Un jour un chat - Image une fiche film

Fiche film : Un jour un chat (1963)

L’idée d’Un jour, un chat vint à Vojtěch Jasný en 1957 alors qu’il était alité avec de fortes fièvres. Il se souvint alors des spectacles de cirques ambulants dans l’auberge de sa ville natale, dans son enfance, et des quelques semaines qu’il avait passées alors entre la vie et la mort, souffrant de la grippe espagnole, pendant lesquelles il avaient eu des hallucinations visuelles.

À la fin des années 1950, Vojtěch Jasný faisait partie d’une génération de nouveaux réalisateurs tchèques lancés pendant ou au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Le film eut sa première au festival de Cannes en 1963 où il remporta le Grand Prix du Jury et fut exporté dans près de trente pays. Il connut également un grand succès dans son pays d’origine où il fut vu par près de 1,5 millions de spectateurs à sa sortie : il compte aujourd’hui parmi les classiques de la cinématographie tchèque. Cependant, après l’écrasement du Printemps de Prague et l’exil du réalisateur, en 1970, le film se retrouva interdit, tout comme une autre œuvre majeure de Jasný, Chronique morave (1968). Il ne fut réintroduit et réhabilité qu’en 1989, après la chute du régime communiste.

Un jour un chat (Až přijde kocour – 1963)

Réalisateur(s) : Vojtěch Jasný
Avec : Jan Werich, Emilia Vásáryová, Vlastimil Brodsky
Durée : 1h45
Distributeur : Malavida (Reprise 2021)
Sortie en salles : 8 décembre 1965
Reprise :
1er décembre 2021

Résumé : Robert, instituteur d’un petit village, apprend à ses élèves à respecter la nature et à résister au conformisme ambiant. Un magicien et sa troupe débarquent un jour avec la belle Diana et un chat pourvu de lunettes qui a un étrange pouvoir révélateur sur les vertus et les vices des humains. Certains habitants du village ne le supportent pas, et le font savoir…. Mais cela provoque à son tour d’étranges phénomènes, comme la disparition des enfants du village… Robert mène l’enquête, tout en tombant amoureux de Diana…

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  • Notre avis : Nous sommes au début des années 60. L’histoire d’Un jour un chat, annoncée d’entrée comme un conte de fées, se déroule dans une petite ville située en Tchécoslovaquie dont on rappellera à toutes fins utiles qu’il était alors un pays satellite de l’URSS où le Parti communiste local s’assurait l’exclusivité du pouvoir depuis le « Coup de Prague » en 1948. Là, on y fait la connaissance d’un instituteur aux méthodes pédagogiques peu en phase avec sa hiérarchie. Un directeur (chasseur et taxidermiste à ses heures perdues) qui voit d’un mauvais œil son enseignement qui s’affranchit de la doxa ambiante tout en incitant ses élèves de CE2 à ne pas se conformer à cette société des adultes considérée à mots à peine couverts comme hypocrite et non respectueuse de la nature. Une assertion que le réalisateur Vojtěch Jasný confirme en faisant le tour d’un village que l’on constate contrit dans ses habitudes et la morosité de son quotidien. On pense alors, tel un flash maladif, à la série Le Prisonnier (1967) et son village où chacun joue un rôle au service d’une « vérité » dont finalement personne ne connaît le but véritable.
    C’est alors qu’arrive une troupe de forains composée essentiellement d’un magicien, d’une trapéziste et de son chat nanti de lunettes de soleil. Les voici qu’ils donnent une représentation sur la « grand-place » nous donnant l’occasion d’admirer un spectacle enchanteur qui embrase littéralement le cadre par ses inspirations visuelles aux effets-spéciaux savoureux. Mais c’est peu de dire que l’on n’a encore rien vu puisque voici que la très belle trapéziste qui arrive en fin de numéro, retrouve son chat auquel elle enlève avec un sourire en coin les lunettes. Le regard de l’animal va alors teinter en différentes couleurs certains des personnages clés du récit. En jaune pour les représentants de l’ordre établi comme le directeur symbole de la fourberie puis de la trahison. En rouge pour l’instituteur synonyme de passion (amoureuse) et d’un idéal de vie aux accents originels du communisme. En violet pour le concierge de l’école (et bien d’autres) dont le quotidien n’est fait que de compromissions serviles et hypocrites. En gris ceux qui composent le gros d’une société au présent triste et à l’avenir bouché.
    Le chat s’échappe. Tout le monde recouvre ses esprits mais le directeur de l’école et sa clique n’ont plus qu’une idée en tête, le retrouver pour l’empailler. C’est donc ainsi, sous couvert d’une fable, d’un conte, d’une fantaisie visuelle qu’Un jour un chat se révèle être en fait une critique assez féroce d’une société qui semble vouloir reprendre en main sa destinée tout en mettant à l’index un régime qui n’est déjà plus que l’ombre de lui-même et sa propre caricature. Un jour un chat s’inscrit bien entendu au sein de la Nouvelle Vague tchécoslovaque qui rejetait la plupart des conventions esthétiques imposées par le stalinisme pour aboutir en 1968 au fameux « Printemps de Prague » dont l’épilogue funeste obligera beaucoup d’artistes, dont Vojtěch Jasný et un certain Miloš Forman, à s’exiler. Mais que l’on ne s’y trompe pas, au-delà d’être un marqueur essentiel de l’Histoire d’un pays, Un jour un chat est une œuvre formidable où beaucoup de ses plans sont un condensé d’exploration esthétique et d’inventions visuelles propres à charmer plus que jamais les rétines d’aujourd’hui soumises au diktat d’une image numérique où le merveilleux n’a plus sa place. Son seul défaut c’est qu’il ne puisse pas s’administrer sous la forme de gouttes pour les yeux. 3,5/5
  • Box office : 855 entrées sur 2 copies France depuis sa ressortie le 1er décembre en version restaurée. Magnifique restauration au demeurent. Nous n’avons pas les chiffres des entrées de la première exploitation cinéma effectuée en France en 1965.
  • La chronique Blu-ray : Chiche un Blu-ray mesdames et messieurs de chez Malavida !!!

Un jour un chat - Affiche 2021

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