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Fiche film : Soudain seuls (2023)

En finissant Les Cowboys (2015), son premier long métrage qui comprenait beaucoup de décors et de personnages, Thomas Bidegain avait envie de traiter du sujet de l’intimité dans sa nouvelle réalisation. Le metteur en scène cherchait une histoire qui se déroulerait dans un lieu unique, avec un seul personnage ou peut-être deux : « J’étais fasciné par le design des bases scientifiques de l’Antarctique. Et puis en écoutant un podcast de l’émission Le Masque et La Plume où il était question du livre d’Isabelle Autissier, Soudain, Seuls quelque chose m’a frappé. »

« J’ai été tout de suite séduit par la clarté de sa proposition : l’histoire d’un couple pris au piège sur une île déserte. Une proposition qui permettait d’envisager un film à la fois très intime et très large. J’avais envie de raconter le destin de personnages ordinaires qu’on va lancer dans une aventure extraordinaire. À eux ensuite de se dépasser pour être à la hauteur de cette aventure. La lecture du livre d’Isabelle a confirmé cette intuition, ce désir de faire un film d’aventure, à grand spectacle, mais sur un couple, sur deux personnages plongés dans une intimité forcée et absolue. »

Soudain seuls (2023)

Réalisateur(s) : Thomas Bidegain
Avec : Gilles Lellouche, Mélany Thierry
Distributeur :  StudioCanal
Durée : 1h50min
Sortie en salles : 6 décembre 2023

Résumé : En couple depuis 5 ans, Ben et Laura ont décidé de faire le tour du monde en bateau. Avant d’atteindre l’Amérique du Sud, ils font un détour vers une île sauvage, près des côtes antarctiques. En pleine exploration, une tempête s’abat sur eux et leur bateau disparaît. Éloignés du monde, soudain seuls face au danger et à l’hiver qui approche, ils vont devoir lutter pour leur survie et celle de leur couple.

