La saison des Oscars est souvent l’occasion de s’écharper entre amis sur les oublis du Palmarès ou autour de paris quant aux futurs gagnants ou encore de veiller pour suivre les commentaires oiseux du grand échalas aux vannes grasses dont les connaissances en matière de cinéma se réduisent à la portion congrue quand Didier Allouch fait ce qu’il peut pour relever le niveau et ne pas toujours rire jaune. Tiens, on verrait bien d’ailleurs notre grand escogriffe se grimer en black comme au bon vieux temps du cinéma muet histoire d’en remettre une couche quant à la belle présence des afro-américains (c’est comme ça qu’on dit si on veut être politiquement correct. Non parce que les blacks entre eux ils ont le droit de dire frères ou négros) dans la liste des nommés cette année. On applaudirait des coudes en tout cas.
Mais on s’égare car tel n’est pas notre propos ici. Quelque part on s’en fout un peu des Oscars (depuis quelques années d’ailleurs). Ben parce que l’on a passé l’âge de s’endormir comme une petite crotte sur son canapé, que l’on n’a plus de copains et que l’on préfèrera en cas d’insomnie se mater en Blu-ray un des récipiendaires de la statuette dans la catégorie meilleur film. L’occasion donc pour nous de lister ce qui existe dans le domaine dans un passé plus ou moins proche (cette intro se veut réutilisable à l’envi donc inutile de nous chercher des noises. Merci) en pointant le meilleur choix histoire de vous guider dans le cas où la soirée serait trop naze, que vos amis imaginaires dormiraient ou que l’autre derrière son micro serait trop bourré / jetlagué. Tiens pour la peine on vous renvoie vers la première partie de ce magnifique dossier histoire de…
- 1946 : Le Poison (The Lost Weekend)
- 1947 : Les Plus Belles Années de notre vie (The Best Years of Our Lives)
- 1948 : Le Mur invisible (Gentleman’s Agreement)
- 1949 : Hamlet
- 1950 : Les Fous du roi (All the King’s Men)
- 1951 : Ève (All about Eve)
- 1952 : Un américain à Paris (An American in Paris)
- 1953 : Sous le plus grand chapiteau du monde (The Greatest Show on Earth)
- 1954 : Tant qu’il y aura des hommes (From Here to Eternity)
- 1955 : Sur les quais (On the Waterfront)
- 1956 : Marty
- 1957 : Le Tour du monde en quatre-vingts jours (Around the World in 80 Days)
- 1958 : Le Pont de la rivière Kwaï (The Bridge on the River Kwai)
- 1959 : Gigi
- 1960 : Ben-Hur
Le Poison (The Lost Weekend) de Billy Wilder – 1945 – États-Unis – 1h41 – 1.37:1 Noir&Blanc – Paramount Pictures
Oscars facts : Le Poison fut nominé 7 fois et remporta 4 Oscars (film, réal, acteur pour Ray Milland et scénario). Le film de Wilder fut aussi avec Marty en 1955 le seul à remporter la palme d’Or qui s’appelait alors Grand Prix du Festival International du Film.
Si l’on pouvait regretter qu’Assurance sur la mort n’ait pas obtenu une seule récompense en 1944 alors qu’il fut nominé à 7 reprises, les votants surent se rattraper en distinguant cette année là The Lost Weekend à quatre reprises. Un peu comme un retour de boomerang bienheureux tant le nouveau film de Billy Wilder est assez éloigné des canons hollywoodiens habituellement honorés aux Oscars. C’est que The Lost Weekend est de la race de ces films sans concessions, épurés dans sa mise en scène et dépourvus de véritables enjeux dramatiques. Il faut croire que le succès dans les salles, après une sortie initiale en catimini, aura forcé son destin auprès des votants. Règle immuable s’il en est à Hollywood.
The Lost Weekend demeure un film audacieux, un film noir, mais pas dans le sens que l’on veut bien donner à ce « label ». Il n’y a pas de meurtres ici, pas d’enquêtes, pas de femmes fatales, pas de bad guys… On y parle en fait d’addiction. De celle d’un homme que l’alcool détruit, isole et précipite au bord de la folie le temps d’un week-end. C’était la première fois qu’un film, de surcroît mainstream, abordait ainsi de front l’alcoolisme comme ce sera aussi le cas dix ans plus tard pour la drogue dans L’Homme au bras d’or d’Otto Preminger avec Frank Sinatra. Le film demeure d’une rare honnêteté doublée d’une rectitude narrative qui force toujours autant le respect. Wilder se permet même une séquence de Delirium tremens qui n’aurait pas juré au sein des futures productions horrifiques de la Hammer ou dans Shock Corridor de Fuller réalisé quelques 18 ans plus tard. Quant à la fin qui semble détonner avec le reste, elle peut se voir aussi comme une sorte de rédemption passagère et fictive encore plus cruelle. Petite anecdote qui vaut son pesant de cahouètes : The Lost Weekend fit tellement peur avant sa sortie que l’industrie des spiritueux offrit 5M de dollars à la Paramount (le budget total engagé sur cette production) pour qu’ils enterrent le film. C’est Billy Wilder qui dévoila la chose en précisant, non sans une certaine dose d’humour noir qui lui était propre, que si l’on s’était adressé à lui directement, il aurait certainement accepté.
Un très beau Blu-ray existe. Il est édité en Angleterre chez Eureka au sein de son label Masters Of Cinema. Le master proposé n’est pas issu d’une restauration mais d’une copie 35MM d’origine sortie des coffres-forts d’Universal et masterisée en HD. À l’écran, cela donne quelques scories (surtout des petites tâches au début et à la fin du film) jamais rédhibitoires ceci dit. Bien au contraire. On a droit par ailleurs à des noirs ultra saturés et jamais bouchés. La définition y est agréable sans jamais tomber dans le dégrainnage à tout prix. Mais ce qui fait aussi l’achat indispensable de cette édition sont les trois heures d’interviews de Wilder menées par le cinéaste allemand Volker Schlondorff. Ils étaient devenus amis après que celui-ci reçu un jour une lettre de Wilder lui notifiant tout le bien qu’il pensait de son film Le Tambour (Blu-ray édité chez nous par Arte). Aussi indispensable et passionnant que le bouquin de Cameron Crowe. Attention toutefois pour les allergiques à la langue de Shakespeare, ce Blu-ray ne propose qu’une piste VO et des sous-titres anglais. Edit 30/11/2020 : Un nouveau Blu-ray édité aux Etats-Unis par Kino Lorber depuis le 24 novembre est annoncé se sourcer depuis un master 4K fournit par Universal Pictures.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, quasiment tous ont été édités en Blu-ray. À commencer par Les Cloches de Sainte-Marie (The Bells of St. Mary’s) de Leo McCarey qui est en fait la suite de Going My Way qui pour rappel remporta l’Oscar du meilleur film l’année précédente. Le film est édité aux États-Unis chez Olive Films. Un éditeur indépendant qui a pour habitude de ne proposer aucuns sous-titres (sauf dans sa nouvelle collection dite Premium), ce qui est rédhibitoire quant à une éventuelle acquisition pour beaucoup d’entre nous. Il y a aussi Escale à Hollywood (Anchors Aweigh) de George Sidney, une comédie musicale où l’on y trouve une séquence de danse devenue célèbre avec Gene Kelly et Jerry, la souris de Tom et Jerry. Le Blu-ray édité par Warner, est disponible chez nous depuis le mois de mai 2015. Enfin, Hitchcock était une nouvelle fois mis à l’honneur avec La Maison du docteur Edwardes (Spellbound) dont les scènes de rêve dessinées par Salvador Dali restent encore dans toutes les mémoires. Le film est disponible en Blu-ray dans quelques pays européens mais pas chez nous et à chaque fois via des éditeurs indépendants. Warner ayant en effet lâché les droits à l’international pour se concentrer sur son territoire via une édition dépourvue de VF et de STF. On le déplore fortement car la copie présentée est digne du medium.
On s’en voudrait de ne pas citer le dernier nominé qui n’est autre que Le Roman de Mildred Pierce (Mildred Pierce) de Michael Curtiz. Formidable film noir avec la sublime Joan Crawford (récipiendaire de l’Oscar de meilleure actrice pour l’occasion) qui fut d’ailleurs l’objet d’un très bon remake sous la forme d’une mini-série produite par HBO en 2011 et réalisé par Todd Haynes avec Kate Winslet et Guy Pearce. Depuis le 21 février 2017, Criterion édite en Blu-ray le film de Curtiz via un master restauré 4K. D’après Beaver c’est superbe. Et pour info il est aussi dispo en Angleterre chez Criterion UK. Ce qui implique un zonage B et donc lisible pour ceux qui n’ont pas de lecteur Blu-ray dézonné. On précise toutefois qu’il n’y a que des sous-titres anglais et uniquement sur le film.
