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Fiche film : Acide (2023)

Acide est d’abord un court métrage que Just Philippot a réalisé en 2018 : « Effet d’aubaine ou coup de chance, j’arrivais à un moment où le cinéma français, sans doute inspiré par le succès des séries et le bouleversement lié à l’arrivée des plateformes, cherchait de nouvelles créations, plus hybrides, plus à même d’aller chercher tous les types de publics. Grâce au succès du court métrage, j’ai basculé vers le long-métrage avec La Nuée dont l’une des motivations était de m’éloigner le plus possible du cinéma américain pour proposer un climat singulier, capable d’emmener le spectateur dans une zone de danger trouble, instable, mais toujours extrêmement réaliste. Grâce à la société Bonne Pioche Cinéma que j’ai rencontré très vite, j’ai pu développer le long métrage d’Acide en parallèle. La Nuée a été une formidable première expérience et m’a permis de nourrir de nouvelles ambitions de réalisation pour Acide. »

Acide a été présenté en Séance de Minuit au Festival de Cannes 2023.

Acide (2023)

Réalisateur(s) : Just Philippot
Avec : Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach
Distributeur : Pathé
Durée : 1h 30min
Sortie en salles : 20 septembre 2023

Résumé : Selma, 15 ans, grandit entre ses deux parents séparés, Michal et Élise. Des nuages de pluies acides et dévastatrices s’abattent sur la France. Dans un monde qui va bientôt sombrer, cette famille fracturée va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper.

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  • Notre avis : En cette rentrée 2023, trois films français dits de genre vont se découvrir en salle après leurs premières expositions cannoises. Le plus convaincant des trois est Le Règne animal de Thomas Cailley qui sort le 4 octobre. Cela tombe bien, on s’est déjà abondamment répandu dessus. Vincent doit mourir de Stephan Castang est lui annoncé pour le 15 novembre. On y reviendra. Celui qui ouvre le bal est donc Acide de Just Philippot. Le réalisateur de La Nuée, son premier long, creuse dans son coin le sillon d’un cinéma lorgnant vers le fantastique avec en sous-texte des messages écolos. Rien de neuf sous le soleil (ou plutôt ici sous la pluie) me direz-vous puisque Soleil vert de Richard Fleischer avait déblayé efficacement le chemin dès 1973. Non, ce qui continue d’étonner avec ce deuxième film c’est cette propension à ne pas raconter grand-chose pour nous emmener nulle part sinon dans un no man’s land cinématographique qui n’interpelle même pas.
    Un ouvrier syndicaliste (Guillaume Canet) a franchi la ligne rouge en voulant défendre son emploi et celui de ses camarades. Un passage de rubicond dans la violence qui lui fait perdre finalement son taff (il tente de joindre les deux bouts avec un job alimentaire de manutentionnaire), sa famille (sa femme l’a quitté et il ne voit son ado de fille que selon les injonctions planifiées par un juge) et enfin son estime de soi. Un postulat de départ qui n’a rien de révolutionnaire mais qui offre des perspectives alléchantes au regard de ce qu’annoncent en creux le titre du film, son affiche et sa bande annonce. Même si celle-ci peine déjà à cacher la misère d’une seconde partie qui s’avère être une catastrophe.
    Mais avant d’y arriver, voyons comment Just Philippot caractérise ses autres personnages afin d’établir les enjeux de son récit. Et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est mou du genou pour ne pas dire un tantinet caricatural. Hormis donc notre Guillaume national dépeint tel un homme aigri pas loin d’être perméable aux idées complotistes qui font florès dans nos sociétés depuis le COVID, sa femme, à laquelle Laetitia Dosch tente de donner un minimum d’épaisseur, est décrite comme une sans cœur à la limite hystérique qui s’est déjà recasée avec quelqu’un susceptible de lui offrir l’équilibre économique et moral qu’elle n’avait plus avec son ex condamné de surcroît à porter un bracelet électronique suite certainement aux faits de violence filmés à l’iPhone lors des premières minutes du film. Quant à leur fille, elle semble être restée proche de son père et déteste le pensionnat dans lequel sa mère l’a inscrite. Une école de bourges où l’enseignement de l’équitation y est central et où elle est à deux doigts de se faire expulser suite à une énième bagarre provoquée par des « camarades » qui se font un malin plaisir de la tancer sur le pedigree prolo et violent de son père.
    On en est donc là quand les pluies (très) acides frappent le continent européen à commencer par la France via sa façade Atlantique. On se dit alors que le film, à défaut d’avoir su nous immiscer au sein de cette famille décomposée, va passer la seconde en utilisant la recette toujours efficace de la caractérisation dans l’action et le mouvement propres au genre justement. Un classique dans lequel les ricains (mais aussi quelques belles signatures espagnoles comme avec les frères Pastor) sont passés maîtres. Que nenni. C’est à une forme de surplace à laquelle nous avons droit. Si en effet à l’écran ça bouge (en voiture, à cheval, sur un pont etc…), dans les faits ça n’avance guère. Philippot tourne littéralement en rond au sein de décors ayant pour fil rouge La Guerre des mondes (2005) de sieur Spielberg.
    Vous me direz, il y a plus dégueulasse comme mètre étalon, mais chez Philippot cela donne une bouillie visuelle définitivement engluée par un montage assommant et des prises de décision scénaristiques pour le moins inefficaces (pour rester poli). Quant au message écolo, cela fait longtemps qu’il s’est dissout dans la mise en scène. On pouvait laisser le bénéfice du doute pour La Nuée où la fin ratée semblait autant pêcher par manque de moyens que d’ambition artistique. Le problème c’est qu’ici le budget est annoncé autour de 9M par le réalisateur (contre 3 pour La Nuée) alors que la sortie de route est tout aussi patente. La suite nous dira si c’est définitif ou un double accroc annonciateur de jours/films meilleurs. 1/5
  • Box office : 533 entrées sur 22 copies à la séance 14h parisienne Vs 308 entrées sur 13 copies pour La Nuée dont le cumul pour rappel était de 50 271 spectateurs. Ce que Just Philippot lui-même a récemment qualifié « d’échec ». Edit : 15 737 entrées en 24h. Pas top mais quand même beaucoup mieux que les 3 991 entrées enregistrées au même moment sur La Nuée. Edit 27/09 : 128 852 entrées après une semaines d’exploitation. C’est mine de rien plus du double du cumul enregistré en son temps par La Nuée. Mais cela reste une déception au regard des 458 copies disponibles donnant une famélique moyenne de 258 spectateurs par copie. À titre de comparaison sur cette même semaine La Nonne 2 qui reste premier du classement alors que c’est déjà sa deuxième semaine d’exploitation affiche une moyenne de 544 spectateurs par copie. Ce qui n’est déjà pas exceptionnel (pour un 1er de la classe). Edit 18/10 : 233 877 entrées en 4 semaines. Pour un film à presque 10M de budget, la rentabilité se situe plutôt aux alentours du million et demi d’entrées. Acide a toutefois été vendu en Afrique (pays du Maghreb / Sénégal / Côte d’Ivoire), en Belgique, au Portugal, en Espagne, au Vietnam, en Turquie, en Russie (ben oui)… De quoi envisager a minima un retour sur investissement ? Edit 15/11 : Un cumul final à 238 964 entrées en sept semaines de présence sur les écrans français.
  • La chronique Blu-ray : Même si pas encore annoncé, on ne voit pas Pathé passer à côté d’une édition Blu-ray (et 4K ?) du film. Edit 15/11 : Un Blu-ray (et un DVD) est annoncé pour le 24 janvier 2024. Pas de Blu-ray 4K.

Acide - Affiche

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