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Fiche film : Visions (2023)

À l’instar d’Un homme idéal et Boîte noire, Visions suit des personnages qui sont dans le contrôle et le perdent. Pour Yann Gozlan « Les personnes dans le contrôle, même s’ils dégagent une forme d’assurance ou de force, sont en réalité des êtres fragiles qui dissimulent une faille. Cette recherche de maîtrise est justement là chez eux pour compenser cette faiblesse. Ce sont des personnages passionnants car profondément ambivalents… ».

Visions (2023)

Réalisateur(s) : Yann Gozlan
Avec : Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, Marta Nieto, Amira Casar
Distributeur : SND
Durée : 2h 03min
Sortie en salles : 6 septembre 2023

Résumé : Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…

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  • Notre avis : On avait beaucoup aimé Boîte noire. Yann Gozlan avait su insuffler à cette enquête se déroulant dans le milieu de l’aviation civile suite à un crash une énergie paranoïaque digne des meilleurs thrillers psychotiques US des années 70. Avec Visions on ne change pas vraiment de décors mais plus de style. Ou plutôt Yann Gozlan revient à ce qui était son cinéma au temps d’Un homme idéal. Soit un traitement plus classique du faux-semblant et autres fausses pistes dont l’inspiration serait à chercher du côté d’un certain Brian De Palma. Un parti-pris qui à l’évidence n’enrichit pas le parcours de Yann Gozlan.
    C’est qu’une fois la séquence d’introduction exposée – un rêve anxiogène qui réveille en pleine nuit notre héroïne jouée par la sculpturale Diane Kruger – on a déjà deviné vers quoi veut nous emmener le cinéaste. Un film où il va falloir se méfier de tout ce qui nous est montré pour mieux nous emmener dans le décor et battre sans cesse en brèche nos certitudes. Pourquoi pas. Mais quand Hitchcock et son padawan de De Palma nous entrainaient à ce petit jeu-là, il n’oubliait jamais une chose forcément essentielle. Incarner l’histoire. Autrement dit lui donner chair. Ce qui avait le double avantage de décupler nos attendus tout en nous introduisant de force dans le cortex cérébral du personnage central pour ressortir de l’aventure aussi lessivé que lui. C’est malheureusement ce qui manque à Visions. C’était déjà ce qui manquait dans Un homme idéal que Yann Gozlan avait en parti corrigé dans Boîte noire. Deux traitements opposés avec le même comédien (Pierre Niney) qui produisent pourtant le même ADN de personnage clinique exclusivement motivé par une obsession qu’une légère fêlure va in fine totalement dérégler.
    Le Niney d’Un homme idéal veut en finir à tout prix avec son pedigree d’auteur raté et pour ça s’invente un livre qui n’est pas le sien, celui de Boîte noire est obsédé par la vérité, quitte à l’inventer. Quant à Diane Kruger, sous sa routine de pilote de ligne maîtrisant chaque minute de sa vie, se cache une réalité que les retrouvailles avec un amour de jeunesse vont faire voler en éclat. Pourquoi pas. Mais de ce pitch (un peu mince il faut bien en convenir) on aurait donc aimé une caractérisation moins lisse, plus retorse histoire d’emmener son personnage (et nous avec) en des contrées moins balisées. Car ce ne sont pas les circonvolutions formelles faites de belles recherches à l’image et sur le son qui vont gommer cette sensation de vide au demeurant certainement assumée. Le spectateur n’ayant finalement comme point de vue que celui de Diane Kruger, sorte d’image glacée de la femme moderne parfaite que ses fêlures de plus en plus envahissantes ne vont jamais humaniser. Au contraire.
    On sort ainsi de Visions avec l’impression d’avoir assisté à un film démiurge où rien n’est laissé au hasard à l’image justement de son héroïne (au début). Une maîtrise où n’affleure presque jamais l’envie de se raccrocher à quelque chose d’organique laissant définitivement son film hors-sol et immaculé. Même si chez De Palma on pouvait (déjà) lui reprocher cette signature faite d’altérité que l’on finissait par décrypter systématiquement, il emmenait au moins avec lui des personnages forts et inoubliables (Travolta dans Blow Out pour ne citer que le plus évident) propres à faire sortir le film de ses gongs. Et nous avec. 2,5/5
  • Box office : 82 431 entrées en 5 jours sur 540 copies. Sur la même période et sur 508 copies, Boîte noire enregistrait 237 425 entrées. Edit 14/09 : 100 349 entrées après une semaine d’exploitation. On ne parlera pas encore d’un gros flop mais d’une énorme déconvenue.
  • La chronique Blu-ray : Visions est annoncé en Blu-ray chez M6 Vidéo pour le 24 janvier 2024.

Visions - Affiche

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