Les Plus belles années de notre vie (The Best Years of our Lives) de William Wyler – 1946 – États-Unis – 2h52 – 1.37:1 Noir&Blanc – RKO Pictures
Oscars facts : The Best Years of Ours Lives fut nominé à 8 reprises et obtint 9 statuettes. En effet il fut décerné un Oscar d’honneur à Harold Russell qui était un acteur non professionnel repéré par Wyler dans un film de propagande de l’armée de l’air sur la réhabilitation des vétérans où il était mis en exergue pour avoir perdu ses deux mains pendant la guerre. Le comité lui avait attribué cet Oscar pensant qu’il ne remporterait jamais celui de meilleur second rôle masculin. C’est donc l’unique fois dans l’histoire des Oscars qu’an acteur remporte deux statuettes pour le même rôle.
Avec ce film de Wyler qui reçoit ici sa deuxième récompense en tant que réal après Mrs Miniver et en attendant Ben-Hur en 1960 (cf dernier film traité au sein de ce papier), on revient dans la grande tradition de ces films hollywoodiens décrivant des tranches de vie concassées par la grande Histoire. Consacré donc par de multiples Oscars, Les Plus belles années de notre vie n’est pourtant pas un grand film surtout quand on sait qu’en face il y avait du très lourd avec It’s a Wonderful Life de Capra (on y revient plus bas). Il n’en reste pas moins que Wyler, en bon artisan réalisateur, a su imprimer à cette histoire dans l’air du temps d’alors une identité en propre par sa direction d’acteurs impeccable mais aussi par quelques séquences qui marquent encore. On pense à celle magnifique qui voit l’un des trois héros se retrouver dans le cockpit d’un bombardier mis au rebut. La symbolique est certes évidente pour celui qui ne trouve pas sa place dans cette société post seconde guerre mondiale mais elle est magistralement mise en abyme via l’utilisation de la mise au point intégrale qui veut que les premiers et arrières-plans soient toujours nets quelques soient les mouvement de caméra.
Il y a aussi des dialogues qui détonnent dans une Amérique déjà tournée vers la course au nucléaire et la prise de conscience du nouvel ennemi communiste. L’extrait vidéo ci-dessous est ainsi frappant et annonce quelque part la très prochaine chasse aux sorcières anticommuniste symbolisée par l’apparition sur la scène politique du sénateur Joseph McCarthy.
Et puis il est intéressant de (re)découvrir un film qui parle des anciens combattants, chose alors nouvelle à l’époque, qu’il faut réintégrer dans la société avec tous les égards qui leur sont dus au regard de leur sacrifice et/ou de leur héroïsme. À comparer avec la cassure imposée par la guerre du Vietnam et du traitement qu’en fera le cinéma américain. Hollywoodien ou non.
Il n’existe qu’un seul Blu-ray, et il est édité par la Warner aux States. Il est donc zone free et comporte des sous-titres français. Au-delà, l’image proposée est plus que satisfaisante avec un rendu N&B superbement contrasté. En fait c’est dans sa partie suppléments que le bât blesse avec la reprise de ce que proposait le DVD édité en 1998 (une présentation à la hache de l’actrice Virginia Mayo et une interview de Virgina Mayo et Teresa Wright). Cela reste toutefois précieux puisque depuis elles ont rejoint Wyler dans sa retraite définitive.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, quasiment tous ont été édités en Blu-ray. À commencer par Henry V de Laurence Olivier. La meilleure adaptation de la pièce de Shakespeare au cinéma est éditée par l’éditeur anglais ITV (l’Espagne et l’Allemagne ont aussi leur Blu-ray du film). L’image y est resplendissante mais attention on n’y trouve que des sous-titres anglais. Chez nous, le film reste inédit même en DVD. Ne surtout pas jeter du coup son dévolu sur l’horrible adaptation de Kenneth Branagh.
L’autre morceau de choix de cette année là n’est autre que La vie est belle (It’s a Wonderful Life) de Frank Capra. Ce classique parmi les classiques systématiquement rediffusé à la télé ricaine durant les périodes des fêtes de noël n’en finit jamais de répandre sa magie pour mieux nous faire pleurer façon chutes du Niagara. C’est sans aucun doute le feel good movie ultime alors que l’on y parle de suicide et que l’on broie du noir tout du long. James Stewart y compose là un de ses personnages dont il a le secret, à la fois attachant, proche du « peuple » et immédiatement accessible. Un modèle d’empathie qui fera sa légende hollywoodienne. Bien entendu, il existe une flopée de Blu-ray à travers le monde pour ce film. Notre attention se portera sur celui édité par Paramount aux États-Unis. L’image n’est pas issue d’une restauration dédiée pour le format mais plutôt de l’époque du DVD. Ce qui donne lieu à des fluctuations de définition et un grain aux abonnés absents. Précisons que ces remarques valent quand on veut regarder le film sur un écran de 2 mètres. Sur une dalle LCD ou Néo plasma cela passe beaucoup mieux. Au passage, on oubliera la version colorisée proposée au sein de cette édition. Un sacrilège quand même. Niveau bonus, on trouve un making-of très appréciable. Ceci étant dit, l’édition définitive reste encore à faire. C’est peut-être pour cela que celle-ci n’a jamais vu le jour en France (bon on déconne) où il n’existe que du DVD (Éditions Montparnasse et Paramount) pour le moins indigent.
Samuel Goldwyn / Harold Russell / William Wyler
Le Mur invisible (Gentleman’s Agreement) de Elia Kazan – 1947 – États-Unis – 1h58 – 1.37:1 Noir&Blanc – 20th Century Fox
Oscar facts : Oscar du meilleur film, Oscar du meilleur réalisateur et Oscar du meilleur second rôle féminin pour Celeste Holm. Gentleman’s Agreement fut également nominé pour l’Oscar du meilleur acteur (Gregory Peck), l’Oscar de la meilleure actrice (Dorothy McGuire), l’Oscar du meilleur second rôle féminin (Anne Revere), l’Oscar du meilleur montage et l’Oscar du meilleur scénario. Soit trois récompenses et 8 nominations.
Alors que la 88ème cérémonie des Oscars (2016) était placée sous l’égide du scandale avec la non présence d’actrices et acteurs noirs au sein des nominés provoquant au demeurant le boycott de beaucoup d’entre eux à la soirée elle-même, il y a près de 40 ans de cela, un film qui dénonçait l’antisémitisme larvé de la société américaine recevait trois Oscars dont celui du meilleur film pour l’immense producteur Darryl F. Zanuck et du meilleur réalisateur pour Elia Kazan. Gentleman’s Agreement raconte en effet comment un journaliste engagé par un journal libéral new-yorkais pour rédiger une série de papiers sur l’antisémitisme, se fait alors passer pour juif afin de mieux comprendre les vicissitudes et autres humiliations que peuvent subir ces hommes et femmes de confession hébraïque au sein de la société américaine.
Quand Zanuck mit ce film en production, la majorité des présidents de Studios hollywoodiens (pour la plupart juifs) essayèrent de l’en dissuader. On se souvient comment Jack Warner expurgea de fait toute notion d’antisémitisme dans La Vie d’Émile Zola (Oscar du meilleur film en 1938) qui était tout de même essentiellement centré sur l’Affaire Dreyfus. Surtout ne pas attirer l’attention et s’intégrer en silence, tel était le credo immuable, le dogme gravé dans le marbre. Il faut croire que malgré la Seconde guerre mondiale, la donne n’avait pas beaucoup changé. Ou si peu. Il faut préciser que Zanuck n’était pas juif mais protestant. Il décida d’adapter le livre best-seller de Laura Z. Hobson au titre éponyme quand il se vit refuser la carte de membre du Los Angeles Country Club. La direction pensant qu’il avait un blaze à consonance juive.
