Archives de catégorie : Critiques Ciné

Le Sommet des Dieux – Première de cordée

De G.W. Pabst à W. Herzog, la montagne et son imaginaire hantent les paysages cinématographiques. Pour certains auteurs, elle serait même un genre en soi : le film de montage avec son histoire, ses codes, son inexplicable envoutement. Dans Sils Maria, Olivier Assayas évoquait aussi, dans un registre alpin, ces blocs de pierres pratiquement immuables comme l’une des forces mystérieuses du cinéma. Parmi les sommets les plus représentées ceux de l’Himalaya, les plus élevés, occupent une bonne place, sinon la première comme en témoignait voilà peu un film comme Everest de Baltasar Kormakur, cinéaste de la nature sauvage et indomptable.

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Stillwater – Tom McCarthy de Marseille

Depuis quasi 20 ans maintenant, Tom McCarthy traîne ses guêtres de scénariste / réalisateur au sein d’un cinéma auquel il veut donner du sens. Celui d’existences à la marge mais dotées d’une humanité débordante. Soit le propos et les personnages de tous ses premiers films. Jusqu’à se sentir suffisamment mature pour passer le rubicond de la simple mais enrichissante observation de l’âme humaine pour en dénoncer certains travers. Ce qui a donné Spotlight en 2015, film qui mettait en scène une longue enquête publiée dans le Boston Globe révélant un réseau pédophile au sein de l’Église catholique de Boston étouffé jusque dans les arcanes du Vatican. Depuis, il s’est investi en tant que producteur et réalisateur (de deux épisodes de la 1ère saison) sur la série 13 Reasons Why devenue emblématique pour toute une génération ou encore sur The Loudest Voice, une mini-série en 7 parties sur le fondateur de Fox News tombé en disgrâce pour agressions sexuelles.

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Dune (2020) – En manque d’épice !

Ce qui frappe d’entrée avec cette nouvelle incursion de la part de Villeneuve dans la psyché de son adolescence de cinéma, c’est cette volonté quasi obsessionnelle à vouloir coller le plus possible au récit foisonnant et limite indigeste imaginé par Franck Herbert. Un roman de SF au pedigree si méta qu’il reste d’ailleurs le moteur et le socle de moult déclinaisons littéraires et cinématographiques depuis sa première parution en 1965 à commencer par un certain Star Wars qui s’en est inspiré si outrageusement que Franck Herbert a voulu attaquer pour plagiat Georges Lucas sans jamais toutefois passer à l’acte. Voici donc son Dune qui en s’appuyant sur une narration ultra dense semble vouloir prendre à contre-pied l’impression « splendide coquille vide » laissée par Blade Runner 2049. D’autant que la mise en scène n’a rien perdu de sa furia grandiose en cours de route. Mais alors pourquoi a-t-on l’impression que le cinéma de Denis Villeneuve n’évolue plus depuis 2013 et Prisoners ? Pis, qu’il semble même s’enfoncer dans quelque chose de totalement régressif, atone et in fine chiant à en mourir.

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Boîte noire – Conversation secrète

Le thriller d’enquête à tendance paranoïaque est un « sous-genre » peu répandu de par chez nous. Peut-être parce que nos auteurs / réalisateurs / producteurs… considèrent qu’il s’agit là d’un terrain de jeu bien trop anglo-saxon pour aller s’y frotter. Et que par ailleurs les retours sur investissement y sont encore bien plus aléatoires. Voilà aussi un pedigree de films à la nomenclature ultra exigeante et ce à chaque étape de sa fabrication. À commencer par celle de l’écriture qui nécessite une rigueur sans faille pour que à l’écran les choses puissent s’imbriquer aussi naturellement que possible. Ce dont Boîte noire, sous la « plume » de Yann Gozlan et ses deux coscénaristes (ainsi que Jérémie Guez rangé dans une catégorie un peu plus fourre-tout de « collaboration au scénario ») proposent à l’envi.

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Bac Nord – French ripoux

Y a des films comme ça qui s’inscrivent immédiatement dans la durée. Pas uniquement parce que Bac Nord prend pour toile de fond une histoire vraie qui s’est déroulée à l’orée des années 2010 à la conclusion judiciaire toujours en suspens à l’heure où nous bafouillons ces lignes, mais surtout parce que d’une actualité traitée pendant quelques jours dans les médias et oubliée du plus grand nombre depuis, la voici précipitée dans un genre de cinéma propre à lui insuffler une patine atemporelle instantanée. Au-delà, il y a aussi la patte d’un réal que l’on n’attendait pas/plus à ces hauteurs de maîtrise formelle et thématique portée de surcroît par un scénario, qu’il a par ailleurs coécrit, particulièrement couillu et d’une incontestable efficacité.

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