre film.
    En toute transparence, Catherine Corsini et sa productrice Elisabeth Pérez ont accepté de répondre sans aucune forme de censure à leurs interrogations. (…).
    Le film Le Retour représente un risque énorme pour tous ceux qui l’ont accompagné, mais au-delà de nos engagements financiers, c’est le sentiment que sur des courriers anonymes, sur des rumeurs non vérifiées un film, une cinéaste, une productrice peuvent être assassinés.
    A l’heure où se pose la question de la liberté de la presse et de l’avenir de l’exception culturelle, pouvez-vous accepter cette condamnation injuste aboutissant à l’éradication d’une œuvre ? ». Edit 19/07 : 22 450 entrées en une semaine. C’est donc confirmé, Le Retour n’aura donc pas trouvé son public. Pis, comme le dit Jean Labadie, il a été cloué au piloris sans aucune chance de pouvoir s’en sortir. Edit 31/10 : 42 286 entrées au cumul en 6 semaines de présence dans les cinémas.
  • La chronique Blu-ray : Le Pacte a pour habitude de quasiment tout sortir en Blu-ray. Le Retour ne devrait a priori pas déroger à la règle. Edit 31/10 : Un Blu-ray est en effet annoncé pour le 15 novembre.

Le Retour - Affiche

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