Pour autant, il ne fut pas satisfait du résultat reprochant au film son côté par trop policé et une démonstration peu subtile. Cela ne l’empêchera pas de collaborer à nouveau avec Kazan sur L’Héritage de la chair qui dénonçait cette fois-ci le racisme envers les noirs. On ne peut que donner raison à Zanuck. Le film se fourvoie dans des effets de manche et de style qui finissent par le retourner contre ce vers quoi il voulait dénoncer. Gregory Peck semble bien trop engoncé dans son costume de journaliste aux idées pures lui qui sera si brillant dans To Kill a Mockingbird (Du silence et des ombres) en 1962 dans son personnage d’avocat du sud défendant un homme noir accusé de viol. Reste tout de même le personnage de la fiancée de Peck jouée par Dorothy McGuire. Elle incarne cette Amérique de l’entre-deux. Celle qui hait l’antisémitisme sans vraiment prendre partie publiquement. Elle est cette Amérique silencieuse et toute autant coupable symbolisant cet accord de gentleman.
Il existe deux Blu-ray, l’un édité en Espagne que nous n’avons pas vu et un autre aux États-Unis chez la Fox. Celui-ci propose une image de toute beauté où le N&B est magnifiquement mis en valeur. Au niveau des bonus, on trouve un commentaire audio du critique Richard Schikel accompagné d’interventions de June Havoc et Celeste Holmmais ainsi qu’un mini doc plutôt intéressant sur la production du film réalisé par la chaîne ABC. Surtout, il contextualise le film dans son époque sans omettre de rappeler que Kazan fut de ceux qui dénoncèrent des collègues et des amis comme étant communistes les propulsant de fait sur la fameuse liste noire avec chômage et disgrâce à la clé. Une décision qui hantera toute sa carrière qu’il regrettera à la fin de sa vie tout en précisant qu’il le fit sans aucune pression mais bien mue par une intime conviction. On se demande si ce n’est pas pire en fait.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, quasiment tous ont été édités en Blu-ray. À commencer par Les Grandes Espérances (Great Expectations) de David Lean édité chez nous par feu Filmedia. L’image y est plus que recommandable car issue du même master restauré utilisé par l’éditeur anglais ITV en 2008. Quant au film, le charme agit toujours puisque lors de sa dernière vision c’était en compagnie du jeune héritier de la famille qui en est resté coi. On aurait pu aussi lui montrer Miracle sur la 34e rue (Miracle on 34th Street) de George Seaton, film familial s’il en est qui avec La Vie est belle de Capra dont on vous en disait un mot lors du chapitre précédent, est le champion des diffusions à la télé américaine en fin d’année. Le Blu-ray français édité par Warner est la localisation à l’identique de celui qui existe aux States. Mais bon, pas vu, pas pris. Enfin, fermons le ban avec Honni soit qui mal y pense (The Bishop’s Wife) de Henry Koster qui a pris un petit coup de vieux même si on le préfèrera à l’horrible remake de Penny Marshall avec Denzel Washington et Whitney Houston qu’elle réalisa en 1996. Quant au Blu-ray, il n’est disponible qu’aux États-Unis chez Warner mais region free avec des sous-titres français. À l’attention de ceux qui n’en veulent. Edit 20/03/2021 : Pour être complet, il manquait au tableau le Blu-ray de Crossfire (Feux croisés), film réalisé par Edward Dmytryk qui à l’instar du grand gagnant de cette année-là traitait lui aussi d’antisémitisme encore plus frontalement avec un casting aujourd’hui 5 étoiles (Robert Mitchum, Robert Ryan, Robert Young, Gloria Grahame…). Warner Archives aux États-Unis vient en effet de le sortir dans une édition proposant une image de toute beauté issue d’une restauration 4K depuis le négatif original. En bonus, on retrouve le petit doc contextualisant le film dans l’histoire de la production hollywoodienne de l’époque et le commentaire audio des deux historiens du cinéma Alain Silver et James Ursini présents sur le DVD édité par Warner Homme Video en 2005. En anglais sous-titré anglais (pour le film) zoné A.
Hamlet de Laurence Olivier – 1948 – Royaume-Uni – 1h58 – 1.37:1 Noir&Blanc – J. Arthur Rank / Two Cities Film
Oscar facts : Hamlet est le premier long métrage non américain à recevoir l’Oscar du meilleur film. Il est aussi récompensé dans les catégories meilleur acteur pour Laurence Olivier (une première là-aussi pour un acteur qui se met en scène), meilleure direction artistique dans un film en noir et blanc pour Roger K. Furse et Carmen Dillon et meilleure création de costumes pour un film en noir et blanc pour Roger K. Furse. Par ailleurs, John Huston avait deux films présents à la soirée cette année là. Ils obtinrent chacun une statuette dans les catégories interprétations. Son père Walter Huston dans Le Trésor de la Sierra Madre et Claire Trevor pour Key Largo.
En 1947 Laurence Olivier recevait un Oscar d’honneur « Pour sa remarquable performance en tant qu’acteur, producteur et directeur du film Henry V ». Deux ans plus tard c’est donc une deuxième forme de consécration qu’il obtint avec les quatre Oscars glanés pour Hamlet, deuxième film de ce qui deviendra la trilogie shakespearienne avec Richard III qu’il réalisera en 1955. Un triptyque tout simplement remarquable et unique dans l’histoire du cinéma mondial. Le seul qui pouvait lui faire un peu d’ombre c’est Orson Welles qui de son côté adaptait avec autant de génie Macbeth la même année puis Othello en 1952, sans oublier le brillant Falstaff en 1965, une totale création aux origines shakespeariennes puisqu’à la base un personnage issu des deux pièces que sont Henri IV et Les Joyeuses Commères de Windsorest.
Hamlet par Laurence Olivier est ce qui se fait de mieux pour aborder Shakespeare sans passer par la case lecture. Tout y est entre la plastique, la mise en scène et la mise en valeur de certains des thèmes les plus récurrents du dramaturge anglais. Olivier, dans sa réalisation flamboyante, a su les adapter au medium cinéma avec fougue sans oblitérer le génie de la pièce. Certes, certains personnages ont disparu, mais dans cette volonté de « simplification », il y a une envie d’embrasser un texte devenu mythique pour mieux le pérenniser à un Art qui a ses propres codes et sa propre grammaire. C’est tout l’à-propos et la clairvoyance de Laurence Olivier qu’il faut donc saluer ici. À comparer avec la version de Branagh qui à elle seule symbolise parfaitement l’une des tirades les plus connues de la pièce : « Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. »
En France, le film n’existe qu’en DVD. Il a été édité par feu Opening devenu par la suite Filmédia qui a lui aussi fermé ses portes. Mais on peut encore l’acheter en neuf ou en occase sur les sites de e-Commerce. Pour le trouver en Blu-ray, le mieux est de se tourner vers l’Angleterre et plus précisément chez l’éditeur ITV qui a mis en avant une restauration datant de 2009 que l’on retrouve sur les éditions italiennes, allemandes et espagnoles. Bien entendu, il faudra maîtriser la langue de Shakespeare genre niveau Master car à part des sous-titres anglais c’est ceinture. À noter que les deux autres films de la trilogie que sont Henry V et Richard III sont eux aussi dispos en Blu-ray en Angleterre (et aux States pour ce dernier chez Criterion). En France, on attend toujours.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, si tous n’ont pas eu les honneurs d’une édition Blu-ray, on peut tout de même dire que les deux films en question sont passés depuis dans le panthéon du cinéma mondial. C’est le cas des Chaussons rouges, une autre production anglaise au passage, signée du duo légendaire Powell / Pressburger que Carlotta a édité chez nous dans un Blu-ray définitif. C’est aussi le cas du Trésor de la Sierra Madre qui permet d’ailleurs à Huston de rafler la statuette de meilleur réal et que Warner Bros. a édité en Blu-ray en France depuis 2010. Il est la copie conforme de celui édité aux States. La galette est goinfrée de bonus et propose une image magnifique. On notera qu’il est généralement admis qu’avoir attribué l’Oscar du meilleur film à Hamlet est considéré comme le premier flop dans l’histoire des Oscars compte tenu justement de la présence du film de Huston. On se permettra de s’inscrire en faux. Si Le Trésor de la Sierra Madre mais aussi Les Chaussons rouges, sont en effet juste des chefs-d’œuvre, Hamlet a sa place dans ce cercle très fermé des films qui ont éternellement marqués le 7ème Art.
Les Fous du roi (All The King’s Men) de Robert Rossen – 1949 – États-Unis – 1h49 – 1.37:1 Noir&Blanc – Columbia Pictures
Oscar facts : Le film de Robert Rossen obtint 3 Oscars (outre celui du meilleur film, meilleur acteur pour Broderick Crawford, meilleure actrice dans un second rôle pour Mercedes McCambridge sur ses 7 nominations). Ce fut la dernière fois que les 5 nominés au meilleur film furent des productions shootées en N&B.