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  • Notre Avis : La première fois que le nom de Thomas Bidegain nous est parvenu avec insistance jusqu’à nos esgourdes, c’est lors de la découverte d’Un prophète au festival de Cannes 2009. Associé à celui d’Abdel Raouf Dafri, Nicolas Peufaillit et bien entendu de Jacques Audiard, il apparaissait au générique en tant que scénariste. Même s’il n’en était pas à son premier coup d’essai puisqu’il avait déjà signé le scénario de deux autres longs et de quelques courts-métrages, il est indéniable que le film d’Audiard l’a définitivement adoubé dans la cour des scénaristes qui comptent. À commencer pour Audiard himself puisque depuis ils ont tout écrit ensemble interrompant leur collaboration (temporairement ?) avec sa dernière création Les Olympiades où c’est la scénariste, réalisatrice et accessoirement sa compagne Céline Sciamma qui l’a remplacée. Mais Thomas Bidegain a aussi collaboré avec d’autres cinéastes tout en se frottant lui-même à la réalisation. Avant Soudain seuls on lui doit en effet deux longs qui ne nous ont pas marqué plus que cela (en tout cas moins que son apport à l’écriture pour des films tels que Le Fidèle de Michaël R. Roskam ou plus récemment Stillwater de Tom McCarthy) et c’est donc peu de dire que l’on n’attendait pas grand-chose de celui-ci. Bienheureux les simples d’esprit comme nous qui peuvent avoir des préjugés avant visionnage car Soudain seuls nous a retourné comme une crêpe. Et pas qu’un peu.
    Soudain seuls adapte le roman au titre éponyme d’Isabelle Autissier. Il raconte l’histoire somme toute simple d’un couple parti sur un voilier pour faire le tour du monde. Avant de rejoindre le Chili, ils décident de faire escale sur une île déserte et sauvage située dans les eaux antarctiques. On vous le donne en mille mais l’escale ne se passe pas comme prévu. Le bateau disparaît au cours d’une soudaine tempête et voici nos deux protagonistes livrés à eux-mêmes au sein d’un environnement qui a une tolérance extrêmement limitée à l’égard des étrangers. Si Thomas Bidegain s’était contenté de traiter cette histoire sur ce seul niveau finalement assez frontal où il aurait fallu alterner périodes de doute, de dépression puis d’espoir un peu à l’instar d’un Seul au monde avec Tom Hanks, on se serait forcément dit qu’il y a quelque chose qui manque. On n’a pas lu le bouquin mais on est persuadé que ce qui a profondément motivé Bidegain à y aller c’est ce couple et l’évolution de l’un par rapport à l’autre / l’un contre l’autre / l’un pour l’autre… que le premier niveau de la trame permet justement d’insuffler. On ne parle pas d’ici que de l’arc classique qui relate une reconstruction par l’extrême. Oui ce voyage était une façon de ressouder des liens distendus après cinq ans de vie commune. Mais aussi une étude passionnante et non linéaire de deux êtres finalement livrés à eux-mêmes et dont le défi qui leur est proposé n’est pas tant d’avoir un avenir ensemble mais d’abord et surtout de se réapproprier le sens qu’ils donnent à leur propre vie.
    Qu’est-ce qui te motive à continuer d’avancer, de lutter, de t’adapter… en étant quasi certain que tout cela ne servira finalement peut-être à rien ? C’est ce dénuement qui intéresse Bidegain mais pas que puisque le traitement va au-delà de la simple étude de caractères en milieu hostile. C’est que Soudain seuls adopte aussi (et surtout) le mode ou plutôt le genre du « Survival ». On avait déjà eu en début d’année Les Survivants de Guillaume Renusson, exploration réussie dans la chose mais via une histoire ramassée sur quelques jours (attention ce n’est pas un handicap car cela collait parfaitement aux enjeux dramatiques). Avec Soudain seuls Thomas Bidegain se donne si l’on peut dire le temps de sa démonstration sans pour autant jamais lasser son spectateur. On a droit en effet à des « cliffhangers » et autres retournements de situations qui nous emmènent bien au-delà de notre zone de confort. Un peu comme si on voulait nous éprouver nous aussi. Une immersion par l’image certes (on ne peut que s’émerveiller devant les paysages de malade choisies pour le film) mais surtout par les situations et enfin par le jeu des deux acteurs.
    Gilles Lellouche et Mélanie Thierry sont en effet bluffant de réalisme et de sincérité avec une mention toute particulière à l’égard de Mélanie Thierry. C’est elle qui emmène littéralement Soudain seuls vers l’étape ultime accompagnée par une réalisation où plus une seule parole n’est prononcée. Un silence uniquement ponctué par le souffle d’une nature invariablement hostile mais enfin au diapason des destinées qui s’accomplissent sous nos yeux que l’on peut qualifier d’ébahis. Oui avec Soudain seuls Thomas Bidegain a réalisé un tour de force visuel, sensoriel et quasi naturaliste dont beaucoup auront bien du mal à émerger une fois la dernière ligne du générique de fin évaporée. C’est en tout cas tout le mal/bien que nous vous souhaitons… 4/5
  • Box office : Très bon démarrage à la séance 14h parisienne avec 882 entrées sur 19 copies. C’est pour Thomas Bigedain réalisateur son meilleur 14h à date. Edit 7/12 : 18 24 entrées sur 388 copies à l’issue de la première journée. Ce qui donne une projection de cumul aux alentours de 300 000 spectateurs. Attendons le 1er week-end pour affiner cela. Edit 19/04 : Un cumul à 250 994  entrées en 7 semaines dans les salles.
  • La chronique Blu-ray et Blu-ray 4K : A n’en pas douter avec StudioCanal nous aurons droit à un Blu-ray. Quant à une édition 4K wait and see les résultats au box-office. Edit 19/04 : Un Blu-ray est bien sorti depuis le 10 avril.

Soudain seuls - Affiche

2 réflexions sur « Fiche film : Soudain seuls (2023) »

  1. J’ai lu le livre d’Isabelle Autissier que j’ai trouvé super, des descriptions inouies des personnages et de leur survie, le quotidien de 2 citadins Merci Isabelle, grande navigatrice et autrice très convainquante. Pour le film que he viens de voir, le réalisateur a mis en scène 2 acteurs magistraux pour incarner les personnages, la fin par contre m’a un peu déboussolée car j’avais en tête le recit de Mme Autissier.
    Il faut bien rappeler que ce n’est qu’une adaptation du livre.
    Un conseil voir le film qui est superbe et n’oubliez pas de lire le livre qui vous emmène encore plus loin.

  2. Merci pour votre intervention. En précisant que la fin est différente au sein du livre d’Isabelle Autissier, vous m’avez donné envie de le lire 😉

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