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Fiche film : Vincent doit mourir (2023)

Avec Vincent doit mourir, le réalisateur Stephan Castang souhaitait interroger notre indifférence face à la violence ou notre capacité à en détourner le regard.

Le réalisateur avait pour référence George A. Romero, en particulier La Nuit des morts-vivants pour sa manière de ne pas expliquer un phénomène surnaturel mais de montrer les réactions des personnages face à de telles situations. Parmi les autres références de Stephan Castang il y a John Carpenter et son Invasion Los Angeles pour lequel « Son côté paranoïaque et sa dimension ironique était très inspirante et aussi parce que l’acteur principal est un catcheur, il y a également à l’œuvre dans ce film la question des combats et d’une certaine physicalité. »

Vincent doit mourir a été présenté à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2023 en séance spéciale.

Vincent doit mourir (2023)

Réalisateur(s) : Stephan Castang
Avec : Karim Leklou, Vimala Pons, François Chattot
Distributeur : Capricci Films
Durée : 1h48min
Sortie en salles : 15 novembre 2023

Résumé : Du jour au lendemain, Vincent est agressé à plusieurs reprises et sans raison par des gens qui tentent de le tuer. Son existence d’homme sans histoires en est bouleversée et, quand le phénomène s’amplifie, il n’a d’autre choix que de fuir et de changer son mode de vie.

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  • Notre Avis : « (…) Vincent est un personnage banal, un graphiste citadin qui vit à Lyon, ni sympathique ni antipathique, certes content de lui mais c’est tout. Du jour au lendemain il se retrouve au centre de toutes les attentions et subit une multitude d’agressions de la part d’inconnus ou de gens familiers. Pourquoi lui ? Est-il le seul ? Qu’a-t-il fait pour mériter cela ? Pourquoi une telle violence irrationnelle ? On ne sait pas, libre à chacun de se faire son idée. Et rapidement, pour Vincent, la question « Pourquoi on cherche à me tuer ? » va laisser place à une autre plus cruciale « Combien de temps il me reste ? » Et c’est à travers cette nouvelle question, et dans une forme de survie, qu’il trouvera du sens. »
    À la lecture de cet incipit énoncé par le réalisateur Stéphan Castang et à la vision des premiers extraits dévoilés lors du passage à la Semaine de la Critique cannois en mai dernier (on vous en propose un ci-dessous), on se prenait à espérer. On se prenait à espérer que Vincent doit mourir et avec lui le cinéma français se piquaient enfin au jeu du genre puisqu’était présenté au même moment Acide de Just Philippot (séance de minuit) et Le Règne animal de Thomas Cailley (Un Certain regard), soit deux autres films ambitionnant et assumant leur incursion dans le fantastique (pour leur donner une étiquette large). Malheureusement si Le Règne animal s’est avéré être une réussite plébiscitée au demeurant par le public, Acide lui s’est plus ou moins fait concasser par la critique (à raison) sans vraiment trouver sa voie dans les salles. Un partout la balle au centre comme dirait Lionel Chamoulaud (oui seuls les vieux auront la ref) avec pour Vincent doit mourir la lourde tâche de caractériser la tendance genrée de cette fin d’année : constat d’un nouveau souffle ou coup d’épée dans l’eau ? D’autant que sort aussi ce mercredi Gueules noires, le troisième film mystico-fantastique (on n’a pas trouvé mieux pour le « qualifier ») toujours aussi mauvais signé Mathieu Turi qui nous ramène quelques 15 ans en arrière lorsque le cinéma de genre français tendance fantastique tentait de surfer sur les plus de 5 millions d’entrées du Pacte des loups avec Brocéliande (2003), Humains (2009) et autre Le Village des ombres (2010) pour ne citer que ce qui nous vient immédiatement en tête.
    Le problème c’est que Vincent doit mourir ne va pas départager grand-chose ni grand monde tant ce premier long de Stéphan Castang qui part avec les meilleures intentions du monde s’abime au bout de 25 minutes dans ce qui s’apparente à un naufrage en direct et pas forcément assumé. En cause d’abord une histoire qui perd peu à peu l’énergie et la dynamique de sa mise en place pour finalement se noyer dans ses propres contradictions, son propos nébuleux et ses situations totalement ubuesques. On nous dit que voilà un film qui veut mettre en exergue la violence induite de nos sociétés ainsi que notre faculté à détourner le regard quand celle-ci éclate. Soit. La cause est noble puisqu’elle pointe du doigt cette inhumanité qui caractérise notre quotidien quand, par exemple, un sans abris fait la manche et que l’on regarde ailleurs. L’ADN du cinéma de genre est justement d’aborder des sujets de société en passant par la porte de derrière c’est-à-dire en les traitant soi-disant à la marge tout en se créant une « réalité » en propre. Ainsi ici notre (anti) héros joué par Karim Leklou se retrouve agressé au petit bonheur la chance du jour au lendemain par des collègues de bureau, des passants dans la rue, un voisin… Au point qu’il finit par se confiner dans son appart avant d’atterrir à la campagne dans la maison familiale inoccupée.
    Pas d’explication, une tension qui monte progressivement, un peu d’humour noir… L’équilibre est ténu mais il est tenu car derrière la réalisation soutient efficacement le récit par des plans « ordinaires » soulignant ainsi le décalage entre ce que le personnage subit qui est de l’ordre de l’extraordinaire et sa banalité endogène. Mais la suite fait tout voler en éclat. Le fait de ne pas donner d’explication est une chose, s’affranchir dès que possibles des « règles » mises en place ne peut que mettre à jour l’impasse scénaristique dans laquelle Vincent doit mourir s’est embourbée. Pourquoi annihiler la montée de la tension en montrant là que tous les clients d’un supermarché vont lui courir après sur un parking puis la séquence d’après discuter tranquillou avec cette femme (Vimala Pons) rencontrée la veille au soir qui ne semble donc pas vouloir l’égorger ? Enfin, pas dans l’immédiat. Pourquoi montrer que la violence semble se propager dans la société telle une maladie hautement transmissible lors d’une séquence autoroutière au demeurant filmée plus que mollement, alors que par ailleurs la vie semble suivre son cours dans la petite ville en bord de mer où les deux tourtereaux élisent domicile en squattant un voilier ?
    On nous parle aussi des références du réal et du scénariste Mathieu Naert qui tournent forcément autour de Carpenter, Romero et consorts. Le film référence semblant être Invasion Los Angeles pour sa faculté à critiquer le capitalisme en usant avec bonheur du code (éculé) de l’invasion extraterrestre à bas bruit pour mieux nous soumettre. Soit. Mais une telle matrice paranoïaque ne peut marcher sans établir des règles qui si elles ne sont pas respectées ou par trop fluctuantes finissent par emmener le spectateur en des rivages où si Vincent doit mourir, et bien on s’en fout royalement. 2/5
  • Box office : 6 061 entrées en 24h sur 85 copies. Autant dire que le sort de Vincent n’intéresse pas grand monde, à commencer par les salles de cinéma. À noter que Gueules noires fait pire en enregistrant 6 787 entrées mais sur 190 copies… Faudra nous expliquer aussi pourquoi sortir deux films dits de genre sur le même mercredi ?
  • La chronique Blu-ray et Blu-ray 4K : Pas gagné pour que film ne sorte même en DVD.

Vincent doit mourir - Affiche

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