Dans l’histoire des Oscars, Les Fous du roi fait tout simplement office de cas unique. C’est que retrouver un film qui traite avec une telle frontalité des méandres du système politique des États-Unis avec son corolaire de personnalités douteuses tout en haut des récompenses aux Oscars ne s’est plus jamais représenté. Et pourtant Dieu sait que voilà un pays qui n’a jamais eu froid aux yeux pour dénoncer les travers de sa démocratie via une ribambelle de films le plus souvent très réussis. Les années 50 mais surtout les deux décennies suivantes en étant d’ailleurs la période la plus prolifique. Le sommet de l’iceberg étant bien entendu Les Hommes du Président de Alan J. Pakula qui fut nommé à l’Oscar du meilleur film remporté cette année là (1977) par un certain Rocky que l’on adore hein mais bon avec le recul quand même… C’est un peu aussi le chant du cygne de la chose.
Mais pour revenir au film de Robert Rossen, il faut aussi dire que voilà une ouvre qui brouille sacrément les pistes. Car si en première lecture Les Fous du roi raconte bien l’histoire d’un homme issu de la campagne qui devient Gouverneur de la Louisiane en martelant un credo ultra populiste tout en usant par la suite de chantage, corruption et coup de force pour se maintenir au pouvoir, le réalisateur du futur et sublime Arnaqueur avec Paul Newman use des codes du Film Noir pour traiter son sujet il est vrai d’une rare noirceur. C’est certainement cet aspect qui a propulsé Les Fous du roi aussi haut dans le giron hollywoodien à une période où le pays rentre également de plain-pied dans la Guerre froide alors que dans le même temps la guerre de Corée frappe aux portes d’un pays qui n’en demandait pas tant.
Le temps n’est donc pas à la gaudriole et même si le film s’inspire d’un personnage des années 30 qui a réellement existé, l’écho qu’il assène au sein d’une société qui sans vouloir remettre en cause les institutions de son pays (les années 60 seront là pour ça) est amené plus que jamais à en questionner sa capacité à s’adapter quant aux évolutions drastiques du monde dans lequel elle a décidé d’en devenir le gendarme. En cela le film de Robert Rossen s’intègre parfaitement dans le climat de l’époque et au-delà garde plus que jamais aujourd’hui avec la période Donald Trump qui s’ouvre une pertinence à la fois politique et surtout cinématographique.
Un simple DVD édité par Sony Pictures fait office de seule copie vidéo en France. La copie y est pas terrible et les sous-titres français très approximatifs s’agissant de rendre compte de certaines expressions sudistes. Aux États-Unis c’est l’éditeur indépendant Twilight Time qui s’est chargé de rendre compte du film de Rossen en Blu-ray. La restauration effectuée par le département ad hoc chez Sony y est tout simplement exemplaire. La photo en N&B y retrouve ses contrastes et sa propension à appuyer certains cadres très expressifs. Par contre, comme souvent chez cet éditeur, pas de VF ni de sous-titres français (uniquement anglais), pas de bonus et surtout un Blu-ray locké en Region A nécessitant donc un lecteur dézonné.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, seul Un homme de fer (Twelve O’Clock High) signé Henry King avec Gregory Peck (nommé au titre de meilleur acteur mais remporté donc par Broderick Crawford), un film de guerre plutôt moyen, est édité par Fox France dans un Blu-ray passe-partout (le même qu’aux States). Pour le reste, il faut se tourner exclusivement vers les États-Unis pour trouver Bastogne (Battleground) de William A. Wellman, un autre film de guerre qui a mieux traversé les décennies, chez Warner Archive (VOSTA uniquement mais Region Free) et le magnifique Chaînes conjugales (A Letter to Three Wives) de Joseph L. Mankiewicz édité par la Fox (VOSTF et Region Free).
Ève (All about Eve) de Joseph L. Mankiewicz – 1950 – États-Unis – 2h18 – 1.37:1 Noir&Blanc – Twentieth Century Fox
Oscar facts : Le film a reçu 14 nominations aux Oscars, record qui n’a été égalé que par Titanic (1997) et La La Land (2016), et en a remporté 6. Le précédent record était jusqu’ici détenu par Autant en emporte le vent. Outre celui du meilleur film donc attribué au célèbre producteur Darryl F. Zanuck, All about Eve fut gratifié pour les meilleurs costumes (pour un film en noir & blanc) et le meilleur son. George Sanders obtint l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle alors que Joseph L. Mankiewicz reçu deux Oscars (meilleur scénario et meilleur réalisateur).
All about Eve intègre sans contestation possible le podium All Time des œuvres ayant obtenu l’Oscar du meilleur film. Pour autant, cette année là, le film de Joseph L. Mankiewicz avait en face de lui un autre poids lourd et chef-d’œuvre incontestable là aussi qui se nomme Boulevard du crépuscule d’un certain Billy Wilder. C’est dire si le choix a dû être difficile pour les votants. D’autant que les thématiques entre les deux films n’étaient pas si éloignées que cela puisque dans les deux cas il est question des ravages du temps qui passe et de l’aveuglement d’une actrice sur ce qui l’entoure. Il faut croire que l’univers du théâtre faisait moins peur ou en tout cas renvoyait une image moins directement palpable pour les académiciens d’Hollywood qui ont donc préféré la lente mais inexorable descente aux enfers du personnage joué par Bette Davis plutôt que celui joué par Gloria Swanson en vedette du muet aujourd’hui déchue et recluse dans sa villa de Beverly Hills d’un autre âge.
En ce qui nous concerne, on s’en voudrait de les départager tant il s’agit là de deux classiques qu’il faut avoir vu au moins 100 fois avant de mourir. Mais puisque c’est All about Eve qui obtint l’Oscar, disons que le film de Mankiewicz reste un tour de force majeur qui tient à la description subtile mais sans concession des rapports humains dans le monde du spectacle. C’est bien entendu très noir car cela tient aussi à une sorte de jeu de miroir entre ce qui est montré à l’écran et la réalité d’une carrière, celle de Bette Davis, qui ne connaîtra d’ailleurs plus semblable succès critique et publique qu’à deux trois exceptions près sur les trois décennies à venir.
Une très belle édition Blu-ray existe tant aux États-Unis qu’en France. La seule différence entre les deux réside dans le contenu de leur livret si l’on se positionne bien entendu d’une part sur l’édition 60th Anniversary aux States et sur l’Édition Collector française d’autre part. Celle-ci n’étant cependant et malheureusement plus officiellement distribuée, on pourra se rabattre sur l’édition dite simple (pas de livret et pas de packaging façon digibook) mais qui recèle tout de même l’intégralité des bonus eux-mêmes repris du DVD Collector paru en 2006.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, Boulevard du crépuscule bénéficie aussi d’une très belle édition Blu-ray mais plutôt localisée aux États-Unis car celle qui a vu le jour en décembre 2013 chez nous a perdu en route tous les bonus du DVD tout en gagnant un beau packaging digibook et deux livrets revenant avec photos de tournage et reproduction des affiches originales à l’appui sur les coulisses du film. C’est un peu peu surtout si on regarde donc l’édition US pourtant éditée elle aussi par Paramount 11 mois plus tôt qui propose outre tous les bonus du DVD, des compléments supplémentaires dont une scène coupée totalement inédite. Deux autres films ont eu l’insigne honneur de se voir gratifier d’une édition Blu-ray mais uniquement aux États-Unis. Le très réussi Born Yesterday (Comment l’esprit vient aux femmes) de George Cukor chez Twilight Time (donc sous-titres anglais uniquement et Region A) et le plus anecdotique mais énorme succès au box office Le Père de la mariée (Father of the Bride) de Vincente Minnelli chez Warner Archives (VF et VOST et All Regions).
Un américain à Paris (An American in Paris) de Vincente Minnelli – 1951 – États-Unis – 1h53 – 1.37:1 Couleur – Metro-Goldwyn-Mayer
Oscar facts : Le film a été récompensé par 6 Oscars tout comme Une place au soleil (George Stevens), l’autre grand favori cette année là avec Un tramway nommé Désir (Elia Kazan) qui en récoltera 4. À y regarder de plus près chacun de ces trois films obtiendra des récompenses dans les catégories majeures. Aucun ne raflera donc complètement la mise. Ainsi si Un américain à Paris remporte l’Oscar du meilleur film, Une place au soleil gagnera celui du meilleur réalisateur et Un tramway nommé Désir ceux de la meilleure actrice et des meilleurs seconds rôles. Et non, pas celui du meilleur acteur pour Brando qui sera « battu » par Bogart pour The African Queen (John Huston) qui étonnamment n’est même pas nommé dans la catégorie meilleur film. C’est dire aussi le côté relevé de la compétition cette année là. Enfin, Un américain à Paris est seulement le deuxième film en couleur après Autant en emporte le vent à recevoir l’Oscar du meilleur film.
Un américain à Paris est sans aucun doute l’une des meilleures comédies musicales de tous les temps. Si on peut toutefois lui préférer Chantons sous la pluie, le chef-d’œuvre signé Stanley Donen et Gene Kelly, celui-ci sort l’année suivante et il est très rare que l’Académie récompense deux fois de suite le même genre de film. Dont acte en quelque sorte. On peut ne pas aimer la comédie musicale mais il serait quand même étonnant que le néophyte déteste Un américain à Paris tant voici là un condensé de ce qui se fait de mieux. D’ailleurs ceux qui ont accroché à La La Land seraient bien inspirés de passer une tête le temps du film réalisé par Minnelli. Ils y retrouveront quelques bouffées d’inspiration et clins-d’œil savoureusement disséminés par un Damien Chazelle pour qui le genre ne semble à l’évidence n’avoir aucun secret.
Mais le pont entre les deux films et les deux époques n’ira pas plus loin car Un américain à Paris est la perfection même quand La La Land joue justement avec l’hommage moderne car joué par des acteurs dont le chant et la danse ne font pas partie de leurs talents premiers quand Gene Kelly et Leslie Caron (pour ne citer que les deux stars) en avaient fait leur bagage artistique. On pourra tiquer sur la vision hollywoodienne de Paris mais franchement est-ce que celle-ci a changé depuis ? Il s’agit tout simplement d’un film à l’enchantement total et magistral à revoir au moins une fois par an, justement au moment des Oscars.
Une très belle édition Blu-ray existe tant aux États-Unis qu’en France. En fait c’est exactement la même. La seule différence réside dans la possibilité de toujours pouvoir l’acheter sur le marché de l’Oncle Sam alors que chez nous, elle est épuisée ou alors via des revendeurs qui cèdent généralement la chose plus du double du prix de vente d’origine. Pourquoi se gêner ? Alors on vous conseille Amazon US ou mieux votre boutique physique habituelle genre sur Paris chez Metaluna Store (au hasard) qui vous le rapatriera des États-Unis à un prix doux. Le Blu-ray édité par Warner date de 2008 mais la restauration d’alors tient encore plus que bien la route rendant hommage au Technicolor flamboyant magnifiquement travaillé par Alfred Gilks qui empocha pour le coup l’Oscar de la meilleure photo. Les bonus sont quant eux digne d’intérêt à commencer par le formidable doc autour du film réalisé à l’époque pour la sortie du Blu-ray.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, citons Quo Vadis de Mervyn LeRoy qui bénéficie depuis 2016 chez nous du même Blu-ray édité par Warner US en 2009 et Un tramway nommé Désir que l’on peut généralement trouver à moins de 10 euros là aussi au sein d’une édition Blu-ray estampillée Warner plus que recommandable.
Sous le plus grand chapiteau du monde (The Greatest Show on Earth) de Cecil B. DeMille – 1952 – États-Unis – 2h33 – 1.37:1 Couleur – Paramount Pictures
Oscar facts : Le film de Cecil B. DeMille est souvent considéré comme le pire film ayant remporté l’Oscar du meilleur film. Il est vrai qu’en face il y avait entre autre Le Train sifflera trois fois (High Noon) de Fred Zinnemann mais aussi L’Homme tranquille (The Quiet Man) de John Ford. Sous le plus grand chapiteau du monde fut nominé à 4 reprises et remporta une deuxième statuette dans la catégorie Meilleure histoire originale. Seul Spotlight en 2016 fut comme Sous le plus grand chapiteau du monde en ne capitalisant que deux Oscars au total pour un lauréat à la statuette du meilleur film. Shirley Booth (Reviens petite Sheba – Come Back, Little Sheba) fut la première actrice de plus de 50 ans à remporter l’Oscar de la meilleure actrice. Elle garda cette distinction jusqu’à ce que Julianne Moore en fasse de même en 2014 pour Still Alice. Elle avait alors 54 ans. Enfin, John Ford remporta pour la quatrième fois l’Oscar du meilleur réalisateur avec L’Homme tranquille. À ce jour il reste le seul à l’avoir fait.
Et il faut bien avouer que voilà un film qui a bien mal vieilli. Si les séquences de cirque pur restent convaincantes, c’est toute l’histoire qui les entoure qui sent la naphtaline. On a l’impression en effet de regarder un épisode à rallonge de Amour, gloire et beauté. C’est à qui trahira l’autre ou qui est amoureux en cachette ou qui veut se venger… Bref c’est assez pénible et ne mérite franchement pas que l’on s’attarde plus que de raison sur un métrage qui dure au demeurant plus de 2h30. Enfin, sauf à vouloir montrer cela à votre enfant. C’est d’ailleurs Spielberg qui le répète à l’envi, Sous le plus grand chapiteau du monde est le premier film de gosse dont il se souvient et qui l’a marqué au fer rouge. Et si l’on y prête attention, au tout début de La Guerre des mondes, on voit une scène du film à la télé.
Quant à l’obtention de l’Oscar du meilleur film, elle peut s’expliquer par le fait que nous soyons en 1952, soit au plus fort du McCarthysme. Il est fort à parier que les membres de l’Académie ne voulaient pas se mettre à dos ce sénateur devenu en quelques mois tout puissant à Hollywood et qu’ils ont voulu récompenser un film réalisé par un réalisateur connu pour son engament anti communiste et son conservatisme patriotique. Pour rappel Le Train sifflera trois fois qui était le grand favori était produit par Carl Foreman qui se retrouva sur la liste noire très peu de temps après la cérémonie. Et puis il y avait aussi certainement une volonté de récompenser là la carrière d’un cinéaste qui aura marqué de son empreinte le cinéma mondial depuis le temps du muet. Que cela soit pour l’un de ses plus mauvais films importait finalement peu car il n’était pas évident qu’il en fasse d’autres par la suite. Manque de bol, il réalisa encore Les Dix Commandements qui lui est bien supérieur mais qui ne gagnera que l’Oscar des meilleurs effets visuels en 1956 sur 7 nominations dont celui du meilleur film remporté par le plus qu’oubliable Le Tour du monde en quatre-vingts jours. On appel donc ça un double acte manqué.
Il faut croire que voilà une œuvre dont tout le monde se contrefout à commencer par Paramount, son ayant droit, puisque il n’existe qu’un DVD qui présente le film dans une copie vraiment pourrie. Le Technicolor bave quand il n’est pas complètement délavé. Le son est horrible. On a du mal à reconnaître la voix de Charlton Heston tellement le défilement en 25 images par seconde se fait là véritablement sentir. Bien entendu l’édition qui date de 2007 est la même que celle parue aux États-Unis en 2004. Bref, le film étant ce qu’il est, on peut largement passer à autre chose en attendant une hypothétique restauration et le Blu-ray ad hoc. Mais même là…
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, précisons d’entrée de jeu que notre marché se targue de n’en proposer aucun en Blu-ray. Il faudra donc se tourner vers les États-Unis pour trouver chez l’éditeur Olive Films deux sublimes éditions Blu-ray du Train sifflera trois fois et de L’Homme tranquille. Deux titres que l’éditeur avaient déjà sorti mais dans des éditions peu convaincantes. Il a donc rectifié le tir en proposant des masters sublimes (restauration 2K et 4K) et des flopées de bonus précieux. À noter toutefois qu’il s’agit de Blu-ray lockés Region A. Il vous faudra donc avoir un lecteur capable de lire la chose. Précisons enfin que l’éditeur a mis des sous-titres anglais sur les films, ce qui n’était pas le cas sur leurs précédentes éditions.
Tant qu’il y aura des hommes (From Here to Eternity) de Fred Zinnemann – 1953 – États-Unis – 1h58 – 1.37:1 N&B – Columbia Pictures
Oscar facts : Outre l’Oscar du meilleur film, Tant qu’il y aura des hommes en a remporté 7 autres dont ceux du meilleur réalisateur, des meilleurs seconds rôles pour Frank Sinatra et Donna Reed, du meilleur scénario (Daniel Taradash) et de la meilleure photo (Burnett Guffey). Ces 8 récompenses égalaient le record établit par Autant en emporte le vent et qui sera à nouveau atteint l’année suivante avec Sur les quais de Kazan.
Un classique du cinéma mondial avec de surcroît cette séquence devenue iconique du baiser sur une plage battue par les vagues du pacifique. Que dire de plus sinon que l’on n’est pas un grand fan de ce genre de film à l’évidence à Oscars qui fait la part belle aux performances d’acteurs. Alors certes l’histoire n’est pas dégueu mais fleure bon quand même la démonstration de force. Entendre par là que le message véhiculé se fait avec pas mal de gros sabots et de mises en situation pour le moins artificielles. Ici la rigidité apparente du monde militaire et son délabrement réel en coulisses.
Bon attention, on est quand même loin de la purge. C’est même, pour celui qui découvrirait le film aujourd’hui, loin d’être déplaisant. Mais à l’aune de la revoyure, donnée essentielle en matière de cinéma pérenne, on passe notre tour bien volontiers. La faute sans doute à une mise en scène aussi rigide que l’institution militaire qu’elle est censée décrire sur le mode de la dénonciation. Et dire que son réal n’est autre que celui du Train sifflera trois fois qui aurait du l’emporter lors de la précédente cérémonie. Seule la toute fin avec l’attaque des japs (oui parce que on a oublié de vous dire mais tout ce petit microcosme s’écharpe sur la base de Pearl Harbor) réveillera le cinéphile qui se sera forcément un peu assoupi sur la première heure et demi du film. Au niveau des acteurs on retiendra tout de même Burt Lancaster au sommet de son sex appeal et de sa prestance. On conseillera d’ailleurs pour la bonne bouche de visionner dans la foulée Le Plongeon (The Swimmer – 1968) de Frank Perry avec un Lancaster vieillissant tant celui-ci fait office de contre-point certes déprimant mais oh combien purificateur.
Il aura fallu attendre mars 2016 pour voir débouler chez nous le Blu-ray du film édité depuis 2013 aux States. C’est au sein de la collection dite Very Classics que la chose est dorénavant dispo. Une collection qui se distingue par un packaging classieux et une cover à la charte graphique très pop tout en reprenant les bonus de l’édition spéciale du DVD datant de 2001 avec en sus un livret à tendance drôle et informatif. Sony Pictures France voulant ainsi donner un petit coup de jeune à ses titres de patrimoine à l’attention des jeunes cinéphiles. Et c’est plutôt probant ici.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, seul L’Homme des vallées perdues (Shane en VO) de George Stevens, certainement l’un des plus beaux westerns de tous les temps, aura eu jusqu’ici les honneurs d’une édition Blu-ray chez nous. L’image y est fabuleuse mais le commentaire audio de George Stevens et du producteur Ivan Moffat, disponible sur le Blu-ray US s’est fait la malle (mais édité par Warner alors qu’en France c’est chez Paramount, ceci expliquant sans doute cela). La Tunique (The Robe), un péplum biblique oubliable signé Henry Koster, est l’autre Blu-ray que l’on ne trouvera qu’aux États-Unis chez la Fox. À noter qu’un film dont on ne s’explique pas pourquoi il ne fut pas nominé dans cette catégorie bénéficie d’un beau Blu-ray. Il s’agit de Stalag 17 de Billy Wilder avec William Holden qui obtint d’ailleurs pour l’occasion la statuette du meilleur acteur. À visionner toute affaire cessante si cela n’est pas déjà fait.
Sur les quais (On the Waterfront) de Elia Kazan – 1954 – États-Unis – 1h58 – 1.66:1 N&B – Columbia Pictures
Oscar facts : Sur les quais glana 12 nominations et fut récompensé à 8 reprises égalant du coup les records de Autant en emporte le vent (1939) et de Tant qu’il y aura des hommes (1953). Marlon Brandon reçu là son premier Oscar (le deuxième et dernier sera pour Le Parrain) et quant à Kazan ce fut ici sa deuxième et dernière statuette après celle remportée pour Le Mur invisible (Gentleman’s Agreement) en 1948. Enfin, Eva Marie Saint empocha l’Oscar dans la catégorie meilleure actrice dans un second rôle. Ce fut son seul Oscar alors qu’elle débutait là une brillante carrière.
Sur les quais est sans conteste un film important dans l’histoire du cinéma américain et mondial. Il l’est d’autant plus au moment où il est réalisé car Hollywood subit alors de plein fouet la chasse aux sorcières menée par un certain sénateur Joseph McCarthy. Que les membres de l’Académie récompensent un film aux aspérités sociales pour ne pas dire ouvrières évidentes n’est en effet pas anodin. Une affirmation qu’il faut toutefois tempérer par le fait que Kazan s’était fourvoyé l’année précédente en balançant quelques-uns de ses anciens amis (et personnalités du cinéma) ayant adhéré comme lui au parti communiste (il en fut exclu en 1936) devant la commission des activités anti-américaines. Un acte qui lui valut l’inimitié et la rancœur à vie de la profession mais qui en le sacrant meilleur réalisateur cette année-là allait sans aucun doute dans le sens du vent du moment d’autant que son film faisait aussi quelque part acte de contrition.
En effet, le personnage joué par Brando obligé au début du film d’être le complice du meurtre d’un docker voulant dénoncer l’organisation mafieuse qui sévit dans le port de New-York, organisation dirigée par son propre frère, et dont le chemin vers la rédemption occupe tout le reste du métrage, ne peut être vu que comme le miroir même pas déformant d’un réalisateur cherchant à se faire pardonner auprès de ses pairs. Sur les quais reste aussi marquant par son noir et gris qui ne laisse que peu de place quant au dénouement introduisant pour le coup quelques évidences propre au film noir bien appuyées il est vrai par la prestation d’un Brando qui par son Oscar jamais aussi bien mérité qu’ici immortalisait à jamais les préceptes de l’Actors Studio.
Sur les quais est disponible en Blu-ray depuis décembre 2015 au sein de la collection dite Very Classics initiée par Sony Pictures. L’image est issue d’une restauration 4K de toute beauté alors que niveau bonus cette édition reprend l’intégralité de ceux proposés sur le DVD datant de 2001 qui étaient pour le moins corrects. S’y ajoute un livret plutôt fun et informatif et le plaisir d’un packaging hard cover du plus bel effet. De l’autre côté de l’Atlantique, le prestigieux éditeur new-yorkais Criterion propose depuis 2013 le film dans un Blu-ray bien plus complet niveau compléments ainsi qu’un deuxième disque où l’on trouve le film aux formats 1.37:1 ou 1.85:1. alors qu’il est communément admis que Sur les quais a été tourné en 1.66:1. La raison en est simple. L’éditeur veut ici montrer le film dans les différents formats de ses projections en salles. En effet, certains cinémas n’étaient pas équipés pour diffuser du 1.66:1 et passaient de fait le film au format standard 1.37:1 alors que d’autres s’étaient nouvellement équipés pour diffuser les films aux formats larges qui commençaient alors à débouler en force et voulaient tout simplement et systématiquement étrenner leur joujou afin d’être certain de captiver un public de plus en plus difficile du fait de l’arrivée en masse des postes de télévision dans les foyers américains. On (re)précisera enfin que pour pouvoir lire un Blu-ray édité par Criterion il faut être équipé d’un lecteur ad hoc multizone et que le film ne propose que des sous-titres en anglais (et aucun sur les bonus).
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, seul Ouragan sur le Caine (The Caine Mutiny) de Edward Dmytryk avec Monsieur Bogart, film de guerre plutôt bancal et bien trop verbeux, a eu les honneurs d’une parution Blu-ray en France chez une nouvelle fois Sony Pictures. Un constat au demeurant identique chez nos amis ricains. Il faut dire aussi que les autres films en compétition cette année là ne sont pas vraiment passés à la postérité.
On the Waterfront – Capture Blu-ray 1.66:1
Marty de Delbert Mann – 1955 – États-Unis – 1h41 – 1.37:1 N&B – United Artists
Oscar Facts : Marty est le seul film à date avec Le Poison (The Lost Weekend – 1945) de Billy Wilder à remporter à la fois l’Oscar du meilleur film ainsi que la Palme d’Or à Cannes. Le film de Delbert Mann empocha 3 autres statuettes sur les 8 nominations qu’il obtint (meilleur acteur pour Ernest Borgnine dont ce sera le seul Oscar qu’il glana lui dont la carrière fut d’une longévité et d’une richesse sans nom, meilleur réalisateur et meilleur scénario adapté pour Paddy Chayefsky).
Marty est un cas quasi unique dans l’histoire des Oscars. Toute petite production indépendante peu ou pas programmée pour être exposée à de quelconques récompenses, le film de Mann finit par d’abord conquérir critiques et public puis par rafler des prix nationaux et internationaux. Aujourd’hui Marty a pris un coup de vieux. C’est que l’histoire de ce boucher puceau en quête de l’âme sœur vivant encore chez sa mère castratrice a de quoi rebuter de prime abord. Et il faut bien avouer que les enjeux étant ce qu’ils sont, on a tôt fait de tourner en rond. Mais c’est sans compter l’abattage des acteurs, Ernest Borgnine en tête, qui donnent une véritable épaisseur à l’ensemble ainsi que la mise en scène qui fait la part belle à une forme d’épure naturaliste bienvenue. Le fait d’avoir dû opter, pour des raisons économiques, de filmer en décors naturels (le quartier du Bronx) renforce bien entendu ce sentiment de film qui joue parfois avec les codes du documentaire.
Marty est quelque part un écho à ce qui se faisait au sein du cinéma italien d’après-guerre. Certes, il n’est nul question ici de rendre compte des problèmes de la classe ouvrière sous couvert d’histoires souvent mélodramatiques, mais Marty demeure tout de même un témoignage saisissant de cette société d’en bas qui dans l’effervescence économique des années 50 va se hisser au sein de l’échelle sociale pour devenir cette petite bourgeoisie des villes peu encline à se remettre en question lors de la décennie suivante. Le Marty du titre aspire à un bonheur égoïste mais dicté par la société d’alors (et d’aujourd’hui d’ailleurs) et en cela le film de Mann est atemporel.
Marty bénéficie depuis mai 2016 d’une très belle édition Blu-ray proposée par WildSide au sein de sa collection DVD + Blu-ray + Livre. Outre un livre moins dense que de coutume (écrit par Patrick Brion), on y trouve en effet un superbe complément sur la photo non moins magnifique signée Joseph LaShelle (nominé en tant que tel aux Oscars) et une image issue d’une très belle restauration.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, deux titres ont eux les honneurs d’une édition Blu-ray et encore aux States uniquement. Il s’agit de Picnic de Joshua Logan et La Colline de l’adieu (Love Is a Many-Splendored Thing) signé Henry King. Deux films aujourd’hui très très datés disponibles chez Twilight Time (VOSTA / Region A).
Le Tour du monde en 80 jours (Around the World in 80 Days) de Michael Anderson – 1956 – États-Unis – 2h47 – 2.20:1 Couleur – United Artists
Oscar Facts : Les 5 nominés dans la catégorie meilleur film furent pour la première fois toutes des œuvres tournées en couleur et dans des formats d’image extra large. Les vainqueurs des années suivantes ne feront qu’entériner cet état de fait. Le but étant de faire revenir les spectateurs dans les salles après l’arrivée en masse des téléviseurs dans les foyers américains. C’est à l’occasion de cette 29ème cérémonie que fut introduite pour la première fois la catégorie meilleur film étranger remporté cette année là par Federico Fellini pour son magnifique La Strada dont on attend toujours un Blu-ray quelque part dans le monde à l’exception du Japon toujours à la pointe en ce domaine. À noter que La Prisonnière du désert (The Searchers), le chef-d’œuvre total signé John Ford, ne fut gratifié d’aucune nomination.
Alors que Le Tour du monde en 80 jours glana 8 nominations pour 5 Oscars. On tient là quelque part un véritable scandale tant ce film signé Michael Anderson (qui ça ?) tient tout juste de la carte postale surannée car intégralement ou presque tourné en Studio. On a là en effet quelque chose qui pue la naphtaline en 70MM (excusez du peu) ayant coûté un bras et doté d’un casting international de malade. C’est Jules Verne qui a dû se retourner dans sa tombe tant les formidables péripéties qu’il a imaginées sont enlaidies et déformées à l’envie via une mise en scène inexistante et une adaptation à l’emporte pièce. On disait de Sous le plus grand chapiteau du monde que l’Académie avait élu cette année là l’un des pires films de l’histoire des Oscars, avec Le Tour du monde en 80 jours on tient un nouveau vainqueur.
Comme par hasard, pas de Blu-ray édité et encore moins en vue que cela soit chez nous ou aux States. Il faut croire que le film a bien du mal à passer à la postérité. Et franchement cela ne nous manque pas.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, on a des films qui eux se regardent encore avec gourmandise à commencer par Les Dix Commandement de sieur Cecil B. DeMille qui a bénéficié de multiples éditions en Blu-ray. La plus belle étant bien entendu celle intitulée Gift Set qui n’existe qu’aux États-Unis mais qui est Region Free. Image sublime et bonus comprenant entre autre chose la version N&B de 1923. Nous on n’a pas hésité. Dans un autre registre on trouve aussi Géant (Giant) de George Stevens avec un James Dean qui reçu pour l’occasion un Oscar posthume. Là encore on préférera le Blu-ray US édité par Warner qui dispose d’un packaging supérieur avec un livret (en anglais certes) en sus. La restauration commence à dater mais propose tout de même une image qui tient encore plus que bien la route. C’est bien entendu le même master qui est utilisé pour l’édition française. Enfin le dernier film a bénéficier d’une édition Blu-ray est Le Roi et moi (The King and I) de Walter Lang. C’est la Fox qui s’en est chargé (uniquement aux States ceci dit), mais comme on s’en fout un peu de cette mièvrerie musicale avec un Yul Brynner que l’on préfère voir ailleurs (Les 7 mercenaires au hasard), on n’a jamais pris la peine d’y jeter un œil.
Le Pont de la rivière Kwaï (The Bridge on the River Kwai) de David Lean – 1957 – États-Unis / Angleterre – 2h41 – 2.55:1 Couleur – Columbia Pictures
Oscar Facts : Le Pont de la rivière Kwaï reçu 8 nominations et remporta 7 Oscars. Outre donc celui du meilleur film décerné au légendaire producteur Sam Spiegel et celui du meilleur réalisateur à David Lean, l’Oscar du meilleur acteur est décerné à Alec Guiness, la meilleure photographie pour Jack Hildyard, l’Oscar de la meilleure musique de film pour Malcolm Arnold, l’Oscar du meilleur montage pour Peter Taylor et enfin l’Oscar du meilleur scénario adapté à Pierre Boulle. Pour cette dernière récompense, du fait de leur présence sur la liste noire de Hollywood, Carl Foreman et Michael Wilson sont totalement ignorés. Leur mérite est finalement reconnu par l’académie en 1984 qui leur décerne une statuette à titre posthume. La seule récompense qui aura donc échappé au film de Lean sur ses 8 nominations est celle de Sessue Hayakawa dans la catégorie du meilleur acteur dans un second rôle. Aujourd’hui on crierait au racisme. Si si. À noter sinon que le film Peyton Place de Mark Robson qui récolta 9 nominations ne glana aucune statuette. Un record seulement battu par Le Tournant de la vie (The Turning point) signé Herbert Ross en 1977 et La Couleur Pourpre (The Color Purple) de Steven Spielberg qui obtinrent chacun 11 nominations pour repartir broucouille.
On ne va pas s’appesantir sur ce monument du cinéma mondial. Le film de David Lean a en effet glané depuis longtemps ses galons d’œuvre définitive et intemporelle. L’histoire narrée est juste formidable (merci Pierre Boulle), la mise en scène est juste époustouflante de rigueur, de souffle épique et d’envolées lyriques à provoquer toutes les cinq minutes la chaire de poule. La Marche du colonel Bogey sifflée par les prisonniers et devenant le leitmotiv musical du film reste l’une de ses plus grandes réussites et son marqueur intergénérationnel ultime. Et puis dernière chose, Le Pont de la rivière Kwaï se revoit à l’envie. Il fait parti en effet de ces films qui sur l’échelle de la revoyure atteint un tout petit 100%.
En matière de Blu-ray, il y a l’embarras du choix. Pour celui qui ne recherche pas forcément à posséder l’édition ultime collector sa mère, il optera pour le Blu-ray issu de la collection Very Classics. Il y retrouvera le film via son master sublime, un joli packaging et un livret fort bien foutu. Celui qui voudra en savoir plus choisira le Blu-ray sorti en 2010 qui sur un deuxième disque propose entre autre chose le très complet doc de Bouzereau et l’intégralité des bonus du DVD collector datant de 2003 (une autre ère). Enfin, les collectionneurs essaieront de faire l’acquisition de l’édition collector spéciale Fnac qui dispose en plus d’un livret richement illustré et de 32 cartes postales. Le coffret sera pour info beaucoup moins onéreux si on jette un œil de l’autre côté de l’Atlantique (mais livret écrit en anglais). Voilà voilà. Edit 30/11/2017 : Une édition UHD 4K vient de voir le jour, on vous en parle en détail ici.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, on recommandera les yeux fermés 12 Hommes en colère (12 Angry Men) de Sidney Lumet qui dispose d’un Blu-ray très complet chez Fox. À noter que Criterion aux États-Unis a sorti en 2011 une édition définitive. Le master y est le même que celui utilisé par la Fox mais en guise de compléments c’est Byzance. Attention tout de même. Pas de sous-titres français ou de VF et bien vérifier que son lecteur est dézonné. Un autre film de prétoire et tout aussi brillant faisait parti des nominés et a eu les honneurs d’une édition Blu-ray. Il s’agit de Témoin à charge (Witness for the Prosecution) du grand Wilder. Malheureusement cette édition n’est disponible qu’aux States chez Kino Lorber qui une fois sur deux « oublie » d’adjoindre ne serait-ce que des sous-titres anglais à ses éditions. Ce qui est le cas ici. Il vous faudra donc être fluent in english pour suivre toutes les ramifications et coups tordus d’un scénario haletant avec un Charles Laughton juste extraordinaire. Enfin, on notera que le dernier film de cette catégorie à bénéficier d’un Blu-ray est Les Plaisirs de l’enfer (Peyton Place). Mais celui-ci est annoncé chez Twilight Time pour mars de cette année. Donc pas region free et juste des sous-titres anglais. Cela va être un tantinet compliqué de découvrir ce film aux 9 nominations nous on dit.
Gigi de Vincente Minnelli – 1958 – États-Unis – 1h59 – 2. 35:1 Couleur – MGM
Oscar Facts : Gigi obtint 9 Oscars sur 9 nominations. Un nouveau record après les 8 récompenses obtenues de par le passé par Autant en emporte le vent, Tant qu’il y aura des hommes et Sur les quais. C’était aussi la première fois qu’un film recevait autant de récompenses qu’il avait eu de nominations. En détail cela donne : Oscar du meilleur film pour le producteur Arthur Freed, Oscar du meilleur réalisateur pour Vincente Minnelli, Oscar du meilleur scénario adapté pour Alan Jay Lerner, Oscar de la meilleure direction artistique pour William A. Horning, E. Preston Ames, Henry Grace et F. Keogh Gleason, Oscar de la meilleure création de costumes pour Cecil Beaton, Oscar de la meilleure photo pour Joseph Ruttenberg, Oscar du meilleur montage pour Adrienne Fazan, Oscar de la meilleure musique pour André Previn, Oscar de la meilleure chanson originale pour Gigi interprétée par Louis Jourdan.
Adaptation plus que fastueuse de la fameuse nouvelle écrite par Colette. On sera gré à ce film totalement hollywoodien d’avoir choisi exclusivement des acteurs français (certes résidant à Beverly Hills mais quand même) pour les rôles principaux (Leslie Caron, Louis Jourdan, Maurice Chevalier) et d’avoir tourné à Paris pour l’ensemble des extérieurs dans le soucis d’affirmer une certaine forme de crédibilité bienvenue. Pour autant, Gigi a pris un petit coup de vieux ne serait-ce que pour ses passages musicaux qui sentent bon la naphtaline et une interprétation générale assez rigide. Reste la mise en scène de Minnelli toujours aussi fastueuse, entraînante et pour tout dire magnifique. Il n’est toutefois pas évident que le film plaise aux nouveaux cinéphiles (sinon dans le cadre d’un cours d’histoire du cinéma) tant il paraît daté puisque le témoin d’une époque totalement révolue en matière de production cinématographique.
Gigi est disponible en Blu-ray chez nous depuis novembre 2008, soit au tout début de l’aventure du support. En jetant à nouveau un œil à notre exemplaire, il nous a semblé que l’image tenait toujours la route même si à l’évidence elle mériterait une nouvelle restauration plus en phase avec les normes d’aujourd’hui. Ceci étant dit, voici une édition tout à fait suffisante pour qui voudrait découvrir le film. Pour les autres, ils pourront passer allègrement leur chemin.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, citons surtout La Chatte sur un toit brûlant (Cat on a Hot Tin Roof) de Richard Brooks, adaptation réussie d’une pièce de Tennessee Williams créée à Broadway en 1955, qui dispose d’un Blu-ray édité par Warner Archive aux États-Unis. Blu-ray lisible sur toutes les platines ad hoc qui propose une VF et des sous-titres français ainsi qu’une image formidable de détails issue d’un master restauré en 2K. Que demande le peuple ? L’autre titre à disposer d’une édition Blu-ray là encore uniquement disponible aux États-Unis est Tables séparées (Separate Tables) de Delbert Mann avec, excusez du peu, Deborah Kerr, Rita Hayworth, David Niven (qui obtint l’Oscar du meilleur acteur pour l’occasion) ou encore Burt Lancaster. On avoue humblement ne jamais avoir vu le film mais on peut vous dire que le Blu-ray est édité par Kino Lorber et que le film s’accompagne de sous-titres anglais mais qu’il est Region A impliquant un lecteur multizone pour pouvoir le visionner. À noter enfin et pour la bonne bouche que cette année là le film ayant remporté l’Oscar du meilleur film étranger n’était autre que Mon Oncle de Jaques Tati. Un petit bijou que l’on peut (re)découvrir dans un très beau Blu-ray édité chez nous par StudioCanal et Les films de Mon Oncle. Edit 20/08/2018 : BFI en Angleterre vient d’éditer lui aussi Separate Tables. Si on n’a là encore que des sous-titres anglais, au moins plus besoin de platines multizones. Après, on n’a toujours pas vu le film 😳 🙁
Ben-Hur de William Wyler – 1959 – États-Unis – 3h42 – 2.76:1 Couleur – MGM
Oscar Facts : Ben-Hur a établi un nouveau record avec 12 nomination et 11 récompenses. Seuls Titanic de James Cameron en 1997 et Le Seigneur des anneaux : Le Retour du roi de Peter Jackson en 2004 ont fait aussi bien. En détail cela donne : Oscar du meilleur film pour le producteur Sam Zimbalist, oscar du meilleur acteur pour Charlton Heston, oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Hugh Griffith, oscar du meilleur réalisateur pour William Wyler (le troisième et dernier. Seuls John Ford et Frank Capra ont fait mieux avec 4 statuettes), oscar de la meilleure direction artistique pour William A. Horning, Edward C. Carfagno et Hugh Hunt, oscar de la meilleure photographie pour Robert Surtees, oscar de la meilleure création de costumes pour Elizabeth Haffenden, oscar des meilleurs effets visuels pour Milo B. Lory (audios), A. Arnold Gillespie et Robert MacDonald (visuels), oscar du meilleur montage pour John D. Dunning, et Ralph E. Winters, oscar de la meilleure musique de film pour Miklós Rózsa, oscar du meilleur mixage de son pour Franklin Milton. Et pour être complet la 12ème nomination était pour le meilleur scénario adapté signé Karl Tunberg.
Mieux qu’un long discours, on vous renvoie vers notre critique enflammée écrite à l’occasion de la sortie du remake tout moisi qui déboula dans les salles en 2016.
Parmi les autres nominés dans la catégorie meilleur film, aucun n’a eu les honneurs d’une édition Blu-ray chez nous. Et pourtant il y a dans le lot un pur chef-d’œuvre dénommé Autopsie d’un meurtre (Anatomy of a Murder) signé par l’immense Otto Preminger. Un titre qui est édité chez Criterion dans une nouvelle édition Blu-ray définitive. On y trouve en effet une image issue d’un master restauré 4K et des floppées de bonus comme ce doc sur Saul Bass, auteur du générique du début devenu légendaire et iconique. L’autre titre à bénéficier d’un Blu-ray uniquement disponible sur le marché américain est Le Journal d’Anne Frank (The Diary of Anne Frank) de George Stevens. Il est édité par la Fox. Il est region free et comporte des sous-titres français. Si le film a vieilli, il reste néanmoins regardable. Mais en fait là où le Blu-ray est indispensable c’est, outre la très belle image proposée (sublime photo en N&B), via la qualité des bonus dont un documentaire de 1h30 passionnant pour ne pas dire émouvant qui revient sur la production du film mêlée avec la grande histoire tragique d’Anne Frank.